Zachée, ce petit personnage qui nous rappelle le catéchisme de notre enfance a tout ce qu’il faut pour plaire : petit, il court, il monte aux arbres tout ce dont rêvent les enfants. Pour bien des adultes il a pour lui d’être riche, chef des collecteurs d’impôts, une sorte de trésorier payeur général. Il n’en reste pas moins qu’il est exclu, par son appartenance à une catégorie professionnelle méprisée, infréquentable, pas question pour un juif de partager sa table. Jésus le savait bien. Lors de l’appel de Matthieu il le fit et s’attira la critique des pharisiens.
Il y a quelque chose d’unique chez Zachée : il pressent qu’il lui manque quelque chose il cherchait à voir qui est Jésus, une aspiration qui ne datait pas de ce jour-là . A la différence d’Hérode qui cherchait lui aussi à le voir dans sa perplexité, c’est la personne de Jésus qui intrigue Zachée. D’où une première question pour nous :
avons-nous ce même désir,
avec la même force qui le rend capable
de braver les conventions,
de nous comporter comme un enfant,
de courir comme s’il y avait urgence ?
En écoutant pour la nième fois ce récit de saint Luc, croyons-nous que Zachée peut nous aider à rencontrer Jésus une nouvelle fois, aujourd’hui ?
Or Jésus veut rencontrer Zachée. Il aurait pu, sur la route de Jérusalem, traverser Jéricho sans s’arrêter, c’était le plus naturel, mais toujours à l’heure des rencontres imprévisibles, il lève les yeux et son regard vient croiser celui de Zachée, il l’appelle par son prénom, le rejoignant en sa personne, au plus profond de lui-même. Il va même bien au-delà, s’invitant chez lui, sans délai, sans préalable, comme si c’était une nécessité : « aujourd’hui, il me faut… ».
Zachée le reçoit alors avec joie Il vient pour demeurer, car le thème de la demeure de Dieu parmi les hommes est central dans la Bible. Désormais la demeure de Dieu sera le cœur de l’homme. Il vient nous habiter, pêcheurs que nous sommes. Les bien-pensants s’en indignent : Il est allé loger chez un pêcheur ! Lui se présente debout, s’engage à donner la moitié de ses biens aux pauvres, à réparer ses torts.
Rien de contraint dans son attitude,
elle découle tout naturellement
de la parole de Jésus
et de la joie qu’elle a fait naître en lui.
Il devient fils d’Abraham tout comme la femme courbée et guérie. Est-il pour autant devenu disciple ? Pas à la manière de ceux et celles qui suivent Jésus. Il ne donne pas tous ses biens, il ne quitte pas sa maison, pas plus que Marthe et Marie.
Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu . Voici que s’opère tout un renversement. Jésus venait donc chercher et sauver Zachée avant même que celui-ci ne cherche à le voir, tout comme le berger cherche la brebis perdue, comme le Père guette le retour du fils prodigue. Bien plus tard dans l’histoire les Pères de l’Église définiront que la grâce précède toujours les efforts de l’homme, c’est la foi de l’Église que nous allons proclamer dans quelques instants, tout en donnant priorité au désir de connaître le Christ, en ouvrant nos portes pour qu’Il vienne habiter chez nous.
3.11.19
Prière universelle
À Celui qui veut le salut de tous les hommes car Il les a créés,
adressons nos supplications, confiants en sa miséricorde.
Prions pour le pape François, les évêques et tous les chrétiens.
Que chacun se laisse regarder par le Christ,
pour qu’en chaque homme il reconnaisse un frère.
21 « Exauce-nous, Sauveur des hommes ! »
Prions pour la Syrie et sa population.
Que les belligérants aient pitié du martyre de ce peuple,
et cessent de n’y chercher qu’un profit à gagner.
Prions pour les Zachée de notre temps :
ceux qui cherchent un visage qui les accueille avec amour,
ceux qui ont des richesses qui les ligotent dans le mensonge et l’injustice,
ceux qui osent l’aventure de la conversion.
Prions pour l’assemblée que nous formons aujourd’hui.
Que chacun et chacune se rendent disponibles, comme Zachée,
à accueillir le Seigneur dans sa maison.
Entends, Seigneur, les mots de notre prière ;
entends aussi les murmures secrets de nos cœurs
et daigne les exaucer,
Toi qui règnes dans les siècles des siècles.