Homélie de P. Désiré
S’il y a une chose qui attire rapidement notre attention ce dimanche, c’est cette invitation à aimer nos ennemis que nous adresse Jésus. Pour ceux qui ont été à la messe avec nous hier, j’avais évoqué St. Thomas d’Aquin selon que j’ai lu quelque part qui nous dit « Afin qu'une personne puisse marcher avec rectitude sur un chemin, il est nécessaire qu'elle ait, d'une certaine manière, une connaissance de l'endroit où elle se dirige ». Eh bien frères et sœurs, qui sont nos ennemis afin de les aimer ? Les ennemis, ceux qui sont déclarés et ceux qui sont cachés, il y en trop autour de nous ; définissons ensemble quelques catégories.
Parmi nos ennemis, il y a d’abord cette catégorie des gens que l’on pointe du doigt en les appelant : « l’autre ». L’autre ? Il est bien connu de tous. C’est celui-là qui est différent de nous. Il ne partage pas nos goûts, nos idées. Ils n’ont rien en commun avec nous. Avec l’autre, il n’y pas d’entente possible : nous ne le supportons pas et parfois, nous même, nous ne savons pas pourquoi. Vous savez, dans nos communautés religieuses ou dans nos vies associatives et paroisses, l’autre n’est pas difficile à repérer : c’est le confrère ou la consoeur ou le collègue avec qui on est tellement incompatible qu’on a l’impression qu’il ou elle prend aussi du plaisir à nous contredire ; à critiquer tout ce que nous pouvons dire tout autant qu’il ou elle rejette toutes nos propositions. Cette personne-là cherche toujours à mettre une couche sur tout ce que nous disons, elle ne laisse passer aucune occasion pour nous enfoncer avec délectation.
Ensuite nous avons comme ennemis des prétentieux ou arrogants ; des curieux, des fouineurs ou des indiscrets. Leur vocation, ceux-là, est de nous irriter en nous faisant perdre très souvent du temps. Ce sont des personnes dans nos communautés de vie ou nos familles qui savent tout de tous. Elles n’ont pas beaucoup de respect pour votre temps et vos obligations ; elles vous infligent des fatigues interminables à vous raconter des choses parfois futiles et bien souvent aussi dramatisées.
Parlons d’une autre catégorie qui, elle, est encore plus flagrante : ce sont les sournois. Vous savez, ceux ou celles-là sont des spécialistes de la déloyale, leur vocation, c’est le double jeu. Ah ! comme ils sont souvent nombreux dans nos communautés, associations, paroisses et autres. Ces personnes vous approchent avec des petites blagues ou un sourire qui cache leur intention. Mais c’est toujours pour gagner votre confiance et ensuite vous poignarder dans le dos à la moindre occasion.
Face à ces gens qui peuvent nous rendre la vie insupportable ? Jésus nous dit de les aimer. Mais, Jésus, il n’est pas naïf, il sait que cela est difficile à faire, alors, il nous parle de l’amour de Dieu. « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Quelle belle image pour dire la gratuité de la bénédiction de Dieu accordée à tous sans exception et sans aucun mérite de notre part. Frères et sœurs, en nous montrant ainsi la face de Dieu le Père qui est l’amour, le message que Jésus veut nous transmettre aujourd’hui est, avec des mots modernes, ce que nous appellerons L'ÉTHIQUE DE LA GRATUITÉ. Elle se traduit par l’amour ; l’amour gratuit de Dieu pour l’humanité.
En tant que fils de Dieu et chrétiens, nous avons donc là une mission universelle, chacun pour tous : apporter l’amour dans le monde. En d’autres termes être des reflets de Dieu dans le monde : « afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 45) « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48).
Frères et sœurs, dans une société utilitaire et capitaliste à outrance comme la nôtre, les choses n'ont de sens que si elles répondent de manière satisfaisante à des questions du type : qu'est-ce que j'en retire ? Ou à quoi ça sert ? C’est peine perdue que de parler de la gratuité car elle est à
peine comprise. Or, sans comprendre le sens de la gratuité, il est impossible de comprendre même à minima ce que peut signifier la gratuité d’Amour de Dieu pour nous encore moins ce que veut dire aimer notre prochain n’en parlons pas d’avoir de l’amour pour nos ennemis.
L’amour, frères et sœurs, ne se commercialise pas. De la même manière, on ne saurait faire du commerce avec Dieu. Certes, nous parlons tous et beaucoup d’amour. Nous nous accordons même à reconnaître qu’il est nécessaire ; nous le demandons, nous le désirons, parfois nous l’offrons du bout des lèvres. Mais véritablement ce dont notre monde a besoin c’est que nous prenions conscience que le projet de Dieu, son projet d’amour pour l’humanité ne peut se réaliser qu’avec nous. « Ne savez-vous pas, nous dit St. Paul dans la deuxième lecture, que vous êtes un sanctuaire de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3, 16). Frères et soeurs, Dieu est Amour et l’Esprit est l’Esprit d’Amour ; donc nous sommes, chacun de nous, et l’Église tout entière, le Temple de l’Amour.
Prions donc pour que le Seigneur nous donne la grâce de ne jamais oublier cette vocation qui est la nôtre :
être des signes visibles de l’Amour de Dieu pour l’humanité.
Surtout que cela ne soit pas seulement en paroles, mais aussi en actes.
Amen.
P. Désiré AYINA, sj. 18 février 2023.
Prière universelle
« Soyez saints comme je suis saint »
Dieu veut nous révéler la profondeur de sa Sagesse et de son Amour
pour tous les hommes, en son Fils Jésus le Christ.
Prions -le avec confiance.
Prions pour notre Église d’aujourd’hui, meurtrie par le péché de ses membres
Et rendons grâce pour ce courage de la vérité que tu lui donnes, Seigneur,
car « La vérité vous rendra libre ».
I 36 / Dieu notre Père, prends pitié de nous.
Prions pour les populations de Turquie et de Syrie touchées par le séisme.
Que l’aide dont ils ont besoin puisse leur être apportée.
Prions pour tous les peuples en guerre, les minorités religieuses persécutées
A qui Jésus dit : « Aimez vos ennemis… priez pour ceux qui vous persécutent » :
Que l’Esprit de Jésus soit leur force dans ce combat de la foi.
Prions pour nous tous réunis par le Seigneur en ce dimanche :
Que sa Parole entendue ensemble, irrigue et modèle nos cœurs
pour faire de nous, à son image, de vrais enfants du Père.
Dieu notre Père,
Tu veux que nous soyons saints de ta sainteté même.
Accueille notre prière filiale
et verse en nous ton Esprit d’humilité et de sainteté,
par Jésus ton Fils notre Seigneur.
Amen !