Homélie
Prière universelle
Esprit de communion
(Jn 20)

Ce dimanche tombe entre deux élections importantes pour les Français. On peut être content ou non des résultats, déplorer des discours, des attitudes, des projets qui ne nous honorent pas, mais ne doit-on pas reconnaître ce qui, dans le suffrage universel provoque l’homme à élargir ses horizons ? C’est comme si un peuple tout entier était à s’occuper des affaires de l’État, à regarder plus loin que le bout de son champ, à être participant de la vie des autres, du bien de la société.

Regardez de plus près, me diront certains, ce qui motive chacun, c’est son ambition, la défense de ses petits intérêts individuels. Peut-être ! Mais n’y a-t- il pas en l’homme ce petit coin de lui qui se laisse toucher par la misère du malade, du chômeur, de l’exclu, ce lieu qui ne supporte pas l’injustice et se montre capable d’être mobilisé par de grandes causes et plus encore par des témoins de la vérité, de la liberté qui osent et se risquent. A la Pentecôte, ceux qui sont à Jérusalem viennent de tout le monde connu. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Quand ils entendent Pierre et les autres chanter les merveilles de Dieu et proclamer la Bonne Nouvelle ils sont rejoints dans ce coin d’eux-mêmes qui aspire à autre chose, à la venue d’un monde nouveau. Et le miracle se produit.

Ils comprennent et se comprennent.

C’est l’étonnement : « comment se fait-il que chacun de nous entende ces Galiléens dans sa langue maternelle ? ».

La vérité se révèle.

Nous savons qu’il y a bien des manières de l’approcher. Elle est le plus souvent appréhendée sous le mode de l’expérience pour découvrir les lois de la vie et du monde afin d’en tirer des applications concrètes. C’est le point de vue du scientifique doublé du technicien.

Mais le philosophe que nous sommes tous plus ou moins dira que cette façon d’aborder la vérité laisse de côté les grandes interrogations sur la vérité en elle-même, son universalité, son origine. Nous en arrivons à ne plus voir la vérité que quand elle se fait sous nos yeux sous la forme d’un accord. Est vrai ce qui relève du consensus du plus grand nombre, sur un minimum acceptable par tous.

En parallèle se développe « à chacun sa vérité ».

Comment est-il possible alors de vivre ensemble en évitant les communautarismes, les ghettos de toute sorte ? C’est là que nous retrouvons nos textes de Pentecôte.

Les apôtres ont fait l’expérience que le vivre ensemble, le fait de se comprendre les uns les autres était à la fois quelque chose de construit et de foncièrement donné, un don de l’Esprit Saint. Là où l’histoire avait contribué à séparer les hommes avec des langues qui les divisent, ils accueillent en ce jour l’Esprit Saint comme la présence divine qui unifie et ouvre à nouveau les voies de la communion

Comme l’avait noté S.Paul, l’Esprit ne vient pas niveler tout selon un dénominateur commun. Non il permet à chacun d’être pleinement lui-même, en étant au service de tous, pleinement galiléen au service de tous les étrangers qui sont à Jérusalem ou, pour reprendre l’image du corps, être pleinement main ou tête au service de tout le corps.

Si ce mystère d’unité est à l’œuvre dans l’Église des croyants, il l’est aussi dans le monde, comme un ferment qui ne demande qu’à être activé, reconnu et accueilli. C’est la contribution que les chrétiens peuvent apporter à notre monde. Nous ne sommes pas destinés à nous replier dans un communautarisme chrétien, mais à être pleinement ce que nous sommes dans le désir de servir tous les hommes en sachant écouter et accueillir ce qu’ils sont.

En cette Eucharistie accueillons en nous la vie de l’Esprit, son énergie de communion.

Prière universelle

Baptisés dans l’Esprit pour former un seul corps,
demandons pour tous les hommes, les dons de l’Esprit Saint.

R/ 64 Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.

  Sur les familles et sur toutes les communautés
dans l’Église et dans le monde,
demandons l’Esprit d’amour et de bienveillance
pour aplanir toutes les difficultés dues à nos diverses sensibilités et nos origines différentes
pour construire l’unité.

Sur les malades, les réfugiés, les prisonniers,
demandons l’Esprit de force et de réconfort
pour être libérés de la peur et vivre l’aujourd’hui avec confiance sans se lasser ni se décourager.

Sur les responsables politiques,
demandons l’Esprit de sagesse    
pour gouverner leur pays avec droiture avec le souci des plus démunis.

Sur nous tous ici rassemblés,
demandons les dons de l’Esprit
pour devenir vraiment les enfants de Dieu
en répandant la paix dans le monde et en témoignant de la joie d’être aimés par notre Père des cieux,
chacun dans son propre chemin de vie.

Dieu de tendresse et de miséricorde,
Tu accueilles les pauvres et les humbles
et les combles des  dons de l’Esprit
entends notre prière
par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre