Homélie du P. Michel
Il y a comme deux parties dans ce ch.6. chacune commence par l’affirmation : « Je suis le pain de vie ». Mais dans la première « croire en », « aller vers » sont donnés comme synonymes de manger le pain et boire le sang.
La première répondait surtout à la question « d’où vient –il ? », la seconde dit plutôt où il va.. La réponse à la première question avait soulevé l’étonnement et même l’indignation, mais la réponse à la seconde va les révolter. En effet, il s’agit là d’une sorte de prophétie pascale. Les hommes vont tenter de s’emparer du corps et du sang du Christ, corps et sang de Dieu, tentative qui va être déjouée, car Jésus donne ce qu’on veut lui prendre. Qui accueillera ce don en sera transformé. Cette chair et ce sang deviendront pour lui nourriture et breuvage pour une vie au delà de la mort. Nous sommes nourris par la Passion du Christ
Mais que peuvent bien signifier « manger » et « boire » sur lesquels Jésus semble insister lourdement ? Si nous reconnaissons qu’il vient de Dieu, nous devons le croire.
Manger et boire occupent une place centrale dans l’Ecriture. Dès le début nous voyons Dieu indiquer aux premiers parents ce qui doit leur servir de nourriture. Cela continue avec Caïn Abel, Noé, et toute la législation concernant les aliments. Ceci parce qu’ils représentent le lien avec la nature, tout comme le repas représente le lien social tout comme le lien avec Dieu. Ce n’est pas sans raison que le repas est au cœur du culte chrétien, mémoire du dernier repas de Jésus au cours duquel il donne son corps et son sang, c’est dire sa vie.
Ne croyons pas qu’il a voulu alors instituer un rite, si important soit-il, l’Eucharistie telle que nous la pratiquons. Il annonce ce qui va se passer effectivement, historiquement, au cours de sa Passion et de sa Résurrection. Il s’agira vraiment du don de sa chair et de son sang, de son être tout entier.
Mais cela ne nous dit pas encore ce que signifie manger cette chair et boire ce sang. Bien entendu il ne s’agit pas de manger et boire matériellement.. Il ne faut pas confondre réel et matériel ! Manger et boire la vie du Christ, c’est faire nôtre son humanité, sa manière d’être homme, ce qui nous conduit en fin de compte à partager sa divinité. C’est vivre de l’Esprit qui le pousse à donner sa vie pour faire vivre les autres. Bien sûr, ce don qui nous fait rejoindre notre vérité d’hommes, ne passe pas forcément par une effusion de sang, cela peut arriver comme lorsqu’il s’agit des martyrs. Il y a bien d’autres façons de donner sa vie, au jour le jour, quand nous oublions ce qui nous avantage et que nous préférons ce qui peut faire vivre d’autres êtres humains.
Célébrer l’eucharistie, c’est entrer dans cette logique, c’est « manger de ce pain là ». Nous devenons alors le Corps du Christ qui est l’Eglise, l’humanité réconciliée au delà des violences engendrées par notre volonté de dominer, corps et sang du Christ livrés aux hommes.
Homélie du P. Pierre
La vie est dure, âpre, éprouvante, le prophète Élie en fait l'expérience : victime de la méchanceté d'une dame qui en veut à sa vie, il est persécuté, pourchassé, traqué, et par conséquent inquiet ; il a faim, il a soif, il est épuisé, fatigué. À cause du désespoir, il demande la mort : "je ne vaux pas mieux que mes pères, prends ma vie", s'exclame-t-il.
Mais il est un prophète, un homme de Dieu, un homme de foi. Même dans sa persécution, il a une relation particulière avec Dieu, il la maintient, il l'entretient. En sa faveur Dieu intervient, il envoie un ange lui donner à manger et à boire, suffisamment pour gagner des forces et continuer sa marche.
La situation qu'Elie expérimente ici n'a pas disparu, aujourd'hui elle est d'actualité ; par-ci par-là on parle conflits, de guerre, avec leurs lots de conséquences, de persécutions, de haines, de famines.
Mais comment gérer tout cela dans le monde d'aujourd'hui qui tend à exclure Dieu de ses affaires ? C'est par la foi que nous permettons à Dieu d'intervenir dans nos vies.
Dans le passé, comme nous le dit Hé 1, 1-2,Dieu a parlé par les prophètes, et ces jours où nous sommes, il a parlé par son Fils, c'est lui, ce Fils, qui s'adresse à nous, qui nous demande de croire en lui, de passer par lui pour avoir la vie, c'est lui qui nous révèle le Père, en le voyant, on voit le Père ; il appelle les hommes : Venez à moi, i' est la vie éternelle et la donne à qui la désire. En se présentant comme le "Pain de la vie", il nous introduit au cœur même d'une autre réalité, il nous propose l'Eucharistie, réalité toute spirituelle, différente de la matérialité du pain des anges donné à Élie, ou de la manne mangée par les Hébreux au désert. Ceux qui l'on mangé sont morts. Il y a un autre pain qui descend du ciel, il est tel que celui qui le mange ne meurt pas, il vivra éternellement. Ce pain la, c'est moi qui vous le donne, c'est ma chair, donnée pour la vie. En prononçant ces paroles, Jésus laisse déjà entrevoir la résurrection, la nôtre, où ceux qui ont cru en lui vont se lever pour la vie.
Nous avons donc chacun deux vies : la naturelle et la surnaturelle. Nous entretenons la première par la nourriture bio, et la seconde par le Pain de Vie que donne Jésus, et que nous ne pouvons recevoir que dans la foi. En rendant la main au moment de recevoir l'hostie où Jésus se donne, nous disons Amen, qui est notre confession de foi, nous acceptons que c'est Jésus que nous recevons.
Seigneur Jésus, merci de te donner à nous, permets-nous de nous unir à toi pour toujours. Amen !
Prière universelle
Jésus est le Pain du ciel, donné pour que le monde ait la Vie.
Invoquons-le avec confiance.
Pour notre Église, appelée,
au cœur même de sa faiblesse et de son péché,
à témoigner de l’immense don que nous a fait le Père en son Fils bien-aimé,
prions ensemble.
« Ton amour soit sur nous, Seigneur ! » (71)
Pour les personnes et les peuples
affamés de justice, de respect, de dignité,
prions ensemble.
Pour tous ceux que ce temps d’été
plonge dans une solitude et une détresse plus grande encore,
prions ensemble.
Pour nous tous, invités à nous nourrir du Pain de vie
pour vivre la générosité, la tendresse et le pardon,
prions ensemble.
Seigneur accueille nos prières,
toi qui es vivant avec le Père et le Saint Esprit
pour les siècles des siècles. Amen.