Ceux d’entre vous qui ont suivi du catéchisme en primaire ou au collège ont sûrement dû croiser plusieurs fois cette histoire de Zachée et peut-être même vous a-t-on invité à le représenter par une BD ou un mime ? En effet cette scène que nous rapporte l’évangile de Luc est tellement visuel qu’il se prête bien à ce genre d’exercice.
Si j’avais personnellement à en faire un tableau, je crois que je mettrais en relief les regards croisés de Zachée et de Jésus. Zachée, nous dit l’évangile « cherchait à voir Jésus ». Simple curiosité ou plus ?
La suite nous montre qu’il y avait beaucoup plus (à son insu sans doute) et cela ne s’est dévoilé à lui que dans la rencontre avec Jésus. Il « cherchait à voir Jésus » et il en a pris les moyens : monter sur un arbre en laissant voir sa petite taille à tous lui le « chef des collecteurs d’impôts » personnage très important, redouté de tous pour ses prélèvements fiscaux très arbitraires au profit de l’occupant romain et de sa propre fortune.
Difficile de voir sans être vu : Zachée en prend le risque et peut-être même le désire-t-il profondément : être vu de cet homme Jésus dont on parle beaucoup. Jésus ne manque pas ce rendez-vous désiré : « Levant les yeux » il s’adresse à Zachée.
« Levant les yeux » tout comme il les baissera devant les meurtriers en puissance de la femme adultère pour mieux s’adresser à leur cœur sans les provoquer inutilement droit dans les yeux. Jésus adapte sa vision au rythme des évènements et de ce que son cœur lui suggère mais son regard est bien présent chaque fois comme dans la rencontre des premiers disciples dans l’évangile de Jean ou bien avec le jeune homme riche dont il est dit que Jésus « posa son regard sur lui et se mit à l’aimer ».
« Poser son regard » c’est là aussi très visuel : c’est vraiment prendre le temps de regarder, ce n’est pas un regard machinal comme on en fait tant dans nos journées. C’est prendre le temps de contempler, d’accueillir et d’aimer.
Que s’est-il donc passé dans le cœur de Zachée pour que peu de temps après (le temps tout de même d’un repas), il s’écrie « tout joyeux » nous dit l’évangile : « Eh bien, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un je lui rends le quadruple » ? Rien de moins que « le salut venu ce jour-là dans sa maison » !
Malgré les critiques de ceux qui trouvent que vraiment Jésus a de mauvaises fréquentations et que pour quelqu’un qui prétend délivrer un message de Dieu cela fait un peu tache, Jésus insiste : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu »
Comment bénéficier nous aussi de ce salut qui rend tout joyeux et change profondément la vie ? Ce récit de l’évangile nous suggère, semble-t-il, de consentir à nous laisser voir tel que nous sommes devant Jésus avec notre petitesse. Nous ne sommes pas obligés de monter sur un arbre pour cela : nous pouvons nous tenir devant lui dans le silence de la prière ou se laisser voir par lui dans le sacrement de la réconciliation ou encore dans la vérité d’un partage avec d’autres. Il suffit de se laisser voir et de permettre ainsi à Jésus de « poser son regard » sur nous, de se laisser prendre dans son regard d’amour qui peut retourner notre cœur et notre vie. Merci Jésus de prendre la route vers nous avec tes yeux grands ouverts remplis d‘amour !