Info :
Le 13 octobre, à l'abbaye,
nous célébrons la Dédicace de notre église,
c'est-à-dire le jour anniversaire où celle-ci fut consacrée... il y a 156 ans
Pour cette raison, la liturgie de ce dimanche est différente de celle célébrée partout ailleurs !
L'homélie du jour a été prêchée par le P. Christian Mellon, sj.
Toutefois, le P. Michel propose une homélie correspondant aux lectures du 28è dimanche TO.
Vous la trouverez ci-dessous, après la prière universelle.
Bon dimanche à chacun(e) !
Quelle étrange idée que de célébrer l’ouverture d’un bâtiment !
Pas si étrange, en fait ; rappelons une réalité banale, qui n’a rien de spécifiquement chrétien : dans la plupart des civilisations, il y a des rites qui entourent une construction nouvelle. Pose de la première pierre, inauguration (on coupe un ruban symbolique avant d’entrer…). En Inde, j’ai vu plusieurs fois les maçons accomplir un rite religieux au moment de la pose du toit… Cela traduit un sentiment fort : une construction dans laquelle des êtres humains vont vivre (naitre, aimer, prier, mourir…) mérite d’être reliée au sacré, au divin…
En ce domaine, comme en bien d’autres (date de Noël au solstice d’hiver, fête de Jean Baptiste au solstice d’été), l’Église christianise des rites culturels ou religieux préexistants. C’est là une intuition à respecter.
Mais pour éclairer le sens d’une construction comme cette église abbatiale, spécifiquement construite pour la prière et pour l’assemblée eucharistique, il nous faut regarder les 3 textes que nous venons d’entendre.
Ce sont les apôtres qui interviennent en faveur d’un supplément de foi. Les chapitres précédents traitaient des problèmes qui survenaient au sein de la communauté des disciples, les rivalités, le besoin d’être reconnu, les scandales, le besoin de patience de pardon. Tout ce groupe ne formait pas une communauté angélique !
Les apôtres dont nous parle S.Luc représentent les responsables des communautés chrétiennes. Ils sont particulièrement concernés par ce besoin de vigilance, de confiance : Ajoute-nous de la foi !
La foi ? Il n’est pas nécessaire d’en ajouter. Il suffirait d’une dose minuscule comme un grain de sénevé pour oser dire à un sycomore : « sois déraciné et va te planter dans la mer, et il obéirait ». L’image n’est pas à prendre au pied de la lettre bien sûr !
Elle veut dire que ce qui semble complètement impossible à nos yeux,
Dieu peut le réaliser en eux.
Telle est la foi de l’apôtre.
Elle ouvre à l’action toute puissante de Dieu, maître de l’impossible.
Dans le monde entier un abîme sépare les riches de ceux qui sont plongés dans la misère. Une loi fatale de l’argent fait que les riches vivent à part : logement, loisirs, soins médicaux, mais ces murs que le riche construit deviendront à sa mort un abîme infranchissable.
Jésus nomme le pauvre Lazare, mais non pas le riche, ce qui va à l’encontre de nos usages habituels. Dans notre monde ceux qui ont réussi donnent leur nom à nos rues, nos monuments, nos institutions. Les autres sont la main d’œuvre, les salariés. Mais à sa mort, de nombreux amis sont autour de Lazare : les anges, Abraham, père des croyants, alors que le riche se trouve seul, sans personne pour le défendre, nous faisant comprendre que l'isolement fait partie de l’enfer.
« Ne méprisez aucun de ces petits car leurs anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux »
Mt 18/10
Jésus parle du riche en premier. N’est-ce pas sur lui que porte la parabole ? avec Abraham il est le seul à prendre la parole. S’agit-il de le critiquer ? Plutôt de venir en aide à tous ceux qu’il représente, tous ceux qui oublient de prendre les Lazare en pitié. Ils doivent changer d’attitude s’ils veulent échapper un jour à l'isolement.