Homélie du P. Désiré
Il y a un terme qui revient très souvent dans nos lèvres : « l’année liturgique ». Mais qu’est-ce que c’est ? L’année liturgique, c’est un cheminement qui propose au chrétien de revivre l’histoire sainte en quatre temps qui reprennent les grands moments de la vie du Christ. Ces quatre temps sont : L’Avent qui précède les célébrations de Noël et présente la naissance, l’épiphanie et le baptême de Jésus. Le Carême qui annonce Pâques et où nous vivons la passion, la mort et la résurrection du Christ. Le Temps Pascal, constitué de l’Ascension et de la Pentecôte. Enfin, le Temps Ordinaire jalonné d’un certain nombre de solennités comme la Sainte Trinité, le Saint Sacrement, la Transfiguration, la Naissance de Jean Baptiste, Saint Pierre et Paul, l’Assomption, la Toussaint, etc… Avec la Solennité du Christ Roi que nous célébrons aujourd’hui, s’achève ce long temps ordinaire et c’est aussi la clôture de l’année liturgique.
Frères et sœurs, les lectures de ces derniers dimanches et particulièrement de cette dernière semaine nous ont mis dans la perspective de la fin des temps. C’est-à-dire un moment d’expectative de ce qui va advenir quand le Christ aura accompli le projet de Dieu sur terre. La célébration du Christ Roi qui intervient donc en cette fin de l’année liturgique vient à propos pour marquer non pas la fin du monde, mais plutôt la continuité dans le temps. Car, déjà elle nous introduit dans le temps de l’Avent, ce moment où nous attendons l’avenue de l’Emmanuel : Celui qui doit venir. Jésus est celui-là qui doit venir, il vient, il viendra et il est déjà-là pour accomplir la mission du Père ; à savoir : annoncer le Royaume de Dieu et chercher à le réaliser au milieu de nous (Mc 1, 14-15).
Disons-le tout de suite, dans un monde où on parle plus de démocratie et donc désormais peu de royauté, nombreux peuvent être ceux qui abordent la fête d Christ Roi avec quelques appréhensions avec raison. Car, cette fête est instituée par Pie XI en 1925 dans un contexte d’effondrement des monarchies et à l’avancée du libéralisme. Mais, cette année-là était aussi la commémoration du 16ème centenaire du premier concile œcuménique de Nicée, lequel avait proclamé l’égalité et l’unité du Père et du Fils et, par là même, la souveraineté du Christ. Mais, la question demeure : qui est ce Christ, Roi que nous célébrons ? Et pour nous, qui, Il est ?
L’évangile de ce dimanche même ne nous rend pas les choses faciles parce qu’alors que Jésus est cloué sur la croix et que sa mission semble avoir pris fin, son identité continue à poser un problème. On ne sait toujours pas qui, Il est, et pourquoi meurt-il sur la croix ? Serait-ce « le Messie de Dieu, l’Elu » (Lc 23, 35) comme le susurrent les chefs ? Est-il « le roi des juifs » (Lc 23, 36) comme s’en moquent les soldats ? Ou alors, est-il « le Christ » comme l’injurie l’un des malfaiteurs suspendus en croix avec Lui ?
Frères et sœurs, nous sommes là devant un sérieux problème. Car, comme chez ses contemporains, il existe aussi dans notre monde actuel de nombreuses images du Christ. Certaines fausses, d’autres erronées ou déformées ou encore adaptées selon nos intérêts. Ce qui sûr au moins, c’est que le Christ, Lui, ne saurait être enfermé dans une image, une idée ou encore une façon de voir. Le Christ est Maître du temps et il est au-delà du temps ; Le Christ est Maître de l’univers et il est au-delà de l’univers. Dans sa miséricorde, il nous accueille à tout temps et en tout lieu tel que nous sommes, et veut faire route avec nous sans exception de qui nous sommes. Il veut donner en chacun la vie en plénitude (Jn 10, 10) en commençant par les plus opprimés.
Tout au long de son Evangile que nous avons lu en cette Année ordinaire C, St. Luc nous a présenté continuellement un Jésus compatissant avec tout le genre humain. Il n’est donc pas surprenant de relire ce dimanche pour célébrer le Christ Roi de l’univers le dialogue entre Jésus et un malfaiteur purgeant sa peine à côté de lui. Devant le Roi de l’univers qui agonise entre l'indifférence des autorités et le mépris du peuple qui assiste au spectacle du Calvaire, la supplique du « bon larron » qui confesse sa foi, résonne frissonnante : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 42). Il est paradoxal frères et sœurs, pour nous les chrétiens de glorifier et de célébrer un Roi qui meurt sur la croix. Il est incompréhensible qu’un instrument de mort devienne triomphe et cause de vie. Mais, en cette solennité du Christ Roi, ce que nous propose l’Eglise c’est de célébrer le triomphe de Jésus-Christ sur la création en tant que Roi de l’Univers.
Dire que Jésus-Christ est Roi, n’est-ce pas dire qu’il le sera dans son Royaume à la fin des temps ? Chacun devrait donc ajuster ses comptes pour être sûr de faire partir des élus pour le Royaume du Dieu.
En ce sens, St. Luc que nous lisons aujourd’hui, au début de son évangile dit qu’il écrit pour toi « excellent Théophile » (Lc 1, 3), après avoir recueilli avec précision des informations concernant des événements qui se sont accomplis parmi nous, « afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus » (Lc 1, 4). Puisque chacun de nous représente ce Théophile, au moment où nous célébrons la Solennité du Christ-Roi, la question est : mon cher Théophile, qu’as-tu donc retenu de l’enseignement reçu de la lecture continue de l’Evangile selon Saint Luc qui t’a été offert en cette « année ordinaire C » qui s’achève ? Que le Seigneur donne en chacun qui se reconnaît en Théophile la grâce de le connaître en vérité et de le louer parce qu’il est Christ, Roi de l’univers. Amen.
Prière universelle
Pour nous Chrétiens ce dimanche est le dernier de l'année liturgique ;
prenons un temps de relecture en priant ensemble.
Le Pape François a passé un temps infini cette année
pour initier le dialogue entre les religions et entre les états.
Pour que cet appel au dialogue,
démarche incontournable pour construire la paix
entre les hommes et les femmes de notre temps,
porte du fruit,
prions ensemble.
R I 49 Vienne ton règne, Seigneur de gloire.
Le Pape François a posé cette année des gestes prophétiques
pour faire entendre le cri de la terre maltraitée.
Pour que cet appel au respect de la création soit pris au sérieux
dans des décisions concrètes, tenues par chacun et tous ensemble,
prions ensemble.
Cette année a connu de grandes migrations pour des motifs tragiques
(la guerre, la xénophobie, le racisme, les abus d'autorité en tous genres).
Pour que les demandeurs d'asile soient reconnus comme des personnes à part entière
dans l'Europe qui prône les valeurs chrétiennes,
prions ensemble.
Parce que le Christ est mort sur la Croix en disant au bon larron
"toi aussi tu seras avec moi au Paradis",
parce que nous nous sommes rassemblés ce matin
pour consolider notre espérance dans la contemplation de notre Seigneur humilié,
pour notre soif d'amour ici et maintenant,
prions ensemble.
Seigneur Jésus tu nous sauves par la Croix,
signe de ton Amour, accueille notre prière,
toi qui règnes aux siècles des siècles.
Amen