Homélie
Prière universelle
Homélie du P. Désiré

« Déliez-le, et laissez-le aller. » (Jn 11, 44). Frères et sœurs, c’est avec cet ordre que le Christ, le Fils de Dieu ramène à la vie Lazare, le frère de Marie et de Marthe, les amis chez qui, il avait l’habitude d’aller.

J’ai un ami qui, lorsque nous voyons un film et qu’interviennent des scènes d’amour qui souvent n’ajoutent vraiment rien à l’intrigue du film, s'écrit toujours : « est-ce bien utile à l’intrigue » ? Comme cet ami, devant ce miracle qu’accomplit Jésus, à un moment où, selon les lectures que nous lisons ces jours, les scribes et les pharisiens cherchent à le tuer, devant ce miracle, disais-je, on a envie de lui demander était-ce vraiment utile ? Saint Jean nous dit que « Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui » (Jn 11, 45). Pourtant, aveuglés par la jalousie, à la suite de ce miracle où Jésus s’est trop fait remarquer, les grands prêtres et les pharisiens décidèrent de le faire mourir. C’est donc, ce miracle qui condamne définitivement Jésus à la route de la Pâques éternelle.

En route vers Pâques, nous sommes appelés durant le temps de Carême à revivre avec le Christ l’intimité de Dieu qui ne l’a jamais abandonné. Oui ! Le carême est construit comme un chemin, nous parlons d’ailleurs d’une montée vers Pâques ; sur cette montée, on commence par la petite marche qui est l’entrée en Carême avec la réception des cendres le mercredi du même nom. Ensuite, intervient l’appel décisif des catéchumènes qui est immédiatement suivi par les trois scrutins avant que n’intervienne le dimanche des rameaux qui marque le début de la semaine sainte ; ce dimanche-là, Jésus, le Messie est acclamé par la foule à Jérusalem. Le Jeudi saint, on célèbre la Cène qui constitue le dernier repas de Jésus avec ses disciples et l’instauration de l’Eucharistie. Le vendredi saint, intervient la crucifixion et la mise à mort de Jésus. Alors que le samedi saint, tout semble dépeuplé, voilà que la nuit de samedi à dimanche nous célébrons la résurrection avec le baptême des catéchumènes. C’est dans ce contexte que nous accueillons aujourd’hui le groupe de préparation à la première communion de Mitry-Mory. Nous saluons aussi au passage les Guides-aînées Notre Dame de Paris et celles de St Sulpice qui ont campé dans les environs. Merci de rehausser de votre présence notre petite communauté.

Aujourd’hui, la communauté bénédictine de Jouarre a aussi le plaisir d’accueillir l’Oblation d’Edith ; nous saluons donc la présence de toutes les oblates qui sont venues la soutenir.

Frères et sœurs, pour ceux qui viennent régulièrement à nos eucharisties vous avez sans doute assisté dimanche dernier à la cérémonie des vœux de religion de Sœur Charlotte. Je fais allusion à cette cérémonie pour qu’il n’y ait pas de confusion entre celle-là et celle d’aujourd’hui. Les rites des deux cérémonies ont lieu au cours de l’eucharistie et pour le cas d’espèce présidées par la Mère Abbesse. Des précisions sont donc importantes pour besoin de clarté.

Les vœux de religion, qu’ils soient simples, définitifs ou solennels sont prononcés par une religieuse ou un religieux qui s’engage à vivre sa vie religieuse à l’intérieur d’une congrégation ou d’un ordre religieux suivants leurs règles et leurs constitutions propres. Il s’agit, pour notre monastère, de la Règle de Saint Benoît.

Quant à l’oblature, entendu, ici, bénédictine, bien qu’elle suppose un engagement de l’oblat ou de l’oblate, elle n’est pas un tiers ordre, mais un mouvement évangélique qui s’enracine dans un lien personnel avec un monastère. On parle alors d’une Oblature séculière.

Alors que la religieuse qui a prononcé ses vœux vit dans le monastère sous le cloître, l’oblate, avec son oblation consolide de manière stable ses liens avec le monastère sous la mouvance de la Règle de Saint Benoît. En clair, les oblates vivent chez elles tout en gardant les liens solides avec leur monastère. Si vous voulez, c’est le bras séculier des Sœurs bénédictines. Les portes sont donc ouvertes à toutes les personnes désireuses de vivre de manière particulière la spiritualité bénédictine et surtout plus près des sœurs de notre monastère de Jouarre.

Tout comme la montée vers Pâques est un chemin qui nécessite un certain engagement de tout celui qui veut arriver à la nuit de Pâques avec le sentiment d’une bonne préparation, pour arriver à l’oblation proprement dite comme Edith va la faire aujourd’hui, il y a tout un cheminement. En effet, après le contact avec les sœurs qui aident le ou la candidate à comprendre sa vocation, la candidate fait son « entrée en oblature » dans une cérémonie très souvent privée. S’ensuit alors une préparation à l’oblation proprement dite pendant 2 ans durant lesquels la candidate discerne sa décision tout en étudiant la Règle de Saint Benoît. Quand la décision est mûre, alors la candidate fait son oblation au cours de l’eucharistie et signe une charte d’engagement, écrite de sa main, et reçoit la médaille de Saint Benoît, c’est ce que nous allons voir Edith faire aujourd’hui. De l’oblature à l’oblation, c’est un long chemin d’ascèse comme celui du Carême.

Je viens de dire ascèse ? Ah, justement, dans son message de Pâques de cette année (2023), le Pape François écrit : « L’ascèse de Carême est un effort, toujours animé par la Grâce, pour surmonter nos manques de foi et nos résistances à suivre Jésus sur le chemin de la croix. Pour approfondir notre connaissance du Maître, il faut se laisser conduire par lui à l’écart et en hauteur, en se détachant des médiocrités et des vanités. »

Que Seigneur, Edith, vous accorde cette grâce du détachement pour véritablement suivre le Christ en croix. Et, à nous, qui venons vous accompagner pour la signature de votre engagement comme oblate, que votre témoignage nourrisse notre désir et soif d’espérer le Seigneur de toute nos âmes ; car près du Seigneur est l’amour (Ps 129 (130), 5.7).

25 avril 2023 - Père Désiré Ayina, sj.

Prière universelle 

Les bras ouverts sur la Croix, le Christ rassemble tous les hommes.
A l'approche de la Passion, prions Dieu notre Père.

Quand le combat de la Foi est lourd pour notre Pape François,
les Évêques, les chrétiens et les catéchumènes,
prions notre Père :
qu'il donne sa grâce à toute l’Église pour éclairer les cœurs.

R/ : Dieu d'amour, prends pitié ! (I 13)

Là où règne la violence, la guerre et l'injustice,
prions notre Père :
qu'il accorde lumière et discernement à tous les gouvernants.

Tant de nos frères vivent dans la souffrance, le deuil ou l'exil,
prions notre Père :
que des frères les réconfortent et les relèvent.

Nous connaissons notre faiblesse ;
prions notre Père pour chacun de nous :
que son Esprit nous prépare à vivre avec Jésus son mystère pascal.

Père, comme tu as accueilli la prière de Jésus,
écoute notre prière confiante pour tous tes enfants
par Jésus, le Christ notre Seigneur.
Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre