Homélie
Prière universelle

TRINITÉ

“A quoi vous servent de hautes discussions sur la Trinité si vous venez à manquer d’humilité et à  déplaire ainsi à la Trinité”
Imitation 1.1 

Avouons-le, le dogme de la Trinité est peut-être, dans la foi chrétienne, celui qui est le plus difficile à admettre. Aussi bien juifs que musulmans, avec lesquels nous partageons la foi en un Dieu unique, ne comprennent pas pourquoi les chrétiens ont imaginé une chose pareille. Hérétiques pour les juifs, associateurs pour les musulmans, beaucoup refusent de nous reconnaître comme eux fils d’Abraham. 

En ceci il ne s’agit pas de théorie, mais d’expérience, celle des disciples de Jésus qui, avec lui, ont appris à nommer Dieu le Père,(Ps 89/27) tout en le découvrant  lui, Jésus, comme l’Envoyé du Père, image parfaite du Père, en même temps qu’il leur promettait la venue d’un Autre lui-même, présent dès l’origine, mais capable de défendre sa mémoire et d’assurer à tout jamais, sous une autre forme, sa visibilité.

C’est bien de la vie avec Jésus que naît la conviction que Dieu est l’unité des trois. A partir de cette Trinité manifestée en ce monde, on s’est mis à réfléchir et à exprimer cela en des formules qui ne font pas nécessairement appel à l’intervention de Dieu dans l’histoire. Il en est ainsi de toute formule qui donne comme une sorte de conclusion sans détailler le chemin par lequel on y parvient.

Entreprise difficile conduite au cours des premiers siècles au cœur de bien des conflits d’interprétation sur la nature de la foi. Sans l’aide de l’Esprit, l’entreprise ne pouvait aboutir. Elle différencie la foi chrétienne de toute autre croyance.

Dieu n’est pas pour nous ce souverain siégeant sur un trône, qui dirige tout d’en haut. Si l’image est bien présente dans l’Ancien Testament, c’est pour être dépassée en celle du Messie crucifié, Verbe fait chair

Pour parler de la création de l’homme, la Bible n’a pas seulement recours à l’image du potier, mais aussi à celle du tisserand :

« Tu m’as tissé au ventre de ma mère… »
Ps 139/13.

De fait nous sommes comme un tissu de relations. Nous le comprenons peut-être mieux à partir du rôle joué par l’ADN. Notre langue, notre civilisation, nous avons tout reçu. Nous n’existons que par les relations que nous entretenons avec ce qui nous entoure. Tout cela trouve sa signification pleine et entière quand je me relie aux autres par l’amitié, par l’amour. Alors je suis vraiment à l’image de Dieu qui est lui même relations. Père, Fils Esprit sont des termes empruntés à notre expérience humaine, inaptes à dire le tout de Dieu. Nous pouvons quand même les employer puisque nous sommes à son image. Nous sommes en quelque sorte structurés par la Trinité. Les réalités humaines nous donnent une idée de son mystère.

Il n’y a que la foi chrétienne qui  proclame cette Bonne Nouvelle.

« Nul n’a jamais contemplé Dieu.
Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous,
en nous son amour est accompli.
A ceci nous reconnaissons que nous demeurons en Lui et Lui en nous :
c’est qu’il nous a donné de son Esprit.
Et nous, nous avons contemplé
et nous attestons que le Père a envoyé son Fils, le Sauveur du monde ».
1 Jn 4/12-14

10.6.17

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre