Homélie du P. Jean-Baptiste Pelletier
Jésus continue son enseignement sur la prière. Vous rappelez vous, la semaine dernière il nous parlait de la nécessité de prier sans se décourager. Ce dimanche encore, il est question de la prière. Dans cet évangile, nous voyons deux hommes en prière. Ils sont entrés dans le Temple, qui est le lieu éminent de la prière au temps de Jésus. Les deux sont tournés vers Dieu, mais pas de la même manière. Tous deux ont un regard différent sur eux-mêmes, sur l’état de leur cœur, et envers Dieu.
L’un est conscient de son indignité à se tenir devant Dieu. Il reconnait qu’il est pécheur. (il n’ose pas regarder vers le Ciel et se frappe la poitrine). Pourtant, cette lucidité ne l’écrase pas. Car ce publicain se montre ouvert et réceptif à la miséricorde de Dieu : « Montre-toi favorable au pécheur que je suis ». Il fait appel à la bonté de Dieu. Il implore son aide. Conscient de son indignité, il cherche refuge auprès de Dieu. Ce que l’on trouve dans ce psaume : « le Seigneur rachètera ses serviteurs, pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge ». Il sait qu’en Lui se trouve la source du salut, qu’Il n’est pas venu juger mais pour sauver. Alors, il se dit – ce que Jésus dit – : Elève-moi. Rends-moi digne. « Le Seigneur est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu ». Rends-moi juste. C'est aussi ce que l’on dit avant d’aller communier : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dit seulement une seule parole et je serai guéri ».
C’est le contraire d’une culpabilité morbide : que la conscience de nos péchés nous écrase au point de nous dire qu’il n’y a plus de chemin possible pour moi. Ce n’est pas ce que veut Dieu, et c’est ce que nous montre ce publicain : il sait qu’elle va trouver en Dieu la force de marcher vers Lui davantage. Qu’il va puiser en Dieu la capacité d’aimer, de jeûner, de faire l’aumône, d’annoncer et de témoigner de la Bonne Nouvelle. St Paul en rend compte : « Le Seigneur Lui, m’a assisté ». Il m’a rempli de force pour que par moi… »
C’est ainsi que nous sommes appelés à entrer dans la prière et dans la vie des sacrements, frères et sœurs. Dans la fréquentation de la Parole de Dieu. Non comme un chemin réservé à une élite qui n’existe pas – disons-le – mais comme un remède pour tous (les mots de la parole de Dieu), un remède où Dieu m'a donné la capacité d’aimer, d’espérer, de pardonner. Un remède qui donne la paix et la joie profondes à mon cœur.
Seigneur, justifie-moi : que ta grâce, avec ma bonne volonté, me rende juste, ce que l’on pourrait traduire par sanctifie-moi : nous le savons, c’est le « bon combat de notre vie, la course » que nous courrons chaque semaine qui est la dynamique de notre vie, qui est très stimulante car elle est remise de soi à la bonté de Dieu qui veut que nous soyons sauvés, qui désire nous élever, nous rendre juste devant Lui. C’est ce que Thérèse a expérimenté avec la petite voie de l’enfance spirituelle. « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour » (LT 197)
Cela demande pour nous une attitude du cœur humble, simple devant Dieu, conscient de sa pauvreté comme l’exprime le psalmiste aujourd’hui : « Un pauvre crie, le Seigneur entend. Le Seigneur regarde les justes : il écoute attentif à leurs cris. » Oui, l’attitude juste, c’est de crier vers le Seigneur., c’est dans nos misères de se tourner vers lui. « Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre ».
Ce qui est triste, finalement, dans l’attitude du pharisien, c’est : dans l’auto-satisfaction par rapport à ce qu’il fait, il ne peut pas faire l’expérience de l’amour salvateur de Dieu qui dans la fragilité relève et guérit. C’est ce que nous illustre la vie des saintes et des saints. Nous sommes à une semaine de la Toussaint et il est frappant de constater, en lisant leur écrit, que ce qui revient, c’est la conscience de leur misère, de leur indignité à se ternir devant Dieu mais leur grande confiance dans son amour. Je donne la parole à Thérèse d’Avila : « quelques défectueuses et imparfaites que furent mes œuvres, ce bon maitre les rectifiait, les perfectionnait et leur donnait de la valeur (chap 4 du livre de la vie). Il dore mes fautes, et fait resplendir une vertu que lui -même place en moi, pour ainsi dire malgré moi. » ce que l’on trouve dans le prologue de la règle de saint Benoit : « En effet, l'apôtre Paul écrit : « La patience de Dieu veut t'amener à changer de vie, est-ce que tu ne le sais pas ? » (Romains 2, 4). Et dans sa tendresse, le Seigneur dit : « Je ne veux pas la mort du pécheur. Je veux qu'il revienne à moi et qu'il vive » (Ézéchiel 18, 23 ; 33, 11).
Plongeons nous dans la vie des saints et des saintes pour, à leur exemple et à leur intercession,
expérimenter la joie d’être rendu digne de participer aux noces éternelles.
Amen.
Prière universelle
En cette journée missionnaire mondiale,
Tournons notre regard vers le Seigneur ressuscité
et portons dans notre prière tous nos frères et sœurs
pour que la joie de l’évangile les rejoigne.
En cette journée, le pape François nous invite
à être chacun et tous ensemble témoins du Christ.
Pour que l’Église, fidèle à l’Évangile et courageuse dans son annonce,
soit un lieu de solidarité, de fraternité et d’accueil, ensemble prions.
Ref : Seigneur, nous te prions.
Nous portons dans notre prière les responsables politiques, économiques, associatifs.
Que leur regard s’oriente de façon préférentielle
sur les plus invisibles et les plus pauvres
pour qu’advienne une société plus juste et fraternelle.
Ensemble prions.
Les crises matérielles et spirituelles dans notre monde
provoquent une profonde désespérance, en particulier chez les jeunes.
Pour que chacun trouve en Christ une espérance joyeuse
et sache en témoigner dans son entourage.
Ensemble prions.
Nous avons été rassemblés ce matin par le Seigneur.
Que la joie de sa rencontre nous inonde
et nous donne l'élan de partir en mission dans notre vie quotidienne.
Ensemble prions.
Seigneur, Toi qui es présent à notre monde et le tient par ton amour,
accueille notre prière et exauce-la.
Par Jésus Christ notre Seigneur,
qui vit avec toi et l'Esprit Saint dans les siècles des siècles.