Le monastère
Vous faire découvrir le monastère, c’est vous partager un peu de ce que sont nos lieux de vie au quotidien. Ces lieux qui, en temps ordinaires, sont strictement réservés à la communauté.
Pourquoi ? Non par désir de cacher, mais tout simplement parce que être ouvert à tout vent, c’est aussi ne plus rien avoir en soi. Tout comme un couple, tout comme une famille, s’ils veulent durer, se doivent de prendre des temps pour eux, d’habiter des lieux chargés de leur vécu, d’avoir une vie ‘privée’. Ainsi en va-t-il de la communauté.
Intériorité qui permet de n’être pas qu’une façade ou qu’une cruche percée… Intériorité qui permet de vivre en vérité ce « Séparé de tous, le moine est uni à tous ».
Le cœur du monastère c’est l’église. Un article étant déjà consacré à sa visite, nous n’y reviendrons pas ici. En revanche, sur la photo vue du ciel, vous apercevez peut-être un autre élément important : le cloître. Commençons par ici :
Le cloître
Refait dans les années 90, notre cloître est composé de grandes vitres, lumineux au moindre rayon de soleil.
Il forme un carré d’environ 30m par côté et très stratégique pour la circulation et le lien entre les lieux dits "conventuels", c'est-à-dire les lieux de vie de toute communauté monastique. Cette galerie de circulation autour d'un petit jardin est un lieu de silence et de paix invitant au recueillement intérieur.
Lors des grandes célébrations liturgiques (Noël, Pâques), les processions qu’on y fait vous donneront peut-être l’occasion de le découvrir et de vous émerveiller avec nous du reflet des cierges sur les vitres. Suivons cette ‘logique’ de St Benoît, et faisons notre visite autour du cloître.
Le chapitre
Lieu un peu ‘officiel’ de construction de la communauté, c’est au chapitre que chacune de nous a vécu les demandes des grandes premières étapes de sa vie monastique : entrée au noviciat, engagement par la profession triennale puis à la profession solennelle. Et c’est rassemblées au chapitre que nous prenons les principales décisions communautaires.
C’est aussi dans ce lieu que nous vivons entre nous la miséricorde très concrète du quotidien et que Mère Abbesse commente régulièrement les « chapitres » de la Règle pour les actualiser et donner une dynamique commune à notre vie ensemble.
La porte conventuelle et la porterie
La porte. Celle principale, celle par laquelle nous sommes entrées au premier jour de notre postulat, marquant ainsi notre désir de franchir un cap de notre suite du Christ.
C’est celle aussi par laquelle entrent et sortent les personnes qui viennent travailler ou rendre service à la communauté. A l’entrée, se trouve la porterie où la sœur ‘portière’ accueille tous ceux qui sonnent !
La salle commune
Pour les temps de rencontres fraternelles du soir, c’est en salle de communauté que nous nous retrouvons ; sauf en été où nous ‘migrons’ dans le jardin ! C’est vraiment un lieu privilégié du tissu communautaire et de notre ouverture les unes aux autres.
Le climat de silence est celui que nous privilégions au cours de la journée… et le climat de parole, d’échanges est celui que nous privilégions en salle de communauté le soir !! Le silence du jour aide à trouver la parole et l’attention justes le soir venu ; et la parole aide à vivre sans mutisme et repli le silence du jour. L’un et l’autre se nourrissent.
La salle de communauté nous héberge aussi pour dire l’office de None, après le déjeuner. Cela donne un caractère plus familial à cet office.
Le réfectoire et la cuisine
Dans la Règle, St Benoît met en lien très fort l’église et le réfectoire. Tout comme, d’ailleurs, les repas prennent une place presque centrale dans la vie de Jésus.
« Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole qui sort de ma bouche »
Les repas sont pris à l’écoute d’une même lecture d’un livre ou de la presse, et dans le service réciproque : vaisselle, service de table, lectrice,…
Les ‘dortoirs’
Ce que l’on nomme dortoir n’est pas un dortoir, dans le sens où ce serait une pièce commune partagée. Chacune a sa cellule avec le nécessaire. C’est le lieu personnel de chacune, où elle refait ses forces, où elle rencontre Dieu dans la méditation de Sa Parole.
St Benoît est plein de délicatesse fraternelle quand il envisage «la manière dont dormiront les moines» :
Les moines sont toujours prêts, et quand on donne le signal, ils se lèvent sans retard. Et chacun se dépêche pour arriver le premier au Service de Dieu, mais tout de même avec sérieux et avec calme. Quand les moines se lèvent pour le Service de Dieu, ils s'encouragent doucement les uns les autres.
(Règle de St Benoit, chapitre 22)
« Siloé » ou l’infirmerie
C’est le lieu spécifique de nos ‘aînées’, là où chacune peut vivre sa vie monastique jusqu’au bout en y intégrant les soins et les besoins que le grand âge suscite.
En proximité de toute la vie de la communauté, les sœurs de l’infirmerie peuvent ainsi garder toute leur place dans le quotidien, et notamment par leur participation à l’office et aux repas au réfectoire.
Elles y vivent aussi des activités qui leur sont propres : du partage d’Évangile au jardinage en passant par de la pâtisserie !
En réalité la maison – avec toute son histoire – s’étend plus largement que le tour du cloître.
Un peu plus loin, se trouvent aussi des éléments essentiels :
La bibliothèque
Dans les premiers jours du nouveau millénaire elle s'est installée au rez de chaussée de la grande aile du 18e siècle. Ce qui fut le réfectoire depuis la Révolution est devenu la grande salle de la bibliothèque équipée de rayonnages mobiles, ce qui donne une grande capacité de rangement, de tables de travail et de rayonnages fixes entre les fenêtres où les "usuels" sont mis à la disposition des lectrices. La hauteur de plafond de 6 mètres a permis de d'y adjoindre une mezzanine où son rangées les collections de revues. Une bibliothèque de livres d'art est dans un autre local.
Pourquoi une bibliothèque relativement importante (30000 volumes) dans un monastère de bénédictines ?
Saint Benoît nous donne la réponse. Sa Règle est scandée par les termes livre (codex), lire (legere) et lecture (lectio). Il s'agit non seulement du psautier et des livres liturgiques, mais de la Bible pour la lectio divina quotidienne et des divers commentaires. Il y a aussi les ouvrages destinés au "livre de carême", que chaque moniale reçoit le mercredi des cendres, et tous ceux nécessaires à la formation permanente. Puisqu'avec la clôture il n'est pas possible de fréquenter régulièrement les bibliothèques publiques ou universitaires, il doit y avoir sur place un minimum de "livres de base" et d'instruments de travail. C'est essentiellement une bibliothèque de sciences religieuses et de philosophie avec des petits fonds de littérature et d'histoire. Depuis vingt ans, la bibliothèque est informatisée ce qui facilite les recherches.
Les ateliers et les divers lieux d’emplois
Les ateliers de céramique, les fabrications de confiture, de bougies décorées ont aussi leurs lieux propres. De même que chacun des services de communauté : roberie, lingerie, lessive, reliure, comptabilité, archives… Sans oublier le stockage de meubles aussi divers que variés ! Chaque période de travaux redistribuant la donne et donnant lieu à des déménagements…
Le noviciat
Le noviciat désigne (entre autres !) le lieu de formation des plus jeunes sœurs. Pour permettre à chacune de faire son chemin de discernement dans la plus grande liberté, le noviciat a un rythme un peu propre et une zone de la maison vraiment réservée aux novices. Salle de cours, bureau de la maîtresse des novices, pièce de rencontres du soir, … Pour en savoir plus sur la formation, cliquer ici.
Les jardins
Une vie en un lieu donné nécessite de prendre l’air, de se ressourcer dans la contemplation de la nature, de se dépenser au potager, de s’émerveiller devant les poules et les chèvres,…
Le jardin comporte aussi un potager (dont nous savourons quelques légumes) et un verger qui nous alimente en pommes presque toute l’année… trois fois par jour !
Quand les pommes sont finies, les prunes, les mirabelles, les framboises, les kiwis, les poires prennent le relais.
Le cimetière
Et y a même notre dernière demeure... en attendant la Résurrection finale !