Miséricorde est l’un des attributs que Dieu se donne lui-même lors de sa révélation faite à Moïse : je suis " LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de véritéʺ. Ex. 34, 6.
Cette miséricorde s’est exprimée dans les relations de Dieu avec le peuple de l’Ancienne Alliance. Celui-ci, rebelle, avait en face de lui un Dieu bon, tendre, qui aime et pardonne. Les prophètes le reconnaissent dans leurs différentes interventions : "Tu as agi envers nous selon ton entière bienveillance et ton immense tendresse, Seigneur notre Dieuʺ Ba 2, 27. "De nouveau tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer nos péchés ! Ainsi tu as accordé à Jacob ta fidélité, à Abraham ta faveurʺ Mi. 7,19-20. "Ephraïm n’est-il pas pour moi un fils précieux… ? Voilà pourquoi mes entrailles frémissent : je lui ferai miséricorde. – Oracle du Seigneurʺ Jr. 31, 20.
Dieu montre sa miséricorde
dans l’amour, la bienveillance, la compassion, le pardon envers son peuple.
Nous disons donc que la Miséricorde de Dieu
c’est l’expression de l’amour plus fort que l’infidélité et l’offense de son peuple.
Dans la nouvelle Alliance, Jésus est celui qui nous fait connaître le Père cf. Jn. 1, 18. Il en est la révélation, comme il le dit lui-même : "Celui qui m’a vu a vu le Pèreʺ. Jn. 14, 9. Son programme messianique présenté dans l’évangile, cf Lc. 4, 18-19, le rend proche des hommes auxquels il témoigne de sa miséricorde, de sa Compassion ; devant "les foules désemparées et abattues, comme des brebis sans bergersʺ Mt. 9, 36, il frémit et envoie ses disciples les réconforter. "Il donne à manger à ceux qui ont faimʺ Mt. 14, 14 ; Mc. 6, 34. Les résurrections ou rappels à la vie qu’il accomplit, comme celle de Lazare, Jn. 11, 43-44, la fille de Jaïre, Mt. 9, 25, ou le fils de la veuve de Naïn, Lc. 7, 14-15, sont des expressions fortes de sa compassion.
Jésus nous présente la Miséricorde comme une béatitude : "Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricordeʺ Mt. 5, 7. La béatitude étant l’état de bonheur de l’homme qui contemple la face de Dieu, la miséricorde devient donc le chemin le plus court pour y arriver. Il exhorte par conséquent ses disciples à la pratiquer, ainsi vont-ils ressembler à leur Père : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieuxʺ Lc. 6, 36. Le disciple de Jésus Christ donnera un authentique témoignage sur lui-même en étant si bon, si doux, si aimant, si bienveillant, si compatissant, si charitable, si juste… pour ses frères, ainsi que Jésus l’a été lui-même.
La première communauté chrétienne que nous présente Ac 4, 32-35 a vécu cet idéal :’’Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence. Les produits de la vente, on le distribuait en fonction des besoins de chacun’’ vv 32, 34,35. Quel désintéressement ! quel sens du partage, de la solidarité, de l’équité, de la justice !
Cette communauté lance un vrai défi à la société d’aujourd’hui, habitée par l’indifférence, ou l’iniquité créant des structures où, dans les services, les familles et certains regroupements, les riches devenant plus riches, n’ont aucun scrupule pour appauvrir davantage les pauvres. Dans un tel contexte, quelle place pouvons-nous dans nos cœurs, aménager pour la miséricorde ? Et Jésus nous le dit comme une interpellation : ” aux miséricordieux sera fait miséricorde “ cf. Mt. 5, 7.
C’est vrai que le rejet de Dieu et l’indifférence vis-à-vis de la foi sont à l’origine de cette situation, mais il est bien regrettable que beaucoup de personnes acceptent adhérer à l’idéologie du père du mensonge, qui ne propose que l’éphémère et la mort.
Dans l’évangile Jn 19, 20-31, Jésus ressuscité va à la rencontre d’une communauté qui croit en lui, l’aime et le cherche. L’apôtre Thomas se distingue par une attitude originale : il pose des conditions pour croire que Jésus est ressuscité et vivant, il demande de voir la marque des clous dans le corps de Jésus, avant de croire à sa résurrection. On trouve cet état d’esprit presque chez chacun des membres du collège des apôtres. Pour les comprendre, il nous faut les considérer avant la Pentecôte, et après la Pentecôte. Après la Pentecôte, l’Esprit Saint les avait tous transformés et ils sont devenus les témoins de Jésus, parlant avec intrépidité et audace. Mais avant la Pentecôte, ils étaient assujettis à ce qu’un sage africain a appelé l’“hommerie”, qui caractérise les manières de l’homme. Sous l’influence de celle-ci, les apôtres étaient soit en déphasage avec le message de Jésus, soit ne le comprenant pas, Mc. 6, 52, Mc. 9, 32 : ils se sont enfuis après l’arrestation de leur Maître Mt. 26, 56, Pierre s’était opposé à la Passion du Christ, après que par l’Esprit Saint, il l’ait reconnu comme Christ, Mt. 16, 22. 16 ; à la Cène, il a refusé que Jésus lui lave les pieds Jn. 13, 8. Philippe dit à Jésus : “Montre-nous le Père, cela nous suffit” Jn. 14, 8. Mais Jésus, chaque fois, sans froisser ni rabrouer, les amenait à l compréhension de ce qu’il disait ou faisait. Ici il présente à Thomas les preuves exigées. Et convaincu, Thomas nous donne l’une des plus belles professions de foi : “Mon Seigneur et mon Dieu” v. 28. Jésus fait quand-même une remarque : “Heureux ceux qui croient sans avoir vu”. Vu. 29. Voilà comment Jésus, dans la tendresse et la douceur, se propose à notre foi et l’éveille.
Qu’attend Jésus de nous en cette fête de “LA MISERICORDE DIVINE”
- Que nous comprenions que comme révélation du Père, c’est lui la Miséricorde Divine.
- Que nous aussi soyons miséricordieux, compatissants, bons et justes envers les autres.
- Que le monde éprouve le besoin de lui, l’invoque et lui confie calamités et désastres, le mêle dans les démarches et recherches de solutions pour la survie.
- Il est mort en croix pour notre rédemption, que nous menions chaque jour la lutte pour nous affranchir du péché.
- Comme Dieu son Père, il “ne veut pas la mort du pécheur” 18, 32. Son cœur est un océan d’amour, de bonté et de Miséricorde, allons-y plonger pour notre purification.
Seigneur Jésus j’ai confiance en toi ! Amen !
P. Pierre, osb
Prière universelle
En ce dimanche de la miséricorde,
adressons notre prière au Christ ressuscité
qui se tient au milieu de nous.
Pour que les baptisés, témoins de l’Évangile dans leur milieu de vie
et les missionnaires en chaque lieu du monde
rayonnent de la miséricorde de Dieu
Demandons au Christ ressuscité de les bénir
et de les accompagner tout au long du chemin.
Refrain : I 70 : Fils du Dieu vivant, exauce-nous !
Pour que les gouvernants
et tous ceux qui ont une responsabilité politique économique ou sociale
soient à l’écoute de tous
et soutiennent ceux qui œuvrent pour plus de solidarité et de justice entre tous.
Demandons au Christ ressuscité de les bénir
et de les rejoindre sur leurs chemins.
Pour les victimes des inondations en Indonésie et au Timor Est,
pour ceux qui survivent dans la misère,
dans l’horreur de la guerre ou dans des situations inhumaines,
et pour ceux qui tentent de les rejoindre ou les secourir.
Demandons au Christ ressuscité de les bénir
et de leur manifester sa présence aux heures de doute et de découragement.
Pour nous tous ici rassemblés par l’amour que Dieu nous porte,
pour que nous écoutions sa Parole,
pour que nous laissions sa joie nous transformer en profondeur,
et son amitié nous entraîner à prendre soin les uns des autres.
Demandons au Christ ressuscité de nous bénir
et de nous apprendre à partager sans crainte le don de sa miséricorde.
O Christ ressuscité, exauce ton Église en prière,
Toi qui es vivant avec le Père et le Saint Esprit
Maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen