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Textes à méditer

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Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu.1er livre des Rois, chap. 19

Tendre l’oreille au plus profond de son cœur… jusqu’à y discerner cette musique de fin silence dans laquelle Dieu se révèle.
C’est là aussi que résonne la Parole de Dieu, non pas celle écrite dans nos Bibles, mais « celle écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs. »
Pour conduire sur le chemin de ce silence du cœur, nous vous proposons quelques textes à méditer. Tirés de la Bible, ou d’auteurs de différentes époques, nous espérons qu’ils vous donneront le goût de faire halte « dans le ciel de votre âme » (Élisabeth de la Trinité

Nous poursuivons notre lecture du chapitre 6 de saint Jean.

Vous vous en souvenez : les choses avaient commencé par un triomphe : la multiplication des pains. Jésus était évidemment le Messie attendu, le nouveau roi d’Israël. Et puis les choses se sont gâtées. Jésus a reproché aux gens de se conduire en matérialistes, comme on dit aujourd’hui. Alors les gens ont commencé à rouspéter. Rouspéter, en langage biblique, ça se dit « murmurer ». Les gens ont commencé à murmurer. Comme leurs ancêtres avec Moïse : à peine étaient-ils sortis de la Mer Rouge sains et saufs, à peine avaient-ils échappé à Pharaon, à ses chars et à ses guerriers, qu’ils se sont mis à rouspéter. Pas trop fort, bien sûr, pour que Yahvé n’entende pas. Mais ils ont murmuré assez fort pour que Moïse, du moins, puisse les entendre : « Qu’est-ce que c’est que ce pays où tu nous as emmenés ? C’est un désert, il n’y a rien à boire, rien à manger. Nous allons crever. En Egypte, au moins, on avait des oignons et de la viande plein les marmites… »

Il faut écouter la plainte d’Israël, la plainte de toujours. C’est la nôtre. Rêvant d’un avenir paradisiaque, mais incapables d’accueillir le présent – le présent du présent, le cadeau du présent – et nous réfugiant toujours dans la nostalgie du passé – passé mythique, le plus souvent.

Il faut dire que Jésus avait fait très fort dans la provocation : « Je suis le pain qui descend du ciel. »

Mais c’est la folie furieuse, la grande paranoïa !

« Ce Jésus qui fait courir les foules, ce Jésus qui fait la vedette dans les pays des environs, nous, nous le connaissons bien ! Certes, il cause bien, il a fait des études à Jérusalem et ça se voit. Mais nous, on ne nous la fait pas ! Nous savons bien qui il est : le fils du charpentier. Nos gamins ont fait les quatre cents coups avec lui quand ils étaient petits… Il ne faudrait tout de même pas qu’il se prenne pour un prophète ! Il a peut-être la grosse tête, mais nous, on a les pieds sur terre. »

Les pieds sur terre… C’est justement cela, leur problème. Ils vivent au ras du sol.  Leur dieu, c’est leur ventre. Incapables de prendre un peu de hauteur et de distance par rapport au souci du boire et du manger.  Le souci de la survie et de la sécurité, c’est bien, c’est nécessaire. Mais, pour Jésus, ce n’est pas tout. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » La parole aussi, ça peut nourrir. La parole aussi, c’est indispensable à la survie de l’homme, s’il ne veut pas régresser au niveau de l’animal, qui, lui, ne parle pas.

Prendre la mesure du terrible malentendu entre Jésus et ses frères juifs.

Eux, ils vivent au niveau de leurs besoins. Pas tous, bien sûrs. Mais ceux que Blaise Pascal appellera des « Juifs charnels ». Car il y a des juifs charnels, comme il y a des chrétiens charnels, toujours selon Pascal. Ce sont, au fond, des matérialistes : ils vivent au niveau de leurs besoins, de ce qui se voit et se touche. Or Jésus a compris que sa mission consiste à leur apprendre à vivre au niveau de leur désir.

C’est grand, un désir, c’est immense, c’est infini, indéfini.

Un besoin, c’est petit, c’est mesquin. C’est vite satisfait : une bonne bouffe, un gros chèque, une partie fine, comme on dit, et voilà ! L’ennui, c’est qu’un besoin, aussitôt qu’il est satisfait, il recommence.  On n’en a jamais fini avec les besoins. On n’a jamais assez d’argent.

Avec le désir non plus, on n’en a jamais fini. Mais justement : vivre au niveau de son désir, c’est accepter de renoncer à la satisfaction immédiate des besoins, pour accéder à une soif supérieure. Car il y a des soifs, il y a des faims plus comblantes que la satisfaction d’un appétit.

L’amour, le vrai, est de l’ordre du désir, pas du besoin. Jésus est venu essentiellement pour inviter les hommes, tous les hommes, même les hommes charnels, surtout les hommes charnels, à vivre d’amour.

A connaître l’amour. A remplacer le mot Dieu, qui est un mot galvaudé, voire dangereux, par le mot amour. A se traiter les uns les autres en enfants de l’amour.

Qu’est-ce qui réunit les enfants de l’amour ? Qu’est-ce qui nourrit les enfants de l’amour ?

Jésus le révèlera dimanche prochain.

Dis-moi de quel pain tu manges, je te dirai qui tu es.

(Evangile selon Jean 6, 41-51 ; Jouarre, dimanche 11 août 2024 ; Dominique Salin, jésuite)

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