Frères et sœurs, qui n’a jamais expérimenté la présence de Dieu dans sa vie ? Tous d’une manière ou d’une autre nous l’avons expérimenté et l’expérimentons. Comme le monde de la Bible, nous savons que Dieu prend soin de l’homme, le guide et parfois le sauve. Mais alors, comment répondre de la présence du mal dans le monde ? Comment comprendre qu’au sein même d’une famille des voies se lèvent de temps en temps ou que dans une communauté, des confrères ou des consœurs ne s’entendent pas et parfois s’étripent au point de ne plus pouvoir travailler ensemble ? Comment expliquer toutes les guerres qui produisent de nombreuses morts dans le monde ? Comment expliquer les calamités comme le tremblement de terre qui vient de produire en Syrie et en Turquie ? Bref, pourquoi il y a le mal dans le monde alors même que nous affirmons que Dieu est bon et bienveillant ?
Eh bien ! C’est à cette question que la tentation d’Adam et Ève, encore appelée la parabole du Jardin d’Eden de la première lecture, et la tentation de Jésus au désert de l’évangile viennent répondre.
La parabole du Jardin d’Eden nous dit que Dieu dans sa bonté à créer l’homme et la femme et les a placés dans un jardin plein de délice où ils ne manquaient de rien. L’homme et sa femme y vivaient librement en harmonie avec eux-mêmes, avec tout le créé et avec Dieu leur créateur. Mais, il y avait aussi, plantés au milieu du jardin deux arbres, celui de la vie et celui de la connaissance du bien et du mal. Jusque-là, tout allait bien. Puis, est entré en scène, un jour, un curieux personnage appelé « Serpent ». Ce dernier a engagé une conversation avec la femme, visiblement dans le but de troubler la paix idyllique et des bonnes relations existant entre Dieu, la femme et l’homme et la création.
Dans l’évangile, c’est aussi une question de conversation. Pour comprendre le contexte, il faut rappeler que Jésus vient de recevoir son Baptême au jourdain. Alors, avant de commencer sa vie publique, il se retire au désert pour prier. Dans ce désert, il n’est pas seul car l'Esprit de Dieu descendu sur lui au baptême ne l’a jamais quitté. Après 40 jours de prières et de jeûnes, il est fatigué et il a faim. C’est alors là qu’un troisième personnage ici identifié comme « le Tentateur » entre en scène. Son intention est clairement définie tel que l’indique son nom : il veut semer le doute dans l’esprit de Jésus.
Ces deux tentations, frères et sœurs, nous décrivent l’expérience humaine du chrétien dans sa relation avec Dieu. Il nous a créé libres et veut construire le monde avec nous. Tout chrétien a reçu l’Esprit de Dieu au baptême. Et, cet Esprit nous assiste dans nos choix et décisions si tant est que nous ne nous laissons pas attirer par le pouvoir et les biens du monde.
Voyez-vous, toute tentation est l’histoire d’un cœur qui écoute ; elle est l’histoire des désirs qui nous habitent et elle est également l’histoire de ce sur quoi repose notre confiance. A nos premiers parents, Dieu leur a tout donné. Mais, au fond d’eux visiblement ils n’étaient pas satisfaits. Cette insatisfaction a rencontré son écho à l’interprétation fausse de la Parole de Dieu par Serpent : « vous serez comme des dieux ». Au passage, je rappelle qu’au milieu du Jardin, il y avait deux arbres. Celui de la vie et celui de la connaissance du bien et du mal. Lequel des deux arbres Dieu a interdit de manger ? La femme ne saurait répondre parce qu’au lieu d’obéir à la parole de Dieu, son cœur s’est déjà détourné vers le faux discours faussement compréhensible du « Serpent » : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? » (Gn 3, 1). Ecoutons la réponse imprécise de la femme : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin, mais pour le fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez » (Gn 3, 2-3). Mais de quel arbre parle-t-elle ? Et pourquoi n’arrive-t-elle pas à le nommer ? Est-ce celui de la vie ou celui de la connaissance du bien et du mal ? L’attitude de la femme montre que le serpent a atteint son objectif, la faire douter. Dans ce doute, le serpent lui suggère alors : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux ». La question est désormais à qui faire confiance ?
Frères et sœurs, la réponse nous l’avons dans l’évangile. Par trois fois, le tentateur essaye de distiller son venin pour faire douter Jésus : « Si tu es Fils de Dieu ». Il est clair que les deux n’ont pas la même idée sur le Fils de Dieu. Mais, malgré toute ces tentatives, Jésus, en aucun moment, entre en discussion avec le « Tentateur » comme l’avait fait la femme. Les trois réponses de Jésus sont toutes tirées du Livre du Deutéronome. Celui-là même qui a été écrit précisément pour que les fils d’Israël n’oublient pas qui est leur Dieu comme le rappelle le « shema Isreal » « Ecoute Israël, le Seigneur est ton Dieu » (Dt. 6, 4).
Nous lisons dans le Ps 50, 5-6. « Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait. »
Oui, frères et sœurs, personne ne succombe à une tentation sans avoir la conscience de son péché sinon alors, ce ne serait plus un péché mais une simple erreur car nous disent les écritures : « le péché ne peut être imputé à personne tant qu’il n’y a pas de loi » (Rm 5, 23).
Alors en ce début de carême, peut-être voudrions-nous demander au Seigneur la grâce de savoir écouter et surtout de mettre notre confiance en Dieu seul.
Désiré Ayina, sj. 26 février 2022
Prière universelle
L’Esprit a poussé Jésus au désert.
Qu’il nous donne maintenant de faire monter vers Dieu notre Père
notre supplication pour tous les hommes.
Pour les chrétiens qui prennent la route de Pâques,
afin qu’ils marchent sur les pas du Christ et se nourrissent de sa Parole,
prions Dieu notre Père.
I 29 – Exauce-nous Dieu notre Père !
Pour les chefs d’état, les responsables économiques et sociaux,
afin qu’ils résistent à la tentation du pouvoir
pour servir la dignité de l’homme et la paix du monde
prions Dieu notre Père
Pour tous ceux et celles qui traversent le désert
de l’épreuve, des guerres, des famines, de la solitude...
afin qu’ils ne désespèrent pas
et soient entourés par des frères et sœurs compatissants.
prions Dieu notre Père
Pour nous tous, pour les catéchumènes qui vivent l’appel décisif ces jours-ci,
afin qu’ensemble nous nous ouvrions à la miséricorde du Seigneur
pour nous préparer à renouveler ou à recevoir la grâce du baptême à la Vigile pascale.
prions Dieu notre Père
Dieu notre Père,
dans ton amour exauce notre prière
et viens au secours de notre faiblesse dans notre marche vers Pâques
Par le Christ, notre Seigneur.
Amen