Quand l’évangile dit que Jésus parle en parabole, cela ne veut pas dire qu’il raconte une histoire, mais qu’il adopte une façon de parler particulière, par comparaisons, par images, tout comme à la radio où la retransmission d’un match de football ne se fait pas comme celle d’un concert de musique classique. Il y a dans la bible tout un livre de ces comparaisons, qui porte le nom de Proverbes (mashall en hébreu), une sorte de réserve pour ceux qui manquent d’inspiration. Mais chacune de ces comparaisons doit être interprétée. Les images frappent plus que les idées, mais elles ont pour but de faire réfléchir. Pas facile quand il s’agit du Royaume de Dieu, des réalités spirituelles. Comment parler à un aveugle de la beauté des fleurs ? On ne peut que multiplier les comparaisons avec ce qu’il connait déjà, faire appel aux autres sens. C’est pourquoi Jésus nous parle si souvent des réalités les plus quotidiennes de notre vie.
Aujourd’hui, il a pris cette comparaison du semeur, pour toute une foule rassemblée autour de lui, à l’étonnement des disciples qui s’attendaient à un langage plus direct, moins populaire.
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange, car ce que tu as caché aux sages et aux puissants, tu l’as révélé aux tout-petits »
D’emblée nous voici devant un choix de Dieu qui suscite l’admiration du Fils, et nous plonge dans ce grand mystère de la révélation. Nous en connaissons, par l’Écriture, les grandes étapes, mais nous savons qu’elle ne s’accomplit qu’en Jésus Christ. En lui seul nous avons la connaissance du Père parce qu’il a tout reçu du Père. Lui seul est à même de nous le faire connaitre. Habitués que nous sommes à dire le « Notre Père » nous ne nous demandons plus guère comment nous pouvons donner ce titre à Dieu. Cette connaissance de Dieu comme Père n’est pourtant pas innée. Elle n’est pas non plus conquise, elle est reçue.
Il y a quelques jours, alors que nous lisions ensemble ce texte, avec un petit groupe, notre première réaction fut d’étonnement devant la dureté de ce début d’évangile, il faut bien l’avouer : une exigence radicale qui semble bien inhumaine.
Bien sûr, il ne s’agit pas de rejeter nos parents, nos enfants, d’éteindre en nous ce qu’il y a de plus naturel, aimer ceux qui nous ont donné la vie. C’est confirmé par saint Jean quand il déclare :
« Si quelqu’un dit : « j’aime Dieu » alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur »
(1 Jn 4/19)
Mais ici Jésus me demande d’aller plus loin. Il est normal d’aimer ses proches. Mais il est une autre façon d’aimer, fondée non sur le sentiment, sur celui qui l’inspire, mais liée à celui qui aime, plus fiable, plus solide, celle dont saint Paul nous dit :