Homélie
Prière universelle
Humilité ? Humanité ?

On imagine bien. Jésus invité à ce banquet où on l’attend au tournant : qu’est-ce qu’il va encore nous dire, ce Jésus ? Et le fait est qu’il ne peut pas se retenir… Qu’est-ce que vous voulez, ça lui saute aux yeux, ces gens qui se précipitent l’air de rien vers les places d’honneur. C’en est drôle. J’imagine qu’il s’en amuse d’abord, et puis… derrière une forme ironique il leur dit quelque chose de très sérieux.

Il leur dit : « Mais à quoi jouez-vous ? Vous vous êtes vus ? Vous cherchez les honneurs, vous vous flattez mutuellement, je t’invite aujourd’hui et tu m’inviteras demain… » Nous sommes en pleine mondanité. La mondanité, c’est ça : on s’entretient mutuellement dans sa propre gloire. Pour Jésus, ce sont des faux-semblants, ce n’est pas dans la vie.

« Dites-donc, dit Jésus, il serait peut-être temps de changer de jeu, d’arrêter de jouer et de commencer à vivre ! Il serait peut-être temps d’entrer dans le jeu de la vie. » Vous voulez « grandir », vous voulez croître en humanité, donner à votre vie plus de poids, plus de sens, plus de bonheur aussi ? Eh bien je vais vous indiquer la voie royale pour grandir en humanité : elle s’appelle le chemin d’humilité. C’est cela que suggère la parabole.

Humanité, humilité : ça ne se ressemble pas un peu ? Les deux mots évoquent l’humus, la terre. Foncièrement nous sommes des « terreux » (la Bible appelle le premier homme Adam, ce qui veut dire le « terreux » ; en hébreu, Adama, c’est la terre). Oh, nous ne sommes pas seulement de la terre ! Nous sommes une terre insufflée par Dieu, animée par le souffle de Dieu, moyennant quoi nous accédons à une vraie grandeur, à l’« image et ressemblance » de Dieu. Mais cela, dit Jésus aux pharisiens, ça ne se prend pas de force ; c’est une grâce qui se reçoit. Quand vous jouez du coude pour prendre les premières places, vous continuez la sottise d’Adam qui a voulu prendre de force la vie, comme si elle allait lui échapper, alors qu’elle est le don de Dieu.

Et Jésus nous présente un chemin d’humilité. Il nous dit : Faites cette découverte, apprenez peu à peu à quelle qualité de joie, à quel épanouissement de soi on accède sur le chemin d’humilité. Apprenez à prendre la dernière place, non bien sûr par calcul (il y avait de l’humour dans la parabole), mais parce que la dernière place, c’est la vôtre ! La dernière place, dos au mur, vous ne pouvez rien… mais alors Dieu peut tout. Si vous rejoignez la terre, soyez sûr que Dieu vous enverra son Esprit créateur « qui est Seigneur et qui donne la vie ». (Ce n’est pas pour rien qu’une moniale s’allonge sur le sol le jour de son oblation ; ou de même le prêtre le jour de son ordination. Je rejoins mon humble condition humaine et j’attends tout de Dieu.)

Vous hésitez à croire que la dernière place, c’est la vôtre ? Alors du moins sachez ceci : la dernière place, c’est celle du Christ, celle qu’a choisie le Christ. (Philippiens 2). Où nous apprendrons au passage que la « dernière place », nous met en « condition de serviteur ». Si nous entrons sur le chemin d’humilité, ce sera pour y rejoindre le Christ.

Vous faut-il peut-être quelques pistes concrètes pour progresser en humilité-humanité ? Les jésuites avec saint Ignace connaissent trois « degrés d’humilité » ; les bénédictins avec saint Benoît en connaissent… douze ! C’est dire qu’ils ont prévu toutes les bonnes occasions qui peuvent s’offrir d’exercer son humilité pour ressembler au Christ. J’en souffle quelques-unes :

-          Se tenir sous le regard de Dieu ;
-          Brider sa « volonté propre », c’est-à-dire ses instincts incontrôlés ;
-          Sous l’épreuve, se taire et attendre le Seigneur ;
-          Obéir à qui de droit, par amour du Christ obéissant ;
-          Ouvrir son cœur à celui ou celle que j’ai choisi pour maître spirituel ;
-          Accepter toutes les tâches qui me sont confiées, sans les juger trop basses pour moi ;
-          Tenir sa place avec modestie et discrétion. Etc. (quelques autres encore).

Mille et une occasions d’apprendre que l’on « monte en descendant ». Mille et une occasions de devenir de plus en plus « vivants », pour une plus grande gloire de Dieu.

(P. Miguel Roland-Gosselin, sj)

Prière universelle

En ce dernier Dimanche avant la rentrée pour les jeunes
et avant la reprise des activités dans tous les secteurs,
prions Dieu notre Père avec confiance pour le monde entier.

R/ 20 Dieu d’amour, entends notre prière !

Pour les chrétiens qui ont donné une partie de leurs vacances pour approfondir leur foi,
que la Parole de Dieu soit présente et active dans leur vie et celle de tous les baptisés ;
Prions Dieu notre Père 

Pour les migrants, en particulier ceux de Calais qui vivent dans des conditions très difficiles ;
pour les habitants au Nord-Kivu - et beaucoup d’autres lieux -  qui vivent l’indifférence des autres pays devant les violences qu’ils subissent,               Prions Dieu notre Père

Pour ceux qui s’engagent – avec dynamisme et humilité – à rendre notre planète habitable pour tout être humain ,
Prions Dieu notre Père    

Pour nous tous ici rassemblés,
que nos cœurs et nos mains s’ouvrent pour laisser pénétrer dans toute notre vie ce que nous vivons dans cette célébration,
Prions Dieu notre Père

 

Dieu de tendresse et de miséricorde,
Tu accueilles les pauvres et les humbles
Daigne exaucer notre prière
par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre