Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs, aujourd'hui, nous interrompons la lecture suivie de l'évangile de Matthieu pour célébrer une fête très particulière basée sur un récit évangélique tout aussi particulier : la transfiguration. La transfiguration est la manifestation du Mystère, c'est-à-dire du dessein secret de Dieu (cf. Col. 1, 26 ; Eph 3, 5, 9) dans la chair même de Jésus.
Le récit de la Transfiguration que nous avons écouté forme un bloc avec la confession de Pierre, l'annonce de la passion, la réaction de Pierre, la réprimande de Jésus et l'appel à le suivre : « celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Lc 9, 24). Nous sommes à un moment crucial de la vie de Jésus et de son groupe. Après les premiers mois, les premiers enthousiasmes déçus, les puissants alarmés, la possibilité d'un échec commence à poindre à l'horizon. C’est alors que Jésus va sur une montagne et amène avec lui Pierre accompagné des deux frères Jacques et Jean, fils de Zébédée. Cette montagne, qualifiée de haute, est chargée historiquement. En effet, elle est le lieu où Moïse avait eu la Révélation du Dieu de l’Alliance et reçu les tables de la Loi. Elle est aussi le lieu où, dans une brise légère, Dieu s’est révélé à Elie comme un Dieu de tendresse. C’est justement dans cette montagne-là que le Seigneur Jésus donne à Pierre, Jacques et Jean de contempler sa gloire ; la gloire que Dieu le Père lui a conféré de régner sur toute la terre.
Aujourd’hui en célébrant la transfiguration, nous voulons chanter avec le psaume : « le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! » (Ps 96/97, 1). Pour nous chrétiens, à la lumière de la résurrection du Christ, ce n’est qu’un euphémisme de dire que le « Seigneur est roi ». Nous le pensons et nous le croyons. Cependant, si ce psaume est proposé à notre méditation en ce jour de la transfiguration, n’est-ce peut-être pas pour nous dire que nous ne sommes pas tant différends de ce peuple de l’Ancien Testament qui adorait d’autres roitelets en lieu et place du seul Dieu, le seul Seigneur, roi de la terre qui domine de haut tous les dieux ? A chacun de faire son introspection pour voir combien il est attiré par d’autres dieux de ce monde qui promettent monts et merveilles ; à chacun de faire son introspection pour comprendre que seul devant le Seigneur Jésus nos genoux doivent fléchir : toutes les génuflexions que nous faisons devant d’autres dieux que Lui ne sont que de l’idolâtrie.
Frères et sœurs, la grandeur unique de Jésus manifestée par son visage qui brille comme le soleil et ses vêtements devenus blancs comme la lumière, rappelle qu’il est le nouveau Moïse. Ce n’est donc pas un hasard si c’est au Sinaï où Dieu à rencontrer Moïse que Jésus fut transfiguré devant ses disciples. Sur cette montagne la voix de Dieu a dicté à Moïse la Loi d’amour pour l’éducation de son peuple ; cette même voix révèle à Pierre, à Jacques et à Jean la tendresse divine incarnée en Jésus : « celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez-le » (Mt 17, 5b). Pour les oreilles juives, cela signifie que Jésus est le Messie attendu. Pour nous chrétiens, le Messie est déjà venu, il est là et il reviendra comme il l’a promis pour rassembler toutes choses en Dieu.
Ce Messie est le Fils de l'homme qui vient dans les nuées du ciel (Mc 13, 26) et à qui puissance, honneur et royaume sont donnés (Cf. Daniel 7, 13-14) ; homme parmi les siens, il n’a eu nulle part où reposer sa tête (Lc 9, 58), et lorsqu'il proclama à Pilate « je suis roi » (Jn 18, 37), il le fit non seulement dans des circonstances qui ne permirent aucun « quid pro quo », mais lui-même ne manqua jamais de préciser : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » (Jn 18, 36). A l’instar donc du Christ, l’épisode de la transfiguration nous invite à nous interroger sur notre destinée. Jésus a laissé le rang qui l’égalait à Dieu, pour venir partager notre condition humaine. En tant cohéritiers du Christ, nous sommes aussi appelés à partager sa condition ; dès lors, puisque la transfiguration lève le voile sur la gloire que Jésus possède en tant que Fils de Dieu, comme lui donc, le chrétien est destiné à être transfiguré et à participer à sa royauté.
Pour que nous fassions partir de sa royauté, plaise au Seigneur qu’il nous donne non pas de construire trois tentes, une pour Moïse, une pour Elie et une pour le Christ mais qu’il nous donne la grâce d’écouter véritablement comme nous le dit en témoignage Pierre : « celui qui a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire » (2 P 1, 17) et surtout de fixer notre attention sur sa parole comme une lampe dans l’obscurité afin que dans nos cœurs s’élève l’étoile du matin (cf. 2 P 1, 19c) et que nous ne nous perdons pas sur des chemins sablonneux des dieux inventés, charmants et sophistiqués que le monde nous propose.
Prière universelle
Le regard tourné vers Jésus transfiguré,
adressons-lui notre prière confiante.
Ce matin, les participants des JMJ
sont rassemblés autour du pape François pour la messe d’envoi.
Pour que l’expérience forte de ces journées demeure une lumière
sur le chemin de vie de tous ces jeunes,
prions ensemble.
R. 53 « En toi, Jésus, notre espérance ! »
À l’époque du prophète Daniel, le peuple de Dieu subit la persécution.
Prions le Seigneur Jésus de susciter aujourd’hui encore des prophètes
qui attisent l’espérance des peuples opprimés.
Jésus, que les disciples éblouis contemplent transfiguré,
entrera bientôt dans la nuit de la Passion.
Prions-le pour tous ceux dont le corps ou l’esprit
sont défigurés par la souffrance.
Jésus sur la montagne dialoguait avec Moïse et Élie.
Prions-le de nous faire la grâce de découvrir toujours plus
dans les Écritures son visage de lumière.
Seigneur, Jésus, accueille notre prière
et bénis tous ceux que nous te confions,
Toi qui règnes dans les siècles des siècles,
Amen