Aujourd’hui dans cette église sont apparus de nouveaux personnages, devant ce pupitre et devant la croix : ce sont les mages, accompagnés de leurs animaux, chameau et dromadaire. Ils rejoignent deux autres animaux, l’âne et le bœuf qui veillent sur l’enfant Jésus. Péguy parlait de ces « deux gros museaux ». Ils nous disent par leur présence ce « mystère caché » dont nous parle saint Paul dans la seconde lecture, ce grand dessein de Dieu de faire bénéficier les païens du même héritage qu’Israël. Ce sont tous les peuples, les plus éloignés du « peuple élu », toutes les cultures et finalement toute la création qui finiront par converger vers cet enfant nouveau né en notre monde. L’évangile de st Matthieu débute en nous mettant déjà en présence de la fin du monde.
L’histoire de ces personnages venus d’Orient, savants, astrologues, en recherche de quelque chose d’essentiel qui leur échappait, nous venons de l’entendre. Cette histoire est évidemment symbolique. Sur quel événement concret a-t-elle été construite ? Nous ne le saurons jamais car ce qui importe pour l'évangéliste, et pour nous, ce que le texte nous dit, est ailleurs.
Le texte nous montre que la venue du Christ accomplit le chapitre 60 d'Isaïe, entre autres ; que Jérusalem, qui tenait le devant de la scène en Isaïe 60, est hors du coup : tout se passe à Bethléem et non à Jérusalem, et le peuple juif, pourtant concerné au premier chef par la venue de son messie, prend peur et ne bouge pas ; ce sera tout le drame de Jésus et de l’Église primitive.
Mais il y a dans ce récit quelque chose de plus subtil : l'étoile. Elle a des références scripturaires, mais ici, elle fait penser aux horoscopes et à l'astrologie. Quand Matthieu écrit, il y a pourtant assez longtemps que Paul a expliqué que, dans le Christ nous sommes libérés des «éléments du monde», de la soumission aux «puissances et dominations», parmi lesquelles les astrales. Matthieu, par le biais de l'étoile, nous montre ces puissances et dominations asservies : elles n'ont plus qu'un «pouvoir», celui de nous conduire au Christ. Ainsi de tous les déterminismes, cosmiques, sociaux, économiques, etc. Dans le Christ, nous sommes libérés de toute servitude.
Si notre regard se porte un peu plus loin dans le chœur de l’église, nous découvrons au pied de la croix les mêmes Mages avec leur animal. Le chemin qu’ils ont fait nous fait penser à l’appel de Jésus :
« Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi »
Jean 12/32
L’épisode des Mages nous renvoie donc à la Pâque, à cette attraction que le Christ exercera sur tous les peuples à mesure qu’ils cesseront de compter exclusivement sur leurs forces, leur science, pour parvenir à leur accomplissement, autrement dit leur salut. Telle n’est pas la loi du monde, mais l’étoile qui guide les mages ne suit pas non plus les lois de la gravitation universelle !
Que vont-ils trouver au terme de leur recherche ? Un nouveau-né, un être de besoin, sans puissance, désarmé, un couple de pauvres qui n’ont pas trouvé accueil parmi les hommes. Voici déjà l’agneau de Dieu, celui du Golgotha. Hérode est déjà en train de préméditer la mort de l’enfant.
On a fait des mages des rois : Pourquoi pas ? Ils montrent que le pouvoir ne prend valeur que s’il se soumet à celui qui vient comme Serviteur. L’amour seul a pouvoir absolu. Seul il peut faire exister, créer là où il n’y a rien. Les mages vont retourner chez eux par un autre chemin. Après avoir offert leur or, l’encens et la myrrhe, ils ne sont plus les mêmes.
8.1.17
Prière universelle
Aujourd’hui, le Seigneur se révèle à tous les peuples.
Élargissant nos cœurs aux dimensions du monde,
prions ensemble notre Père des Cieux
R/ DIEU D’AMOUR, ÉCOUTE-NOUS
Pour notre Église,
appelée par le pape François à porter la lumière du Christ
jusqu’aux périphéries les plus lointaines,
prions le Père, Ami des hommes
Pour les réfugiés et les victimes des conflits armés,
traversant une nuit qui paraît n’avoir pas de fin,
prions le Père, Ami des hommes
Pour nos frères et sœurs assoiffés de lumière,
qui cherchent un sens à leur vie,
et qui hésitent au seuil de l’Église,
prions le Père, Ami des hommes
Pour que nous tous, rassemblés en ce dimanche,
nous nous fassions porteurs de la flamme de l’Évangile,
en cette année nouvelle,
prions le Père, Ami des hommes
Père Saint, Ami des hommes,
nous te rendons grâce pour l’Épiphanie de JÉSUS,
ton Fils bien-aimé.
Accueille notre prière en ce jour,
et nous marcherons, joyeux, vers cette Jérusalem Nouvelle
que tu nous as préparée,
PAR JÉSUS LE CHRIST NOTRE SEIGNEUR