Homélie du P. Michel
Il était riche de pas mal de choses, pas seulement matérielles, mais il sentait quand même un vide en lui, un manque, puisqu’il vient trouver Jésus.
Restons un moment sur ce verbe « manquer ». On s’est beaucoup servi de cet évangile pour distinguer entre des commandements nécessaires (tu ne tueras…) et des « conseils » facultatifs (vends ce que tu as). Dans cette perspective, ce qui manque est un supplément gratuit, une sorte d’option dont on peut se passer. Ce n’est pas ce que dit notre texte. Les derniers 1000 euros qui vous manquent pour acheter cette voiture, vous empêchent tout simplement de l’acheter. On pourrait multiplier les exemples : tu veux épouser une telle mais tu n’as pas son consentement. Tout projet peut être réduit à néant quand « une seule chose manque », si cette chose est essentielle, autrement dit : l’observation des commandements ne peut suffire à procurer la vie éternelle. Paul ne parle pas autrement : on ne peut pas être sauvé par les œuvres de la loi.
Il reste que cet homme doit choisir entre conserver sa richesse et son statut social et tout quitter pour suivre Jésus.
Homélie du P. Michel
Les traditions qui ont donné naissance à la Bible se sont formées dans des civilisations dominées par l’homme. Or nous voyons nos écrits bibliques dépasser peu à peu ce point de départ.
Notre première lecture est le plus ancien des récits de création. Il fait surgir l’homme en premier. Celui-ci reçoit le don d’un univers végétal et animal dont il prend possession en le nommant. Mais cela ne suffit pas à l’arracher à sa solitude Il a besoin d’un être semblable à lui. Faire sortir la femme du côté de l’homme endormi (tout près de son cœur, selon St Augustin) signifie qu’aucun des deux n’est complet sans l’autre et que l’être humain achevé nait de l’union des deux.. « Chair de ma chair et os de mes os » s’écrie Adam. Chacun est pour l’autre ou plutôt peut l’être car il y faut tout l’apport de notre liberté au fil d’une histoire.
Homélie du P. Michel
Nos trois lectures s’accordent. La seconde décrit avec vigueur les conséquences désastreuses de la volonté de domination : un univers sans paix et sans justice, régi par l’idolâtrie du pouvoir, génératrice de violence. Une violence qui s’exerce avec un acharnement particulier contre les messagers de paix. Ne prétendent-ils pas que la vérité de l’homme réside dans la décision de servir ? La première lecture décrit de façon saisissante l’hostilité des partisans de la puissance envers celui qui proclame la justice, la douceur, la patience. Fidèle à son message il ne peut pas répondre par la violence aux coups qu’on lui porte. Tout cela est si proche des récits de la Passion. Pas de doute, nous sommes ici devant le drame central de l’humanité. Nous le retrouvons dans tous les conflits qui déchirent notre monde.
Si nous relisons l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons que les disciples sont pris dans le mensonge du culte de la grandeur. C’est un tableau saisissant. Nous voyons sur le vif comment Jésus ne se contente pas dans son enseignement de commenter un texte. Il part de la vie, de ce qui se passe sous nos yeux. Il marche vers Jérusalem, vers la ville qui « tue les prophètes ». Il sait ce qui va arriver.