DONNEZ-LEUR VOUS MÊMES A MANGER
Combien les apôtres ont-ils voulu écarter ceux qui se pressaient autour de Jésus ! Parmi eux se trouvaient inévitablement la foule des pauvres, des malades, des indigents, de ceux qui souffraient d’une infirmité physique, Zachée, les aveugles, Marie Madeleine. Et la réaction des disciples était toujours la même : gestes et paroles pour mettre à distance. Cette opposition, nous la retrouvons toujours. Combien de gens se disent attirés par la personne de Jésus et rebutés par nous chrétiens et gens d’Église.Il nous faut alors écouter la parole de Jésus :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ! »
Il y a dans toutes les religions, y compris le christianisme un comportement erroné qui, en comptant sur Dieu, oublie que nous avons toujours une possibilité d’agir. Il en est à la source. Nous devons nous en convaincre. Les exemples ne manquent pas. J’entends encore les dernières paroles de notre ancien évêque souffrant depuis des mois de la maladie de Charcot disant comment il priait, en les nommant, pour ses anciens diocésains de Seine et Marne. Ce n’était pas chez lui une figure de style !
En quelques phrases imagées très simples, Jésus nous confie son secret, la cause à laquelle il consacre son temps, ses forces. C’est ce qu’il nomme le « royaume de Dieu », le noyau fondamental de sa prédication, la passion qui anime toute son action. C’est la clef qu’il donne pour découvrir le sens de son activité.
Il n’enseigne pas en Galilée une doctrine que ses auditeurs devraient apprendre, mais il annonce un événement que les gens puissent attendre et accueillir avec joie dans la foi. Il n’apparait pas comme un maître qui mettrait seulement au point les traditions religieuses d’Israël. Il y a en lui un prophète passionné par une vie plus digne, moins étriquée, non pas quelqu’un qui se limiterait à faire de la morale, mais
un éveilleur d’espérance.
Jésus parle constamment du Royaume de Dieu sans dire précisément en quoi il consiste. Et cependant les gens comprennent car cela correspond à leurs attentes. Il s’agit vraiment d’une bonne nouvelle.
Il est souvent question de moisson dans ce que nous venons d’entendre. Quand il en parlait, fidèle à sa terre natale, Jésus savait à quoi s’en tenir. En allant à Coulommiers mercredi, j’ai été surpris de voir qu’aucun champ n’était encore coupé. L’un de vous m’a heureusement renseigné il s’agit de terres humides, tardives, mais il n’en va pas de même au nord d’ici. Je ne voulais pas commettre d’erreur en commentant la Parole de Jésus.
Nous sommes en présence de trois paraboles concernant le règne de Dieu, mais trois paraboles avec des accents bien différents.
Dans la première, l’accent est mis sur le fait que la présence du mal dans le monde, représenté par le chiendent, ne doit pas nous empêcher de croire que Dieu agit, car l’élimination complète du mal ne se fera qu’à la fin des temps. Pour les disciples c’est la plus difficile à comprendre…
Dans la seconde, l’accent est sur le fait qu’il n’y a aucune commune mesure entre les actions de vie que nous posons maintenant et le résultat final que nous ne mesurons pas, comme ce fut le cas pour Jésus. Il a voulu rassembler le peuple juif dans l’unité, mais c’est l’univers entier qu’il a rejoint, comme le signifient les oiseaux qui se nichent dans les branches des arbres
Dans la troisième, l’accent est sur le fait que des forces de vie, infimes d’apparence et cachées, réussissent à tout transformer.