Homélie
Prière universelle
UNE RENCONTRE INATTENDUE
(Jn 4)

Les frontières de la France ne sont plus guère contestées. Il n’en est pas de même pour bien des nations dont l’unité est fragilisée par des divisions entre des clans, des tribus, ou par des frontières mal établies. Il en fut ainsi pour Israël. Le royaume de David éclata à la mort de son fils Salomon. Dix tribus sur les douze se séparèrent pour former le royaume du nord, en Samarie. Les juifs à proprement parler ne sont plus que les membres de la tribu de Juda et ceux de la tribu de Lévi qui se tiennent autour de Jérusalem. La Galilée est au nord de la Samarie, ce qui explique l’hostilité entre juifs et samaritains. Jésus va annoncer une réconciliation, que nous voyons s’opérer à la fin de cet évangile. Il met de côté la question de savoir s’il faut adorer à Jérusalem ou sur le mont Garizim où se dressait le temple rival des samaritains.

Dieu est partout, là où il agit.
Le lieu de l’adoration c’est celui de la rencontre de Jésus Christ,
ce puits auprès duquel, fatigué, il vient demander à boire à une femme.

Elle est venue sans imaginer ce qui l’attendait, surtout quand après un quiproquo à propos de l’eau le dialogue change de ton pour toucher sa vie personnelle : « Va chercher ton mari et reviens ! » lui dit Jésus. En entendant cela, elle qui a eu cinq maris et un sixième homme qui n’est pas son mari, est stupéfaite. Elle a affaire à un prophète. Elle le lui dit en faisant le rapprochement avec ce prophète que tous attendaient, le messie qui allait justement révéler toutes choses. Elle dit où elle en est de sa foi.
Bouleversée, elle laisse là sa cruche et court au village pour dire à tous :

« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? »

Arrêtons-nous sur cette parole.
Devant l’indifférence religieuse qui gagne le plus grand nombre de nos contemporains, nous parlons beaucoup dans l’Église, depuis quelques années, de la nécessité d’évangéliser. C’est une invitation qui est comprise de bien des manières. Certains oublient que l’évangélisation n’a jamais cessé dans l’Église, et sont parfois tentés d’adopter les méthodes de la publicité, d’autres sous prétexte que Dieu seul parle bien de Dieu, se taisent et n’osent plus se déclarer comme chrétiens.
Ce n’est pas ainsi que nous voyons Jésus procéder. Rares sont les occasions où, comme ici il déclare ouvertement : « Je suis le Messie, moi qui te parle ». Il a résisté, au désert à faire des miracles spectaculaires. Habituellement il agit de telle sorte qu’à travers ses gestes et ses paroles l’on puisse se poser la question : « Qui est-il ? Le fils du charpentier ? Un rabbi ? Un prophète ? etc…Ne serait-il pas le Messie ? ».

Dieu n’impose pas ses dons.
Il est patient, il y a une pédagogie de Dieu.
Il nous laisse toujours libre de répondre.

Nous pouvons être appelés à témoigner très visiblement de notre foi. Mais nul n’est dispensé de commencer par en vivre intérieurement. C’est en le voyant vivre que l’on pouvait découvrir peu à peu que Jésus était habité en permanence par le Père et l’Esprit : « Qui me voit, voit le Père ! » Le témoignage sera toujours d’autant plus fort qu’il prend naissance dans une source profonde.

15.3.20

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre