Vivre de Dieu

Méditer la Parole de Dieu

La lectio divina
 

Lire

Une expérience
à vivre ensemble

Lire

Ecoute… :
Textes à méditer

Lire

Textes à méditer
Textes à méditer

Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu.1er livre des Rois, chap. 19

Tendre l’oreille au plus profond de son cœur… jusqu’à y discerner cette musique de fin silence dans laquelle Dieu se révèle.
C’est là aussi que résonne la Parole de Dieu, non pas celle écrite dans nos Bibles, mais « celle écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs. »
Pour conduire sur le chemin de ce silence du cœur, nous vous proposons quelques textes à méditer. Tirés de la Bible, ou d’auteurs de différentes époques, nous espérons qu’ils vous donneront le goût de faire halte « dans le ciel de votre âme » (Élisabeth de la Trinité

           « Ils se taisaient car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand ». Depuis  des mois, Jésus emmène les disciples à sa suite, pour les ouvrir au Royaume ; là, il vient d’annoncer sa mort prochaine… et eux ils se demandent entre eux qui est le plus grand.

            Le souci d’être le plus grand, de trouver, de prendre sa place. St Jacques, dans la 2ème lecture parle de la « jalousie et des rivalités ». On voit tous très bien ce que c’est, je crois. Spectacle un peu désespérant, au travail, dans nos familles, dans la société. Si on est honnête, on doit reconnaître que nous-mêmes n’y échappons pas. Bien sûr on ne demande pas explicitement « qui est le plus grand? ». Mais il y a de ça derrière nos regards de travers, nos paroles désobligeantes, qui rabaissent les autres. Tu as vu ce qu’il fait, tu as vu ce qu’elle dit, il se prend pour qui ? Rabaisser les autres... comme si ça nous élevait un peu au-dessus d’eux. Pour être plus grand. 

            C’est sans doute parce qu’on naît et qu’on grandit dans un monde marqué par la jalousie et les rivalités qu’on se laisse entraîner sur ce terrain. On se laisse influencer par cette manière de trouver sa place. Alors on pourrait accuser ce monde. Rêver d’un monde où il n’y aurait plus ces rivalités et ces jalousies. Mais c’est bien dans ce monde qu’il s’agit de vivre. Toute la Bible en prend acte. La Bible est truffée d’histoires de jalousie et de rivalités. Et on le voit aujourd’hui : même les disciples, qui ont Jésus à leurs côtés en permanence, se laissent entraîner là-dedans. C’est notre monde. Avec sa part d’obscurité. Et il faut consentir à ce monde, comme il est. 

            Consentir ça ne veut pas dire le banaliser. Jésus est loin de le banaliser. D’ailleurs, le récit d’aujourd’hui commence par l’annonce de sa mort. Les jalousies et les rivalités tuent. Ce sont elles qui causeront la mort Jésus, l’envoyé de Dieu. C’est sans ambiguïté, c’est grave, c’est dramatique. Mais Jésus sait que c’est dans ce monde qu’il est venu. Il connaît son obscurité. Ca veut dire quoi ? Qu’il va entrer, comme chacun de nous, dans ce jeu des rivalités et des jalousies ? Et bien non justement. Elle est là la force de Jésus. Au milieu de ce monde qu’il connaît, et qu’il ne rêve pas de changer par un coup de baguette magique, lui, il va ouvrir une autre voie, ouvrir un passage. Nous faire voir, nous faire entendre que ce n’est pas une fatalité d’entrer dans ce jeu. Au-milieu des loups qui hurlent, on n’est pas obligés de se mettre à hurler.

            Quand il met les disciples face à leurs jalousies un peu honteuse, quelle réponse il propose ? Est-ce qu’il va les rabaisser ? pour s’élever, lui, comme le font tous les jaloux ? Non. Il s’assoit, d’abord. Et puis il fera venir un enfant, l’embrassera, simplement. Il se dégage une paix étonnante de ces gestes de Jésus. Face aux ténèbres de sa mort à venir, à cause des rivalités humaines, face à  cette sombre jalousie de ses disciples, Jésus ne cherche pas à dénoncer cette obscurité, à crier plus fort qu’elle. Il n’a pas peur d’elle. L’obscurité est là dans ce monde, oui. Mais il connaît une lumière plus forte que cette obscurité. Il vit de cette lumière, et il l’offre. Il répond aux ténèbres par la paix tranquille de Celui qui ayant mis toute sa confiance en Dieu, n’a pas besoin de rabaisser les autres pour s’élever. Il montre à ses disciples, il nous montre, par son attitude, que ce n’est pas une fatalité de se laisser entraîner dans les ténèbres par les ténèbres. On peut aussi choisir la lumière et la paix.

            Il y a ces attitudes de Jésus. Il y a aussi ses paroles. Il sait bien que derrière l’envie d’être le plus grand, il y a des désirs humains, ni complètement bons, ni complètement mauvais. Ambigus surtout. Alors il ne demande pas de les étouffer ces désirs. Ce serait étouffer notre humanité. Lui-même est un homme de désir, brûlé du désir de Dieu. Il invite ses disciples plutôt à convertir leur désir. Tu étais prêt à mettre toute ton énergie pour être le premier ? Et bien garde surtout cette énergie, prends toute cette énergie, mais pour être le dernier, le serviteur de tous. Être serviteur de tous, ça ne va dire chercher à être le meilleur serviteur, et être jaloux de ceux qui sont meilleurs serviteurs. Ca c’est encore être le premier. Être le dernier, être le serviteur de tous, ça veut dire... plutôt que de rabaisser les autres pour s’élever soi, essayer d’élever les autres, en n’ayant pas peur de se rabaisser parfois s’il le faut. Quand Jésus lave les pieds de ses disciples, ce n’est pas pour jouer, lui, la star de l’humilité, c’est pour les élever, eux, pour leur faire voir, sentir, à quel point ils sont aimés du Père, que son amour va jusque-là. Et quand Jésus invite à accueillir les enfants à sa manière, en disant que c’est un geste qui met de côté de Dieu, du côté de la lumière, c’est parce que on le sait, avec les enfants on ne fait pas les choses pour obtenir leur reconnaissance (on est souvent déçus ;) ), on n’y gagne rien, on n’y gagne pas d’honneur ou de première place : on est dans la posture de serviteur d’un plus petit que nous, et ça, c’est juste.

            Alors voilà où nous emmène Jésus aujourd’hui. Oui, notre monde est travaillé par les rivalités et la jalousie, et ça fait du mal. Et alors ? C’est dans ce monde que Dieu nous a fait naître. C’est là qu’il nous invite à vivre. Jésus nous montre qu’on n’est pas obligé de faire le jeu des ténèbres. Il ouvre un passage. Et c’est notre mission de chrétiens, de continuer à faire voir que ce passage reste ouvert, pour tout homme, toute femme ; que nous n’avons pas peur du cercle infernal des jalousies et des rivalités, car Jésus nous a montré que ce n’est pas une fatalité. Si nous avons confiance que Dieu prend soin de nous, nous n’avons pas besoin de rabaisser les autres pour nous élever. Si nous croyons au Dieu de la paix, nous pouvons choisir de répondre aux ténèbres par la paix. A la manière de Jésus. Si nous croyons à un Dieu qui s’est fait serviteur, nous pouvons choisir de répondre aux rivalités en nous faisant Serviteurs. A la manière de Jésus.

            Au fond, le défi c’est d’y croire. Ne nous lassons pas de contempler Jésus. L’air de rien, chacun de ses gestes et de ses paroles est une victoire sur les ténèbres. Et ce combat se gagne par la paix et le service. A force de le voir, nous y croirons, et nous deviendrons, joyeusement, Serviteurs !

Homélie 22/09 – Jouarre – Mc 9, 30-37

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre