Homélie
Prière universelle
PASSER PAR LA PORTE
(Jean 10/1-10)

Plusieurs images nous viennent. Nous pouvons penser à celle de l’église que nous venons de fermer, à la porte étroite de Mt 7, celle qui conduit à la vie, passage obligé par les portes de la mort. En bon berger, Jésus a franchi ces portes de l’enclos qui nous retenait pour partager notre vie, nos servitudes. Puis il est sorti le premier pour nous conduire vers les verts pâturages de la liberté.

Il n’y a pas d’autre porte que celle de Pâques, de la mort et de la résurrection du Christ. Ceux qui veulent faire le mur ne sont que des voleurs qui cherchent à prendre notre vie en nous enrôlant vers d’autres enclos.

Une fois sortis, nous sommes invités à ne pas oublier l’enclos et à y rentrer, non par peur, mais pour nous y comporter à la façon de Jésus, en travaillant à la libération de nos frères. La libération des captifs nous y pensons souvent à propos des otages, mais il faut aussi y travailler autour de nous en commençant par nous-même.

Je suis la porte des brebis

Jésus se présente comme le berger, mais il se dit aussi la porte, c’est à dire que c’est par lui que nous passons à la vie. L’image corrige celle du berger que le troupeau n’a qu’à suivre, il nous donne la force de passer par des étapes difficiles, d’un monde à l’autre, il va jusqu’à donner sa vie pour nous. Donner sa vie, c’est à dire qu’il nous fait vivre, penser, aimer, vouloir.. Nos actions sont bien les nôtres, mais aussi les siennes, puisque comme dit St Pierre, nous devenons participants de la nature divine.

Il appelle chacun par son nom.

L’image du troupeau , comme celle de la masse, n’est pas très positive. Elle suggère la passivité, celle du troupeau de Panurge. J’ai connu une religieuse très âgée qui, toute sa vie, avait le soin d’un troupeau de chèvres. Elle disait que ses chèvres lui en avait appris sur la vie de communauté bien mieux que tous les beaux discours sur la vie fraternelle. Aussi l’évangile précise que le berger connaît ses brebis et que chaque brebis connaît sa voix. Il va même jusqu’à dire que cette relation est calquée sur celle qui unit le Père et le Fils. Il s’agit donc d’une participation à la vie trinitaire.

L’Église n’est pas un troupeau, une collection indistincte d’individus. Elle signifie d’abord convocation, appel à la perfection, à l’achèvement adressé à chacun par son nom, perfection que seul le lien de la charité peut accomplir.

Pas besoin de dessin pour nous faire reconnaître
la diversité de nos personnes, de nos opinions,
mais grand besoin de compréhension,
de patience, de bienveillance
pour grandir dans l’unité !

Franchir le seuil d’une église, notamment celle d’un monastère, c’est déjà faire une expérience de silence, où nous parviennent d’autres voix que celles qui peuplent notre univers habituel. C’est accueillir la voix de celui qui nous dit : « Que cherchez vous ? Écoute et viens. Apprends de moi que je suis doux et humble de cœur. Apprends à vivre par moi comme je vis par le Père »

Le moment est venu, après un instant de silence, de répondre : 
« Seigneur je crois !
A qui irions-nous,
tu as les paroles de la vie éternelle !
 »

 

Prière universelle 

En ce dimanche du Bon Pasteur
où l’Église nous invite à prier pour les vocations,
adressons avec confiance notre prière au Seigneur Jésus.

Jésus est le berger qui veut qu’aucune de ses brebis ne se perde.
Confions-lui tous les pasteurs
que l’impossibilité de célébrer les sacrements
conduit à inventer de nouvelles formes de témoignage évangélique.

R.67 « Ô Christ ressuscité, exauce-nous ! »

Jésus est le berger qui nous conduit sur un chemin de vie.
Confions-lui tous ceux qui œuvrent
pour que l’expérience de la pandémie ouvre l’accès
à une société renouvelée, plus respectueuse de l’homme et de la nature.

Jésus est le berger qui appelle chacun par son nom.
Confions-lui tous ceux qui entendent son appel à tout quitter
pour le suivre sur le chemin du radicalisme évangélique.

Jésus est le berger qui traverse à nos côtés les ravins de la mort.
Confions-lui ceux qui n’ont pas la liberté d’orienter leur vie selon leurs rêves :
les malades, les prisonniers, les chômeurs,
ceux qui vivent un célibat non choisi.

Jésus est le berger qui veut rassembler les enfants du Père dispersés.
Confions-nous à lui, nous qui sommes réunis en cette eucharistie,
- dans l’église ou devant un écran -
y puisant la force de continuer le chemin
et d’encourager tous ceux qui nous entourent.

Seigneur Jésus, notre pasteur,
accueille la prière que nous t’adressons, toi qui règnes…

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre