Homélie
Prière universelle
Homélie du P. Désiré 

La première lecture tout comme l’évangile se rejoignent en le mot « résurrection ». Dans la première lecture, le mot « résurrection » revient trois fois. Tout d’abord chez le deuxième enfant à son dernier soupir pour marquer leur espérance en la vie éternelle : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. » (2 Liv. des Martyrs d’Israël, 7, 9). Ensuite, ce mot est prononcé par deux fois de la bouche du quatrième enfant lors qu’il est sur le point d’expirer. D’abord pour exprimer sa conviction de foi en l’accomplissement de la promesse de Dieu : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu » (2 Liv. des Martyrs d’Israël, 7, 14a). Et ensuite pour prononcer la sentence qui attend ce roi ignoble qui s’est éloigné de Dieu : « toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie » (2 Liv. des Martyrs d’Israël, 7, 14b). Quant à l’évangile, le mot « résurrection » revient cinq fois et nous plonge dans un débat casuistique autour justement de la compréhension de la résurrection. Pour nous introduire dans ce débat St. Luc, le rédacteur, utilise le mot « résurrection » pour définir qui sont les Sadducéens : « Ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection » (Lc 20, 27). Ensuite les sadducéens, eux-mêmes, emploient le mot pour formuler leur question à Jésus : « à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse puisque les sept l’ont eue pour épouse ? » (Lc 20, 33). En fin, la résurrection apparaît trois fois dans la bouche de Jésus. D’abord, pour donner une réponse à ces interrogateurs : « ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari (Lc 20, 35). Ensuite, pour donner une meilleure compréhension de sa réponse en expliquant pourquoi ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir ne se marient pas : « ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection » (Lc 20, 36).

Jésus aurait pu s’arrêter-là. Mais, les choses ne sont pas si faciles, frères et sœurs, ni pour les sadducéens ni pour nous aujourd’hui qui sommes pourtant chrétiens.

En effet, au temps de Jésus, la notion de résurrection n’est pas encore bien comprise, c’est ce qui explique certainement que les sadducéens qui sont pourtant de l’aristocratie juive ne l’acceptent pas. Par définition, pour le commun des mortels, la résurrection signifie « retour de la mort à la vie » (cf. Dic. CNRTL). Dès lors, lorsque cette femme et les sept frères seront revenus à la vie, il va bien falloir qu’elle fasse un choix, car, logiquement, une femme ne saurait avoir sept maris à la fois. Où se trouve donc l’erreur dans ce problème qui semble insoluble ?

Le troisième usage par Jésus du mot résurrection cette fois-ci sous forme de verbe nous permet de déceler l’erreur. « Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » (Lc 20, 37).  Dans cette phrase, Jésus fait un rappel historique de la foi d’Israël. C’est une foi qui se nourrit de la Parole de Dieu. Et dans cette Parole de Dieu, depuis Moïse au Buisson ardent, Dieu s’est révélé comme le Dieu de nos ancêtres, le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob (cf. Ex 3, 6). A ce titre, « Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 38) avec qui, Il a scellé une Alliance renouvelée en nos Patriarches et en chacune de leur descendance jusqu’à nous en passant évidemment par les sadducéens eux-mêmes. Ces derniers ne pouvaient pas l’ignorer. L’erreur se trouve donc là : ceux qui viennent interroger Jésus sur la résurrection des morts manifestent leur ignorance des Saintes Ecritures. En effet, au temps de Jésus, les sadducéens en plus d’être aristocrates, sur le plan religieux, beaucoup d’entre eux sont des prêtres et sacrificateurs et ils occupent la plupart des sièges du Sanhédrin. A ce titre, ils se soucient plus de la politique pour protéger leurs intérêts que de la religion. Conséquence, eux qui sont des connaisseurs et conservateurs de la loi écrite et contenue dans les Livres de Moïse (Exode et Deutéronome) étaient loin d’y être fidèles.

Par ailleurs, dans les Sainte Écritures qu’ils devraient connaître, il n’est pas dit que l’existence future des ressuscités est exactement la même que la vie terrestre. Les contradicteurs Jésus ne mettent en avant que le désir de procréation car, si les sept frères se sont mariés successivement à la même femme, c’était bien pour laisser une descendance. C’est encore là une erreur qui sème la confusion dans leur esprit entre la résurrection physique et la résurrection en Dieu.

Jésus constate alors qu’ils ont commencé leur argument en s’appuyant sur Moïse : « Maître, Moïse nous a prescrit… » (Lc 20, 28). Pour corriger la confusion dans leur esprit, Jésus, disais-je, leur offre un argument positif sur la résurrection fondé sur le livre du Deutéronome. « Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » (Lc 20, 37). Et il poursuit : « Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 38). En effet, que serait la Parole de Dieu avec toutes ses promesses aux patriarches si Dieu ne les sauve pas du dernier ennemi, de la mort. Or, si Dieu sauve, c’est effectivement qu’il est un Dieu des vivants et non des morts.

Cela, les sept frères et leurs mères de la Première lecture arrêtés par le Roi Antiochos l’ont bien compris. La vie ne s’arrête pas avec la mort terrestre. Il y a un au-delà à la condition humaine et cet au-delà est une condition nouvelle dont la réalité est une vie sans mélange de mort réservée aux justes. C’est-à-dire ceux qui sont morts dans et par fidélité à Dieu. Ce Dieu est un Dieu de vie et auteur de toute vie ; Il est la Vie et donne la vie. C’est ce Dieu de vie qui a donné un corps vivant, à chacun des membres de cette famille martyre ; Il est donc aussi Puissant pour les ressusciter. La foi en Dieu Tout-Puissant leur a permis de rester incorruptibles jusqu’au sacrifice extrême.

Quel est l’intérêt de ce débat autour de la résurrection pour nous aujourd’hui ? Eh bien ce débat nous invite à répondre à la question suivante : Crois-tu-en la résurrection vraiment, ou alors, le fais-tu par mimétisme eu égard à la tradition chrétienne qui l’affirme ou simplement parce que c’est dans le crédo que tu confesses parfois du bout des lèvres ? Voilà une question à responsabilité personnelle.

Frères et sœurs, la résurrection est au cœur même de notre foi chrétienne. Elle est un mystère divin qui échappe à notre entendement certes, mais c’est ce mystère qui a mis en marche les apôtres pour aller annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les nations. Voilà pourquoi, avec St. Paul, nous pouvons affirmer que « si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi est notre foi » (1 Co 15, 14).  

Qu’en ce dimanche et pour l’avenir, le Seigneur nous donne le goût de lire les Saintes Écritures afin que nous ayons une fine connaissance de ce en quoi et en qui nous croyons et que nous y soyons fidèles car le Christ est vraiment Ressuscité (Lc 24, 34).

Désiré Ayina, sj.

Prière universelle 

Dans la confiance, prions le Seigneur de toute vie
pour nos frères et sœurs en humanité.

Pour tous nos évêques rassemblés à Lourdes :
que leurs travaux apportent des fruits de vérité et de paix dans notre Église,
prions ensemble.

R/ : Souviens-toi, Seigneur, de ton Alliance! (I 22a)

Pour les acteurs politiques, économiques et sociaux :
qu'ils cherchent toujours le bien des plus démunis,
prions ensemble.

Pour les émigrés, les sans papiers, les sans domicile :
qu'ils trouvent aide et protection au milieu de nous,
prions ensemble.

Pour nous tous ici rassemblés :
que nous sachions ouvrir notre cœur et nos mains avec joie et simplicité,
prions ensemble.

Béni sois-tu, Père, pour la vie que tu nous donnes ;
accueille notre prière de pauvres en ce jour
en Jésus, le Christ notre Seigneur.
Amen.

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre