Homélie
Frères et sœurs, le dimanche dernier, j'ai évoqué le début de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Effectivement, elle a commencé mercredi 18 dernier et se terminera mercredi 25 janvier prochain. Au cours de cette semaine, nous sommes tous invités à un dialogue œcuménique entre des confessions chrétiennes différentes. Pour faciliter ce dialogue, un thème est choisi pour tous. Cette année, le thème nous vient des chrétiens du Minnesota (USA) : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice » (Is 1, 17). Il ne pouvait en être autrement tant cette ville a été marquée par des contestations civiques et sociales à cause de la mort de Georges Floyd, en mai 2020. Pour ceux qui ont suivi ces événements, qui n’a pas le souvenir de ses dernières paroles au policier qui avait posé le genou sur son coup : « I Can’t breathe », entendu « je ne peux pas respirer » ! « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice » (Is 1, 17).
Les injustices il y en a qui sont causées par nous, et pour la plupart, heureusement, par d’autres. Peu importe comment elles se posent dans notre société, en tant que chrétiens, comment apportons-nous une réponse à ces injustices de notre temps ? Et que veut dire pour nous faire du bien, rechercher la justice ? Y a-t-il un temps pour faire du bien, et l’autre non ? Frères et sœurs, si nous ne nous laissons pas porter par l’Amour de Dieu qui nous a dit : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » (Jn 13, 34), nous pouvons négliger de l’amour pour le prochain. Et quand ce vice s’installe en nous, notre cœur s’ouvre et se dispose pour les rivalités. C’est alors qu’on peut entendre St Paul nous dire comme aux Corinthiens « Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu’il y a entre vous des rivalités » (1 Co 1, 11).
Oui, dans l'Église de Corinthe du premier siècle du christianisme, il y avait des divisions. Des groupes rivaux s’affrontaient entre eux
en particulier pour des sujets religieux. Paul nous parle de quatre groupes : d’abord ceux qui se réclament de lui-même, ensuite ceux qui se liguent pour Apollos ; après ceux qui disent suivre Pierre ; et le groupe convaincu d’appartenir au Christ (Cf. 1 Co, 1, 12). N’est-ce pas là une division que nous déplorons encore de nos jours entre les confessions chrétiennes ? D’un côté nous avons ceux qui se revendiquent « universels », c’est-à-dire Catholiques, de l’autre des « justes » et « droits » qui ont la « vraie croyance », c’est-à-dire des Orthodoxes ; et puis aussi ceux qui disent être des « Réformés », pour ne pas dire Protestants ; Il y en a même ceux qui se veulent à la fois « Catholiques et Réformés » : les Anglicans. Enfin comment oublier tous les autres mouvements dits de « Réveils » et qui soutiennent être Évangéliques. Voilà donc un paradoxe, car toutes ses confessions religieuses se réclament chrétiennes. Ecoutons St Paul nous parler : « Je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions » (1 Co 1, 10).
Frères et sœurs, tout est dit dans cette introduction à la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens. Si nous sommes-là à prier une semaine entière pour l’unité des chrétiens, c’est justement parce que des frères ont cessé d’avoir un même langage ; ils sont divisés et se sont divisés entre eux ; ils ont brisé la parfaite harmonie de pensées et d'opinions qui existait entre eux. « Le Christ est-il donc divisé ? » (1 Co 1, 13). Demande Paul aux Corinthiens et, je dirais à tous les chrétiens du monde.
Nous devons vraiment prier pour que tous nous prenions conscience de ce péché historique contre l’élément primordial de l’Eglise du Christ : son UNITÉ. En effet, la Bible nous dit que l’Eglise est « le corps du Christ » (1 Co 12, 27). Et, qu’est-ce que l’Eglise, sinon l’assemblée de personnes unies par le Christ. C'est-à-dire toutes les personnes qui croient au Seigneur Jésus-Christ selon qu’il est écrit dans le prologue de St. Jean « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom » (Jn 1, 12). Dans ce corps UN, « il n’y a ni grecs ni juif […] mais Christ est tout en tous » (Col. 3, 11).
Catholiques, Orthodoxes, Protestants, Anglicans, Évangéliques, tous, enfants de Dieu, unis en Christ, Saint Paul nous dirait comme aux Romains, « nous qui sommes plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, et membres les uns des autres, chacun pour sa part » (Rm 12, 5).
Certes, frères et sœurs, il nous faut reconnaître avec lucidité que notre nature humaine fait de nous des égoïstes et égocentriques et cela occasionne des difficultés à nous entendre avec les autres. Néanmoins, si nous sommes appelés chrétiens, c’est par la force de notre baptême qui nous configure au Christ. C’est ce que nous rappelle encore St. Paul « nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit » (1 Co 12, 13).
Ah ! Seigneur Jésus, si tous les chrétiens en particulier ceux qui se réclament aujourd’hui « hommes de Dieu », prophètes, évêques ou prêtres, diacres, religieux et religieuses, ou simplement leaders des Eglises chrétiennes, si tous pouvaient véritablement parcourir les « Galilées » de nos nations pour y enseigner, proclamant un Evangile de paix, de justice et de miséricorde.
« Dieu des opprimés, ouvre nos yeux sur le mal qui continue d’être infligé à nos sœurs et frères en Christ. Que ton Esprit nous donne le courage de chanter à l’unisson et d’élever nos voix avec ceux dont la souffrance n’est pas entendue. Nous te prions au nom de ton Fils Jésus. Amen » (Cf. Prière du 5ème jour de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2023).
P. Désiré AYINA, sj. - 21/01/2023
Prière universelle
En ce dimanche, consacré par le Pape François
à l’écoute de la Parole de Dieu,
au milieu de la semaine de l’unité,
présentons au Père
les détresses et les attentes de nos frères les hommes.
Prions pour l’Église,
que les appels insistants du Pape
à annoncer la Bonne Nouvelle du Christ aux périphéries de nos sociétés,
en pauvreté et humilité,
la rende attentive aux signes de l’Esprit, dans notre monde, aujourd’hui !
R/I-13 : « Dieu d’amour, prends pitié ! »
Prions pour les églises chrétiennes
et les croyants de toutes les religions,
que dans leur quête de la vérité
ils s’unissent pour construire la Paix entre les peuples.
Prions pour les responsables politiques et économiques
tentés par la soif du pouvoir ou des richesses,
que les cris de leurs concitoyens les plus pauvres,
opprimés par la guerre, réveillent en eux le souci
de la justice et du bien commun.
Prions pour ceux qui sont chassés de leur pays,
par la guerre, la famine, ou les catastrophes naturelles,
que leur soif d’être reconnus et secourus
trouve le regard compatissant d’hommes et de femmes vraiment bons.
Prions pour nous tous rassemblés ce matin
par Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous,
qu’en cette Eucharistie, nous puisions des forces neuves
pour vivre en disciples du Christ
et témoigner de son amour pour chaque être humain.
Accueille Seigneur les paroles de nos lèvres, le murmure de notre cœur,
qu’ils parviennent devant Toi, notre Rocher, notre Rédempteur,
Toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Amen.