Quand nous ouvrons le journal, nous pouvons déplorer bien des discours, des attitudes, des projets qui n’honorent pas l’homme, mais ne doit-on pas reconnaître aussi ce qui provoque l’homme à être plus homme, à élargir ses horizons ? C’est comme si un peuple tout entier était à s’occuper des affaires de l’État, à regarder plus loin que le bout de son champ, à être participant de la vie des autres, du bien de la société.
Regardez de plus près, me diront certains, ce qui motive chacun, c’est son ambition, la défense de ses petits intérêts individuels. Peut-être ! Mais n’y a-t-il pas en l’homme ce petit coin de lui qui se laisse toucher par la misère du malade, du chômeur, de l’exclu. Ce lieu qui ne supporte pas l’injustice et se montre capable d’être mobilisé par de grandes causes et plus encore par des témoins de la vérité, de la liberté, qui osent et se risquent.
A la Pentecôte, ceux qui sont à Jérusalem viennent de tous les coins du monde connu. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Quand ils entendent Pierre et les autres chanter les merveilles de Dieu et proclamer la Bonne Nouvelle :
ils sont rejoints dans ce coin d’eux-mêmes qui aspire à autre chose,
qui attend qu’enfin advienne un monde nouveau.
Et le miracle se produit.
Ils comprennent et se comprennent. C’est l’étonnement : « comment se fait-il que chacun de nous entende ces Galiléens dans sa langue maternelle ? ». La vérité se révèle.
Nous savons qu’il y a bien des manières de l’approcher.
Elle est le plus souvent appréhendée sous le mode de l’expérience pour découvrir les lois de la vie et du monde afin d’en tirer des applications concrètes. C’est le point de vue du scientifique doublé du technicien.
Le philosophe que nous sommes tous plus ou moins dira que cette façon d’aborder la vérité a contribué à laisser de côté les grandes interrogations sur la vérité en elle-même, son universalité, son origine. Nous en arrivons à voir ce qui se fait sous nos yeux, quand la vérité se fait sous la forme d’un accord dans le vivre ensemble. Est vrai ce qui relève du consensus du plus grand nombre, sur un minimum acceptable par tous. En parallèle se développe « à chacun sa vérité ». Mais comment est-il possible de vivre ensemble en évitant les communautarismes, les ghettos de toute sorte ? C’est là que nous retrouvons nos textes de Pentecôte.
Les apôtres ont fait l’expérience que
le vivre ensemble,
le fait de se comprendre les uns les autres
était quelque chose de foncièrement donné,
un don de l’Esprit Saint.
Là où l’histoire avait contribué à séparer les hommes avec des langues qui les divisent, ils accueillent en ce jour l’Esprit Saint comme la présence divine qui unifie et ouvre à nouveau les voies de la communion. Comme l’avait noté S.Paul, l’Esprit ne vient pas niveler tout selon un dénominateur commun. Non il permet à chacun d’être lui-même, pleinement en étant au service de tous, pleinement galiléen au service de tous les étrangers qui sont à Jérusalem ou, pour reprendre l’image du corps, être pleinement main ou tête au service de tout le corps.
Si ce mystère d’unité est à l’œuvre dans l’Église des croyants, il l’est aussi dans le monde, comme un ferment qui ne demande qu’à être activé, reconnu et accueilli. C’est la contribution que les chrétiens peuvent apporter à notre monde. Nous ne sommes pas destinés à nous replier dans un communautarisme chrétien, mais à être pleinement ce que nous sommes dans le désir de servir tous les hommes en sachant écouter et accueillir ce qu’ils sont.
En cette Eucharistie accueillons en nous la vie de l’Esprit, son énergie de communion.
Prière universelle
En ce jour où l’Esprit-Saint est descendu sur les Apôtres,
prions le Seigneur d’envoyer son Esprit renouveler l’Église et le monde.
Pour tous les gouvernants de notre planète qui portent la responsabilité de servir leur peuple,
afin qu’ils découvrent ce que veut dire « servir » en politique, en toute justice, sagesse et paix,
implorons la venue de l’Esprit
I 51 / Descends sur notre monde, Esprit consolateur
Pour tous ceux qui ont vécu le confinement dans le rétrécissement de soi,
la peur du manque ou la violence infligée à autrui, et pour les familles lacérées par l’épreuve,
implorons la venue de l’Esprit.
Pour le corps médical qui a répondu généreusement aux nécessités de leurs concitoyens,
pour ceux qui ont perdu leur emploi, et les jeunes qui ne passeront pas leurs examens,
implorons la venue de l’Esprit.
Pour tous ceux qui aspirent à une vie plus équilibrée, plus respectueuse de notre maison commune,
cx qui désirent construire une société respectueuse de l’Humain en réponse aux exigences de Laudato si,
implorons la venue de l’Esprit.
Pour tous ceux qui vont retrouver le chemin des assemblées chrétiennes,
du pain rompu et de la foi partagée,
ainsi que tous les malades qui attendent qu’on puisse de nouveau leur porter la communion,
implorons la venue de l’Esprit.
Seigneur, nous avons reçu de Toi l’Esprit Saint :
Entends le cri de sa prière qui passe par nos lèvres
et accomplis en nous ce qu’il nous enseigne,
Toi qui règnes pour les siècles des siècles. Amen !