SAMEDI SAINT
Avec l’annonce de la résurrection commence, comme à partir du grain de sénevé, la croissance du grand arbre de l’Église, de tous ceux qui adhèrent au Christ. Ce fut le premier message chrétien « le Christ que vous avez crucifié, il est ressuscité »
C’est là que prend sens tout le reste et que Dieu est reconnu en sa vérité, comme Dieu des vivants et des morts, Dieu de la vie. Mais cette annonce met à l’épreuve notre foi, comme celle des premiers disciples, pour la conduire à sa perfection.
En effet, nos tombeaux ne sont pas vides comme celui du Christ, et nous n’avons pas d’expérience du monde des ressuscités. Il nous reste donc l’Écriture et la prédication des apôtres et de leurs successeurs, la Tradition. En elle, c’est l’Esprit qui agit, cette voix intérieure, qui nous dit que, s’il n’y a pas de résurrection, Dieu n’est pas Dieu.
Que l’univers de la résurrection échappe à nos sens, l’évangile nous le montre déjà. On ne reconnaît pas Jésus du premier coup, il est là et il n’y est pas, impossible de le fixer. Bref, il ne reprend pas sa vie antérieure. Il est entré dans une autre vie, même s’il garde la trace de ce qu’il a vécu et souffert parmi nous. Il a toujours la marque des clous et du coup de lance. Il rappelle aux apôtres ce qu’il leur disait quand il était encore avec eux. Il est toujours avec eux, mais autrement. Il sera toujours là par son Esprit, pour nous rappeler toutes choses et nous conduire vers la vérité tout entière. Les évangiles font apparaître toute son histoire dans la lumière de la résurrection.
Il en va de même pour nous. Par la grâce du baptême, c’est toute notre histoire qui paraîtra un jour dans la lumière, et ce qui en elle est ténébreux deviendra lumière, nous dit saint Paul. C’est pourquoi l’on dit : « Éveille toi, toi qui dors, lève toi d’entre les morts, et sur toi luira le Christ » Eph 5/13
Bien que cette église abbatiale ne soit pas une église paroissiale et qu’on n’y célèbre pas de baptême, nous chanterons la litanie des saints pour bien marquer que nous rejoignons cette longue cohorte de ceux qui se sont levés d’entre les morts. Après la bénédiction de l’eau, nous renouvellerons notre profession de foi baptismale. Que le Seigneur nous donne d’en comprendre la richesse et qu’il nous donne la force de l’accomplir.
PÂQUES
La foi juive connaissait la résurrection des morts à la fin des temps, mais ce qui venait d’arriver était tout à fait inattendu. Une résurrection en plein milieu de ce temps c’était proprement incompréhensible. Jésus leur en avait parlé, mais ils n’avaient pas compris.
On voit alors ces hommes et ces femmes affrontés à un double défi :
-croire en un messie crucifié. Personne n’y avait pensé. Le messie ne pouvait être que victorieux.
-croire ce messie vivant.
Il fallait alors relire l’Écriture autrement, découvrir en elle ce qui restait caché et qui apparaissait alors en pleine lumière. Croix et résurrection devaient aller de pair.
Voir le Christ sur la croix, oui, ils l’avaient vu. Mais le voir au delà de la tombe, n’appartenant plus à notre monde et cependant bien présent, d’une présence toute nouvelle, capable de rompre le pain, de manger des poissons sur le bord du lac.
Quel mystérieux pouvoir se manifestait dans ces rencontres, et en même temps quelle fragilité, pour ces hommes qui aiment voir et toucher et s’en tenir à cela
Alors se vérifie à nouveau ce que Jésus avait dit du Royaume de Dieu, gros comme un grain de sénevé, la plus petite de toutes les semences, mais porteur de la toute puissance de Dieu. Benoit XVI a écrit que « la résurrection, du point de vue de l’histoire du monde est peu voyante. C’est la semence la plus petite de l’histoire »
Qu’en est-il de nous, affrontés aux mêmes défis ?
Dans la tour de Jouarre, une grande statue du Christ se dresse pour bien signifier que la foi est enracinée dans cette terre de Brie depuis près de quinze siècles, mais nous savons qu’elle est loin d’être partagée par le plus grand nombre.
Devant la force de l’événement, les doutes des premiers témoins sont tombés, et avec un courage absolument nouveau, ils se présentent au monde pour dire « le Christ est vraiment ressuscité »
C’est à nous d’accueillir et de prolonger leur témoignage.
Prière universelle
« Voici le jour que fit le Seigneur », Christ est ressuscité ! Christ est Vivant ! Avec émerveillement et confiance supplions le Seigneur de nos vies.
R/I-46: O Christ ressuscité, veille sur ton Église.
1. Prions le Christ ressuscité, Lumière du monde,
de libérer son Église de toute ombre et de tout repli,
et que rayonne sur elle la lumière de son Visage.
R/
2. Prions le Christ ressuscité, puissance de vie et de résurrection,
de fortifier les baptisés de Pâques,
et de libérer en eux sa Joie.
R/
3. Prions le Christ ressuscité, tu as brisé à jamais les liens de la mort:
de faire jaillir dans les lieux de guerre, de corruption et de souffrance,
la Justice, la Paix, et la Compassion.,
prions-le spécialement pour la Belgique éprouvée par les attentats.
R/
4. Prions le Christ ressuscité, ferment nouveau de notre humanité
de soulever chacune de nos vies pour que le monde croie,
et qu’advienne son Royaume.
R/
Seigneur de Gloire, tu connais ce qui est bon pour nous,
exauce notre prière et fais lever en notre temps les fruits de ta Résurrection,
Toi le Vivant pour les siècles des siècles.
Amen