L’HEURE APPROCHE
(Jean 12/20-33)

Jésus vient de nous parler de ce qui va se passer. Il le fait en terme de glorification, un mot qui n’a pas tout à fait le même sens dans l’Écriture que dans notre langage habituel, où il évoque surtout la renommée. Dans la Bible il est associé à l’idée de poids, de ce qui a valeur en lui-même, et non seulement dans les apparences. Quand on parle de la gloire de Dieu, il s’agit de Dieu lui-même, en tant qu’il se manifeste. La révélation essentielle de l’évangile est que cette gloire est tout entière présente en Jésus. La gloire de Dieu est « sur sa face » dira saint Paul. Lui rendre gloire, c’est croire en lui, lui faire une confiance absolue.

Dieu va glorifier son Fils, qui jusqu’alors a été ignoré, contesté, pris pour un autre. La question de son identité parcourt tout l’évangile de Jean. Maintenant, il va être révélé, proclamé. Élevé de terre il attirera à lui tous les hommes. Tous les hommes, y compris ces étrangers qui sont justement là, comme les Mages, désireux de le voir. Ce qu’ils savent de lui tient à ce qu’ils ont entendu, un homme qui parle vrai, proche de tous, capable de guérir. Mais ils veulent se rendre compte par eux-mêmes. Ils sentent sans doute qu’en Jésus quelque chose leur échappe. Ce qui leur échappe est encore à venir et pourtant bel et bien là, en face d’eux. « L’heure est venue ». Le terme maintenant revient trois fois.

Ces grecs sont venus pour la Pâque. Voici la Pâque par rapport à laquelle toutes les Pâques antérieures, depuis Moïse ne seront plus que des figures.

C’est alors que Jésus se trouve au milieu de la foule bruyante que l’on entend quelque chose : message du ciel ou bruit inexpliqué ? On a dit à juste titre que c’est « la présence fugitive du monde réel sur la scène illusoire où s’agitent les hommes » La foule n’a guère compris, partagée entre le tonnerre et la voix d’un ange. Cela ne l’empêchera pas d’abandonner Jésus. Mais lui voit plus loin. Il sait qu’il ne peut plus sauver sa nation d’un échec historique, mais que sa mort va changer le cours de l’histoire.

Depuis le commencement de notre histoire, le maître du monde, l’esprit du mal, à voilé en nous la capacité de reconnaître Dieu. Le seul chemin de salut est de revenir au Père, par le chemin ouvert par le Fils.

 Nous oublions aisément que le but de notre vie est de glorifier Dieu, non pas d’abord de construire des temples en chantant « Gloire à Dieu ! », mais en acceptant de devenir nous-mêmes des offrandes agréables à Dieu. Saint Irénée l’a dit dans une formule célèbre : « La gloire de Dieu, c’est l’homme en pleine vie, mais pour l’homme, vivre, c’est voir Dieu »

Glorifier Dieu, c’est donc accepter que Dieu nous donne la vie,
qu’il nous fasse semblables à lui.

Ceci suppose de notre part un vrai sacrifice, puisque nous avons comme Jésus à passer par la mort pour entrer dans la vie. Le chemin de l’obéissance  nous dépouille de notre égoïsme et nous conduit à une autre manière d’être. Dieu est glorifié quand  ses enfants parviennent à la gloire, c’est à dire à leur propre refonte par le feu et l’Esprit Saint.

18.3.18

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre