Aux temps bibliques, il n’était pas de personnage plus puissant que le roi. Il était donc assez normal de parler de la royauté de Dieu, pour évoquer sa toute puissance. Il n’en serait plus de même aujourd’hui alors que d’autres formes de gouvernement se sont imposées un peu partout. On parle plus facilement d’un roi du pétrole que du Roi du ciel et de la terre !
Donc un titre ambigu quand nous l’appliquons à Dieu. Il est plus de l’ordre de la métaphore quand nous représentons Dieu assis sur un trône entouré d’une armée de serviteurs. Mais Jésus l’a accepté, devant Pilate par exemple quand celui-ci lui demande : « Alors, tu es Roi ? » - « Oui, je le suis, je ne suis né et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18/37). Alors aucune équivoque n’était possible, car Jésus se présentait devant lui comme un condamné dépouillé de toute dignité, abandonné de la plupart des siens. Difficile alors de le prendre au sérieux. Dans le récit que nous venons d’entendre, aucun détail sur la crucifixion proprement dite. Toute l’attention se concentre sur Jésus lui-même et les réactions des uns et des autres.
Jésus adresse sa première parole au Père, tout comme à son baptême et à son agonie. Le Fils continue à être engendré par le Père au moment où il souffre sur la croix. C’est à lui qu’il adresse une demande de pardon pour ceux qui le condamnent comme s’il lui demandait de devenir aussi leur Père, malgré le péché. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Tant d’actes affreux sont commis sans que leurs auteurs en sachent vraiment la portée !
Les soldats apparaissent ici pour la première fois. En se partageant le vêtement de Jésus ils réalisent à leur insu ce que dit le psaume « ils se partageant mes vêtements et ils jettent le sort sur mon manteau » ps 22
Le peuple lui, contemple, c’est plus que regarder, c’est assister à la scène en réfléchissant : « et moi je suis un ver et non un homme, sujet de honte pour l’homme et de mépris pour le peuple ; tous ceux qui me contemplent ricanent : Qu’il se sauve lui-même, s’il est le messie de Dieu » 22/7.9
Les soldats aux aussi se moquaient de lui. Ils le mettent au défi de se sauver. Ironiques, ils l’appellent le roi des juifs.
Un des malfaiteurs reprend à son compte la raillerie des chefs du peuple, réalisant à nouveau la parole du psaume, en blasphémant : n’es tu pas le Messie, sauve toi et nous aussi. Toujours la même image d’un Messie tout puissant opérant des actes spectaculaires.
L’évangile reprend ainsi les trois tentations de Jésus au désert, en les mettant sur les lèvres de ses détracteurs. A trois reprises la même suspicion : « Si tu es le Messie… » Jésus ne répond pas, il assume toute la violence qui se déchaîne. Il ne se sauvera pas lui-même pas plus qu’il ne transformera les pierres en pain, défiant la mort en se jetant en bas du Temple conquérant le monde en un instant. Livré, il accueille la mort en se remettant au Père. Un moment de lumière éclaire ces ténèbres, le dialogue entre le deuxième malfaiteur et Jésus. Il n’est pas innocent, mais il a gardé sa conscience, ce qui le rapproche de Jésus. Rabrouant le premier hors la loi, il le remet dans sa vérité, lui reprochant de ne pas craindre Dieu et proclamant du même coup à la fois l’innocence de Jésus et sa royauté « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Règne Il s’entend répondre « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » Surabondance du don, vraie réponse de Jésus à ceux qui le tournent en dérision.
20.11.16
Prière universelle
Levons les yeux vers le Christ, Roi de l’Univers,
et supplions-le avec foi, dans l’attente de son retour.
R. 49 Vienne ton Règne, Seigneur de gloire !
A la fin de cette année
où l’Église a médité, accueilli, célébré la miséricorde de Dieu,
prions le Seigneur Jésus de façonner toujours davantage en ses frères
un cœur comme le sien,
habité par le non-jugement, la douceur, l’humilité.
En ce jour où nous fêtons le Christ, Roi de l’Univers,
prions le Seigneur Jésus d’inspirer au cœur de tous les dirigeants
les décisions justes et courageuses
pour que cessent enfin la guerre et les luttes fratricides.
Rassemblés autour de Celui qui nous a promis d’être avec nous pour toujours,
prions le Seigneur Jésus de se faire proche
de tous nos frères perdus dans la détresse et la souffrance,
sans berger, sans appui, sans espoir.
Nous venons d’entendre le dialogue de Jésus et du larron crucifiés.
Prions le Seigneur Jésus de nous garder d’oublier jamais
que son Royaume s’inaugure sur le bois du supplice,
où la toute-puissance touche le fond de la faiblesse humaine - par amour.
Seigneur Jésus, ami des hommes,
qui n’as d’autre puissance que celle de l’amour,
accueille notre prière,
toi qui règnes dans les siècles des siècles.