A première vue la famille de Jésus n’est pas un modèle du genre : un père qui n’est pas le père, un enfant qui fait une fugue à douze ans, une mère qui « garde ces choses dans son cœur », un père qui ne dit rien, la communication n’est pas très à l’honneur. La vérité c’est que Matthieu veut surtout montrer à ses compatriotes juifs que Jésus est le nouveau Moïse venu lui aussi d’Égypte avant de donner la Loi nouvelle.
Cette famille est cependant qualifiée de sainte, c’est-à-dire qu’elle appartient à Dieu. Voici donc une famille pas comme les autres. Le nombre de trois veut-il évoquer la trinité ? Difficile à dire, mais il est vrai que
nous ne pouvons imiter Dieu
qu’en nous faisant relations.
Paternité, maternité, filiation,
tous les autres liens s’en inspirent.
Quand Jésus nous dit qu’il faut quitter père et mère pour le suivre cela veut dire que nous sommes appelés à une autre naissance.
La première idée qui vient à l’esprit, c’est que cette sainte famille se caractérise par l’amour mutuel. Mais qu’est-ce que l’amour ?
On le confond souvent avec le désir de posséder ou d’être possédé. Or avec le Christ, il s’agit au contraire de se déposséder. L’amour atteint la perfection quand il donne sans attendre de retour. St Paul dit bien : « Là où abonde la faute, l’amour surabonde » Rom 5/20
c’est par l’amour que Dieu répond à nos manques d’amour.
Si les évangiles ne nous rapportent qu’un seul dialogue échangé dans la famille de Jésus (Luc 2/48), c’est que l’amour ne réside pas dans des paroles, mais dans la décision suivie d’effets, de donner et de se donner. Un tel amour crée une dépendance. Dans nos récits, la dépendance vis à vis des autres découle de celle vis-à-vis de Dieu.
Certains se demanderont comment cette dépendance peut se concilier avec notre liberté. C’est que nous nous représentons souvent Dieu comme un souverain capricieux, alors qu’Il est le dynamisme intelligent qui nous fait grandir vers notre plénitude. Nous séparer de sa volonté, c’est opter pour la mort et le néant.
Dans la sainte famille personne n’appartient à personne, chacun reste au seuil du mystère de l’autre. Jésus n’est pas pour ses parents, il se doit aux affaires de son Père. Déjà Siméon leur avait dit que cet enfant ne leur appartenait pas puisqu’il était « lumière pour éclairer les nations et glorifier Israël », Marie est seule quand elle dit « oui » à l’ange . Mais ces notes ensemble composent une mélodie. En cela toutes les familles ont à imiter celle de Jésus.
L’amour commence par le respect de l’autre en sa différence.
29.12.19
Prière universelle
En contemplant la Sainte Famille de Nazareth
prions ce matin pour toutes les famille de la terre.
Prions pour l’Église notre Mère.
Qu'en elle, tous ses enfants dispersés sur la surface de la terre, se rassemblent
dans l'unité pour chanter la gloire de Dieu.
R/ Que naissent dans le monde ta douceur et ta paix !
Prions pour que les lois protègent les familles
et reconnaissent leur rôle fondamental et irremplaçable pour la construction
d'une société humaine et juste.
Prions pour les familles qui connaissent les épreuves de la séparation,
du déracinement, de la maladie du deuil ou du chômage.
Prions pour les enfants, qui, parfois très jeunes, entendent l'appel de Dieu
Qu'ils trouvent dans leur famille le terreau
où leur vocation pourra germer et s'épanouir.
Et prions aussi pour chacune de nos familles.
Que la grâce de Noël y apporte réconciliation, paix , joie et unité.
Père de qui vient tout don parfait
exauce, nous t'en prions, les demandes de tes enfants.
Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen