La lectio divina en quelques mots
La lectio divina traduit le désir de lire, étudier, interroger, écouter, prier les Écritures bibliques, pour y découvrir le ‘visage’ de Dieu.
Il s’agit de prendre le temps d’une rencontre avec la parole de Dieu pour, peu à peu, Le connaître de mieux en mieux.
Passer du temps, comme on passe du temps avec un ami, et faire grandir la relation.
« Celui qui garde Sa parole, en lui vraiment l'amour de Dieu est accompli ».1ère lettre de St Jean
A travers l’engagement dans la vie monastique, nous avons choisi de donner une grande place à cette manière de vivre de Dieu.
Le matin et le soir, un temps y est consacré en plus de la liturgie ; et c’est particulièrement à la lumière de la Bible que nous choisissons de découvrir le cœur de Dieu et de le laisser travailler le nôtre pour nous apprendre à aimer dans le quotidien de chaque journée.
« Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique,
peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé : c'est qu'elle avait été fondée sur le roc. »Évangile selon St Matthieu, chapitre 7
Mais ce n’est pas un privilège des moines. Lire un passage d’Évangile, prendre un moment (même 5 minutes) pour tendre l’oreille ou se laisser surprendre, raviver le désir de Dieu, la confiance en la vie… Tisser Bible et quotidien est un don de Dieu offert à tous.
Témoignage d'une octogénaire : Labeur...Bonheur !
« Chaque jour, Rebecca venait au puits des Écritures. Chaque jour, elle puisait de l ‘eau » Origène, sur Genèse 24
J’ai eu la chance (ou plutôt la grâce gratuite) d’être fascinée par ce Puits, depuis les années 50. Il est inépuisable, ce Puits ! Cependant, les chemins qui y mènent sont différents pour chacun. Aussi n’ai-je pas d’autre intention ici que de partager mon expérience de labeur et de bonheur.
Sur la route, il y eut de nombreux carrefours. L’Évangile et St Paul m’attiraient depuis l’adolescence, mais je me sentais impuissante à creuser la Source. Il a fallu une longue épreuve de santé, à 20 ans, pour me plonger dans l’Ancien Testament. C’était à la fois aride et fascinant.
« Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un Puits quelque part. » Saint-Exupéry
Bien caché, ce Puits ! Mais si attirant ! Avant le renouveau biblique du Concile, il fallait peiner pour trouver des ‘guides de lecture’ pas trop savants. Même s’il y a toujours des pionniers.
Après mon entrée au monastère, en 1954, je restais encore sur ma soif. Mais en 1967, j’ai été envoyée pour un an d’études à l’abbaye de Maredsous. J’y ai rencontré des moines pétris de la Bible. Entre autres, un professeur d’hébreu aussi original que prophétique, qui nous faisait plonger en plein texte hébreu, à peine munis de l’alphabet ! Il arrivait que l’un ou l’autre tienne sa Bible hébraïque à l’envers, mais la méthode était efficace et passionnante. Ensuite, j’ai longuement ânonné sur l’hébreu, manquant de temps.
Un événement-clé fut, au monastère, des sessions sur St Paul et St Jean, qu’on ‘labourait’ mot à mot. J’y ai acquis la passion des mots bibliques, ruisselants de sève. Ce fut encore labeur et bonheur d’avoir à « transmettre » ce que j’avais reçu, en « Tradition » vivante de la Parole de Dieu, chère aux moines de tous les temps.
Cependant, tout n’est pas idyllique au monastère, et il faudrait ajouter un troisième terme, pour les temps d’épreuve : Labeur – Douleur – Bonheur. Sans la Parole de Dieu, qui est Source, Rocher, Prairie Verte (Ps 22), j’aurais sûrement ‘calé’ plus d’une fois sur le chemin. Je rends grâce…
Une autre image encore. J’aime le mot de St Marc sur le grain « qui pousse tout seul » (Marc 4,26) ; mais il faut dire aussi ce paradoxe de la vie spirituelle : Dieu n’agit pas sans nous. « Cultivons notre jardin. » Avant tout, il nous est bon de faire confiance à l’Esprit Saint qui ouvre le chemin des Écritures aux Pèlerins que nous sommes :
« Notre cœur n’était-il pas tout brûlant, quand Il nous ouvrait les Écritures ? »Luc 24,32
En conclusion, je dirai : « Consentir à son propre chemin » et aussi « Consentir à toujours commencer. »