Homélie
Prière universelle
AIMER DIEU
(Matthieu 10/37-42)

Il y a quelques jours, alors que nous lisions ensemble ce texte, avec un petit groupe, notre première réaction fut d’étonnement devant la dureté de ce début d’évangile, il faut bien l’avouer : une exigence radicale qui semble bien inhumaine.

Bien sûr, il ne s’agit pas de rejeter nos parents, nos enfants, d’éteindre en nous ce qu’il y a de plus naturel, aimer ceux qui nous ont donné la vie. C’est confirmé par saint Jean quand il déclare :

« Si quelqu’un dit : « j’aime Dieu » alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur »
(1 Jn 4/19)

Mais ici Jésus me demande d’aller plus loin. Il est normal d’aimer ses proches. Mais il est une autre façon d’aimer, fondée non sur le sentiment, sur celui qui l’inspire, mais liée à celui qui aime, plus fiable, plus solide, celle dont saint Paul nous dit :

« Quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien. L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas ,il n’entretient pas de rancune…il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout, l’amour ne disparait jamais »
(1Cor 13).

Les grecs ont deux verbes différents pour exprimer cela. Je suis appelé à aimer mes proches, mais à aimer le Christ plus encore, à mettre mes pas dans les siens, à donner ma vie à cause de lui.

Il serait bon ici de s’arrêter pour savoir qui peut nous demander cela, tout donner ? Le meilleur de nous-même, mais aussi mes faiblesses « Me voici Seigneur pour faire ta volonté » Ps39/9. Qui donc est Jésus pour nous aimer ainsi ? Que puis-je donner sinon ce que j’ai reçu ? Avec générosité...

Mais l’appel de ce jour va encore plus loin : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ». Porter non seulement ce qui écrase, meurtrit, ce qui est la présent chaque jour, à chaque instant peut-être, ce qui est aussi le signe de l’oppression d’un pouvoir injuste et que l’on ne peut accepter de porter qu’au nom d’un amour indicible. « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne »… « qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera » Perdre ma vie pour le Christ et la trouver vraiment, pour la recevoir de lui. Car c’est en lui seulement que je peux trouver la vie véritable, car c’est là le chemin pour aimer. Il l’a dit : « je suis le chemin, la vérité, la vie » (Jn 14/6). Nous avons entendu saint Paul tout à l’heure : « Si donc par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (Rom 6/4)

Il s’agit vraiment de vie nouvelle, qui nous appelle au meilleur de nous-mêmes, à de grandes choses dignes du don de Dieu. Elles se présentent souvent sous la forme des réalités les plus simples, l’accueil d’un frère dans le besoin. « Qui vous accueille m’accueille » Accueillir en tant que disciple, c’est plus qu’un geste d’hospitalité !

Prière universelle 

Aimer d'un cœur sans partage, Accueillir, Donner !
Jésus est venu nous apprendre le chemin du Royaume.
En Lui, prions Dieu son Père et notre Père en toute confiance !

Aimer d'un cœur sans partage, !
Bénissons Dieu notre Père pour cet élan déposé au cœur de nos cœurs,
et confions Lui notre pape François,
tous nos frères chrétiens de par le monde
qui cherchent et appellent à s'ajuster à l'exigence de l’Évangile.

R/I 27a « Sois béni ô notre Père, prends pitié de nous ! »

Accueillir l'autre comme un cadeau !
Bénissons Dieu notre Père pour la fraternité qu'il rêve pour nous,
et confions Lui ceux qui cherchent
une terre d'asile,un logement décent, un emploi, une reconnaissance
et ceux qui élargissent l'espace de leur tentes pour faire advenir son rêve aujourd'hui.

Donner un simple verre d'eau !
Bénissons Dieu notre Père pour la joie du don
qu'il ne cesse de renouveler dans chaque geste gratuit
et confions lui ceux qui souffrent
dans les hôpitaux, les terres de de violence
et ceux qui se font tout simplement proche pour désaltérer le cœur.

Aimer comme nous sommes aimés !
Bénissons Dieu notre Père pour son amour qui nous précède en tout,
et confions Lui chacun de nous
dans notre désir de transmettre la joie de l’Évangile dans une charité active et inventive.

Béni sois-tu Dieu notre père
toi qui accueilles notre prière.

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre