Homélie
Prière universelle
Dieu est-il juste ?
(Mt 20/1-15)

Parler ainsi ressemble bien à de la provocation. A quoi bon travailler plus si l’on ne peut pas gagner plus ? Comment ce qui nous apparaît comme une injustice flagrante pourrait-il ne pas nous révolter, à moins que d’entendre cet évangile chaque année finisse par nous laisser indifférent. Une énigme irritante qui ne nous empêche pas de dormir, que nous écoutons ou lisons plus ou moins distraitement. Pour des juifs qui avaient observé la Loi depuis toujours, c’était insupportable. La première lecture nous a prévenus : « mes voies ne sont pas vos voies. » Jésus nous dit que Dieu n’est pas juste, que le salaire qu’il nous donne n’a rien à voir avec la quantité ou la qualité de notre travail, nos efforts, notre petit capital de mérites.

Alors pourquoi se fatiguer ? Pourquoi faire le bien ?

Mais souvenons-nous de l’évangile de dimanche dernier. Nous ne méritons rien, nous sommes tous débiteurs, nous sommes tous dans le rouge. Notre vie, notre intelligence, notre cœur, nous les avons reçus. Le bien que nous faisons vient de la source qui nous fait exister.

Le salaire n’est pas une réponse au travail fourni,
mais une manifestation de la bonté du maître.

Bien entendu, notre société ne fonctionne pas ainsi. Le salaire de ceux qui travaillent est un dû. A qui ? A eux bien entendu, mais aussi à travers eux, à Dieu lui-même. Il est sans cesse au travail avec nous. Tout ceci nous conduit à reconnaître qu’il n’y a rien de « profane » dans nos vies, le matériel d’un côté et le spirituel de l’autre. Dieu est en toutes choses, en toute activité, présent en tout, à un titre à un autre.

Mais alors, dirons-nous, est-il présent aussi dans tout ce mal qui continue à nous accabler, ces guerres, ces conflits ? Oui, mais pas en tant que cause, en tant que victime. Il est celui qui est toujours crucifié quand nous écrasons l’homme, défiguré lorsque nous le méprisons. Il a voulu, dans le Christ, épouser le sort des victimes et, en tant que tel, il est blessé chaque fois que nous blessons l’homme, mais c’est pour renaître à une vie nouvelle.

Tous, coupables ou non, chômeurs ou actifs, nous recevrons la même pièce d’argent, en commençant par les derniers, ce qui signifie la priorité donnée aux non ayant droit. Les récits bibliques sont pleins d’exemples de ces choix des petits derniers : Jacob qui supplante Esaü, Joseph qui réussit mieux que ses frères, David préféré à ses aînés. Voilà de quoi nous réconforter quand nous gémissons sur nos insuffisances.

Mais loin de nous installer dans la médiocrité,
cette parabole nous invite à agir comme lui, dans la gratuité,
pour être vraiment à son image et à sa ressemblance.

20.9.20

Prière universelle

En communion avec tous nos frères
confions nos intentions à Dieu, notre Père.

Pour que les chrétiens restent vigilants dans leur recherche de Dieu,
toujours prêts à se laisser surprendre
et à suivre Celui dont les pensées sont au-dessus de nos pensées,
ensemble prions.

R 12 / Dieu d’amour, écoute-nous !

Pour que les gouvernants
–tout particulièrement ceux dont le pouvoir est contesté par leur peuple –
prennent conscience des exigences de la justice, du partage et de la vérité
afin de construire la paix, ensemble prions.

Pour que les catéchumènes, et ceux qui viennent à Dieu au soir de leur vie
chantent avec allégresse la miséricorde du Seigneur à leur égard,
ensemble prions.

Pour les ouvriers de la première ou de la dernière heure qui constituent notre assemblée,
afin que le Seigneur ranime notre ferveur dans la prière et l’ardeur de notre charité,
ensemble prions.

Ecoute nos prières, Père très bon,
et dans ta miséricorde, daigne les exaucer.
Nous te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
AMEN !

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre