Homélie
Prière universelle
LA FEMME ADULTÈRE
(Jean 8/1.11)

Des pharisiens, des scribes, au regard fier, victorieux, méprisant, les uns âgés, d’autres plus jeunes, des curieux, tous en demi cercle. On se représente aisément la scène, le drame qui va se jouer. Au milieu une femme, apeurée, humiliée. Ils l’ont prise en flagrant délit, dans son tort. Elle doit payer. Ils n’ont pas tenu compte de la Loi qui dans ce cas condamne à la même peine, la lapidation, les deux coupables.

Mais peu importe : Celui qu’ils veulent atteindre, c’est Jésus qui est là.

On attend sa réponse, qu’il se dresse comme un juge et montre du doigt. Or il fait exactement le contraire. Il ne se dresse pas, mais se baisse et il ne montre pas du doigt, mais se met à écrire sur le sol, en silence.

Confronté à la Loi et à ses gardiens, Jésus Dieu en personne répond en griffonnant sur le sol. C’est la seule fois que nous le voyons écrire, et il n’y en aura aucune trace, une parole troublante au-delà de toute parole. Le verbe utilisé n’est employé que trois fois dans la bible, à propos de Dieu écrivant les tables de la Loi, ou lorsque le roi de Babylone voit s’écrire sur le mur les termes du jugement divin qui le disqualifie, car il « a été pesé sur la balance et trouvé trop léger » Dan 5/28 . Nous sommes toujours dans un contexte de loi et de jugement.

Que peut écrire Jésus en s’abaissant à terre sinon le texte de la Loi nouvelle, celui de l’acquittement ?

Oppose-t-il la faiblesse à la force ? Il y a plus que cela. Au-delà des mots Il est lui-même la Parole, qui fait basculer l’univers des lois dans le secret de la conscience de chacun, quand il invite celui qui est sans péché à jeter le premier la pierre tenue dans sa main. Il impose un délai au verdict, soumet l’arrêt de mort au temps de la vie.

Combien de fois dans l’histoire, avons-nous oublié ce geste unique de Jésus. Geste de force  de qui sait faire jaillir une réponse de liberté. Jésus l’a su, avec Zachée, avec Pierre, avec cette femme, et avec ces docteurs de la Loi qui l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés, se retirent tête baissée, inconscients du salut qu’ils viennent de recevoir.

Jésus reste seul avec cette femme. Tout se décide alors dans l’espace d’un retrait et d’une parole presque chuchotée. Comme le dialogue de l’Ange avec Marie, dialogue de promesse et de liberté, de délicatesse et de vérité. Dieu a osé les premiers pas, il retient son souffle et attend. Marie saisit la main qui prend la sienne.

Ce langage, proprement divin, n’a pas fini de déconcerter. On s’étonne que l’Église soit en crise, persécutée, mais avec ce langage, c’est son état naturel. Aujourd’hui avec Jésus, elle entre dans le temps de la Passion pour renaître un jour dans la gloire de Pâques.

13.3.16

Prière universelle

 Pleins de confiance
en Celui qui est venu nous ouvrir des chemins de libération,
supplions-Le pour notre monde et pour nous tous,
dans la pleine certitude d’être exaucés.

I 42    Vienne sur nous ta miséricorde

Pour nos responsables politiques, économiques, financiers
et tous ceux qui sont affrontés à des problèmes qui les dépassent,
supplions le Seigneur qui fait toute chose nouvelle
de leur venir en aide.

Pour tous les catéchumènes sur la route de Pâques,
supplions le Seigneur qu’à la suite de saint Paul,
ils n’aient d’autre désir que de tout perdre pour le Christ,
afin d’être gagnés en Lui.

Pour tous les réfugiés, les migrants,
tous ceux dont la détresse dépasse ce qu’on pourrait imaginer…
Que notre prière vigilante demeure sans relâche auprès d’eux
et supplions le Seigneur qu’advienne, à leur encontre, la charité du Christ.

Pour nous tous rassemblés en ce jour,
qui sommes –au plus profond – pécheurs,
comme les pharisiens et la femme adultère,
supplions le Seigneur de nous donner son cœur miséricordieux
qui  n’accuse, ni ne condamne.Seigneur plein de bonté,

Toi qui as épousé nos limites et partagé nos servitudes
pour mieux nous en guérir,
exauce nos prières
Toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Amen.

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre