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Textes à méditer

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Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu.1er livre des Rois, chap. 19

Tendre l’oreille au plus profond de son cœur… jusqu’à y discerner cette musique de fin silence dans laquelle Dieu se révèle.
C’est là aussi que résonne la Parole de Dieu, non pas celle écrite dans nos Bibles, mais « celle écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs. »
Pour conduire sur le chemin de ce silence du cœur, nous vous proposons quelques textes à méditer. Tirés de la Bible, ou d’auteurs de différentes époques, nous espérons qu’ils vous donneront le goût de faire halte « dans le ciel de votre âme » (Élisabeth de la Trinité

Ils ont raison, les Juifs : cette histoire d’un homme qui dit : « Ma personne, ma vie, elle est comme du pain, elle est faite pour être mangée », ça ne tient pas debout ! Jamais aucun sage, aucun maître de vie spirituelle, aucun fondateur de religion n’a parlé comme ça !

Nous sommes renvoyés à ce qu’il y a de plus élémentaire dans le christianisme, et dans la vie humaine.

Le pain, c’est d’abord la base et le symbole même de notre civilisation. Depuis la Mésopotamie et Sumer, nous appartenons à la civilisation du pain comme d’autres à celle du riz ou du maïs. Le pétrin du boulanger est comme le creuset de notre vie, et de notre vie commune : matière vivante, la pâte est travaillée pour donner la vie à toute une communauté. Ce pain, doré et croustillant, la boulangère ou la mère de famille ne le fait pas pour elle toute seule. Le pain est fait pour toute une famille, tout un village, tout un quartier. Quand il n’y a plus de boulanger dans un village, ce n’est pas bon signe. Le pain, c’est le symbole de la vie, et de la vie partagée. Dans le pain, il y a toujours, d’une manière ou d’une autre, de l’amour.

Mais il y a pain et pain. On ne mange pas de n’importe quel pain (« Moi, Monsieur, je ne mange pas de ce pain-là ! »). Dis-moi de quel pain tu manges, je te dirai qui tu es. 

Le chrétien est quelqu’un qui mange le pain du Christ. Il se nourrit du Christ. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire d’abord que le christianisme n’est pas d’abord une doctrine, comme le confucianisme ou le bouddhisme ou le stoïcisme. On ne mange pas une doctrine. Le christianisme n’est pas d’abord un livre, ou un corps de connaissances. C’est un corps de vie, un corps de personnes vivantes. C’est un abus de langage que de classer le christianisme parmi les « religions du livre ». Le christianisme n’est pas une religion du livre. Le christianisme est d’abord l’amour d’une personne ; une personne dans laquelle nous reconnaissons l’incarnation de l’amour absolu. Cette personne, Jésus, a aimé comme personne n’a aimé. Cette personne, Jésus, a trouvé des mots qui n’ont jamais égalés pour dire le sens de la vie ; pour dire comment se conduire vis-à-vis des autres et de soi-même, et donc vis-à-vis de Dieu.

Et le chrétien est convaincu que cette personne, Jésus, n’était pas seulement quelqu’un qui disait des paroles de vie, mais que Jésus était habité par la Vie même, qu’il était la Vie même (saint Jean : « Au commencement était la Parole, et en elle était la Vie »). Si la Parole, la parole divine ; si la Vie, la vie divine, étaient en Jésus, alors Jésus n’a pas pu rester prisonnier de la mort. Il est forcément vivant et sa vie se propage en nous, si nous acceptons de laisser cette vie entrer en nous, nourrir notre vie. Une vie d’amour.

C’est en regardant Jésus, en écoutant Jésus, en méditant la vie et les paroles du Christ ; c’est en nous nourrissant du Christ comme on se nourrir de pain, que nous aurons la vie, la vie de Dieu, la vie d’amour qu’est Dieu.

Prier, pour un chrétien, c’est d’abord cela : c’est s’ouvrir l’intelligence et le cœur à la personne et à la parole de Jésus (très peu de gens font cela, trop peu). On prend l’évangile, saint Marc, par exemple, le plus court ; ou saint Jean, le plus immédiatement mystique, et on regarde ce qui s’y passe. On se laisse impliquer. On se laisse imprégner. On mastique, on rumine, on savoure, et on avale – comme avec le pain quand il est vrai et bon. C’est comme ça qu’on se fait entrer le Christ dans la peau. Pas d’abord en apprenant un catéchisme. Pas la peine d’être un intellectuel, au contraire. Bernadette Soubirous avait très bien compris cela. Les vacances, ce peut être un bon moment pour s’exercer à la prière en regardant Jésus dans l’évangile.

Quand nous allons nous avancer pour recevoir le pain eucharistique, c’est cela que nous allons exprimer : le désir – déraisonnable, mais pas insensé – de vivre de la vie même du Christ, de la vie même de Dieu ; de devenir de plus en plus ce que nous sommes : le Christ, le corps du Christ. Car le Christ, c’est nous, c’est saint Paul qui le dit.

(Evangile selon Jean 6, 51-58 ; Jouarre, dimanche 18 août 2024 ; Dominique Salin, jésuite)

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