Quelqu’un qui se tenait à la sortie de la messe dans une paroisse que je ne nommerai pas, me fit remarquer un jour combien certains étaient heureux de ne rien donner pour la quête. C’était assez vrai. Mais on peut dire qu’il y en a qui sont heureux de donner, comme cette femme dont Jésus relève le geste.
Une veuve, de celles qui étaient alors les plus démunies, seules, sans ressources. De tous temps, la veuve et l’orphelin ont été associés. Des personnages sans droit, qui dépendent de la bonne volonté des voisins.
Dans la première lecture, nous avons vu Élie venir trouver une veuve non pour lui donner mais pour lui demander, alors qu’elle a un enfant à nourrir, en temps de famine. S’il lui demande le peu qui lui reste, c’est pour qu’elle cesse de compter sur ses réserves et compte totalement sur la seule parole de Dieu que le prophète lui adresse : « N’aie pas peur ».
Elle doit cesser de voir la mort qui va suivre la perte de ses dernières réserves pour ouvrir les yeux vers une autre vie, une vie qui vient d’ailleurs. Toujours le même message : donner sa vie pour la sauver. C’est de cela que nous ne devons pas avoir peur. Donner de soi-même pour en faire vivre d’autres n’est-ce pas au principe de toute vie, de toute génération ? N’est-ce pas le propre de ces millions d’hommes dont nous célébrons la mémoire en ce 11 novembre ?
Le besoin de l’autre, celui qui nous donne et celui à qui l’on donne, signifie toute relation à Dieu. Dieu est amour. Là où l’amour n’existe pas, Dieu est absent, c’est l’enfer, il n’y a plus de place que pour la mort. En effet rien n’existe que par la présence de Dieu. C’est par le passage aux autres que nous sommes à l’image de Dieu, lui qui est Un dans l’amour du Père du Fils et de l’Esprit. Ce qui est fondamental, c’est le besoin que nous avons de donner, pour simplement exister.
Regardons les riches du début de l’évangile, qui donnent pour se faire voir. On a dit qu’ils émargeaient sans doute au budget du Temple puisque Jésus dit qu’ils dévoraient le bien des veuves. Un psaume dit qu’en « mangeant leur pain, c’est mon peuple qu’ils dévorent ». C’est à eux que cette veuve va donner. Or c’est elle qui a tout gagné en agissant ainsi. Donnant sa vie, elle la sauve.
Les disciples n’avaient rien vu de son geste. Or Jésus est assis devant le Temple dans l’attitude de celui qui enseigne, non pas comme l’enseignant d’une doctrine, mais comme celui qui invite tout simplement à regarder autour de soi.. Il appelle ses disciples, car ce que vient de faire cette femme les concerne particulièrement. Absents lors des affrontements dans le Temple, il n’avait plus été question d’eux depuis la parole adressée au figuier desséché, figure de tout ce qui se passait dans le Temple.
Cela les concerne, car se donner sans réserve, c’est ce que Jésus allait faire lui-même sur la croix. Il allait se dépouiller de tout, donner son sang alors que les grands prêtres offraient un sang étranger. Les scribes construisent leur notoriété en profitant du bien des veuves. Jésus est entré dans le déshonneur en épousant notre misère. Le fait que la veuve donne tout ce qu’elle a montre que le Christ est à l’œuvre, depuis le commencement du monde dans le don de soi effectué par une multitude d’hommes et de femmes.
11. XI. 18
Prière universelle
En nous donnant son Fils unique, Dieu nous a tout donné ;
prions-le avec un cœur de pauvre :
R/ : Exauce-nous, Dieu notre Père ! (I 29b)
Pour que l’Église partage toujours
le pain de la Parole et le pain du service aux plus pauvres :
prions le Père de miséricorde.
En ce centenaire de l’armistice,
pour les militaires envoyés au combat,
et pour les civiles qui vivent dans la guerre :
prions le Père de miséricorde.
Pour que les chefs d’État et tous ceux qui ont un pouvoir
aient le souci de la dignité de chaque personne,
et qu’ils promeuvent le partage avec les plus démunis :
prions le Père de miséricorde.
Pour que les pauvres et les souffrants rencontrent
des cœurs secourables qui les aident à reprendre vie :
prions le Père de miséricorde.
Pour que chacun de nous se donne lui-même totalement
au Père et à ses frères,
dans la conscience qu’il a lui-même tout reçu de la tendresse de Dieu :
prions le Père de miséricorde.
Seigneur Dieu, Père de miséricorde,
tu nous gardes à jamais ta fidélité,
et tu nous appelles à tout donner
pour recevoir ta vie en Jésus Christ :
exauce notre prière pauvre et confiante
par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
AMEN !