Ils l’ont vu sur la route d’Emmaüs, marché avec lui, partagé le pain, leurs cœurs sont encore tout brûlants de cette rencontre, et ils ont obéi quand il leur a dit : « Allez trouver mes frères… ». Les frères écoutent, mais ils ont du mal à croire, à comprendre, tout comme nous peut-être.
Et voici que Jésus est là, au milieu d’eux avec ses mots à lui, qui disent la proximité, mais auxquels il ajoute la distance. Il doit partir pour rejoindre le Père. Jésus va disparaître à leurs yeux pour leur préparer une place « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous » (Jn 14/20)
Il y a à la fois distance et intériorité réciproques.
Dieu est là, il fait en nous sa demeure, mais nous avons à ratifier sa présence par un accord, un mouvement, par l’engagement de notre liberté. Cet accord dépend de notre foi, d’une relation consciente et vivante avec Dieu.
Jésus dit bien par ailleurs : « Si vous êtes deux ou trois réunis en mon nom, je suis au milieu de vous » (Mt 18/20). C’est dire que l’habitation de Dieu en nous se réalise quand la foi se vit entre nous, quand elle est partagée, sous une forme ou sous une autre.
Il ne s’agit donc pas seulement d’une dévotion individuelle,
mais d’une ouverture aux autres par lesquels Dieu vient à nous.
St Jean nous dit bien que « nous ne pouvons pas aimer Dieu que nous ne voyons pas si nous n’aimons pas notre frère que nous voyons »1 Jn 4/20
Le Christ disparaît. Sa visibilité passe par nos frères. C’est pour cela qu’il y a une Église, c’est à dire un rassemblement, en particulier comme maintenant autour de la table du repas pascal. Vivre au milieu des hommes, ce n’est pas vivre au milieu des anges. Le corps même de Jésus porte la marque des blessures que nous lui avons infligées.
Ainsi la totalité du temps est habitée par la présence de Dieu :
Le passé : « Celui qui m’a vu a vu le Père » Jn 14/9
Le présent : « Dès à présent vous connaissez le Père et vous l’avez vu » Jn 14/7
Le futur : « je vais vous préparer une place» Jn 14/2
Jésus nous invite à le rejoindre, mais nous ne pouvons le faire qu’en nous ouvrant à nos frères. Et nous voici ramenés à notre vie quotidienne, à nos relations. C’est dans le plus ordinaire, les petites choses de la vie que tout se joue. Il y a une face cachée de nos existences, même de nos routines, de nos hésitations ou de nos sursauts, qui est sans doute plus belle que nous l’imaginons. Nos intentions profondes nous échappent la plupart du temps.
Confions nous à Celui qui nous habite et nous achemine vers notre vérité.
15.4.18