Homélie du P. Désiré
Dimanche dernier, nous avons lu la parabole du semeur. D’elle nous avons appris que la Bonne Nouvelle ne rencontre pas toujours les oreilles attentives et les cœurs ouverts dans lesquelles produire des fruits en abondance. Ce dimanche, la parabole du semeur pose la problématique de l’identification des causes de nos échecs dans la mission d’évangélisation à savoir : doit-on prendre des mesures tout de suite lors que nous avons identifié les causes de nos échecs ? Pour beaucoup d’entre nous, il paraît évident que si l’on a identifié les causes de ses échecs, il vaudrait immédiatement prendre des mesures qui s’imposent pour éradiquer le mal, n’est-ce pas ?
Eh, bien Jésus lui, répond en racontant à ses disciples trois paraboles sur le Royaume des cieux : celle de l’ivraie ; ensuite celle de la graine de moutarde et enfin celle du levain. A chaque fois, Jésus affirme. « Le Royaume des cieux est comparable à… » Il est comparable toujours à un évènement : de l’ivraie apparu au milieu du blé (Mt 13, 24-26) ; une graine de moutarde qui devient un arbre (Mt 13, 31) ou encore du levain qui lève la pâte (Mt 13, 33). Le surgissement du Royaume comme un évènement sur lequel l’on a aucune emprise, signifie que le Royaume de Dieu n'est pas un lieu, ni une chose, ni une organisation que nous pouvons contrôler. C'est pourquoi il n'est pas circonscrit géographiquement ou institutionnellement ; Dès lors, on ne peut même pas dire avec précision que l'Église est le Royaume de Dieu.
En tant qu’évènement, le Royaume de Dieu est quelque chose qui arrive, mieux, peut se réaliser n'importe où dans ce monde. On n’a pas besoin de visa pour y accéder. Pour y entrer, il n'est pas nécessaire de changer de métier ou de vocation encore moins de quitter le monde. La seule chose qui est nécessaire est notre conversion personnelle ; la seule chose qui est nécessaire est de changer de notre vie, pour une vie nouvelle dont le commencement et la fin se trouve en Dieu.
« Jésus ne leur disait rien sans parabole » (Mt 13, 34).
Des trois paraboles proposée ce dimanche, une seule a retenu particulièrement l’attention des disciples au point qu’arrivés à la maison, ils demandent au Seigneur de leur expliquer clairement celle-ci : « Jésus laissant les foules, vint à la maison. Ses disciples s'approchèrent et lui dirent : « Explique-nous clairement la parabole de l'ivraie dans le champ. » (Mt 13, 36).
De son explication, on apprend que tout comme on rencontre de l’ivraie dans le champ de blé, dans la mission d’évangélisation, il y a des bons et des mauvais. La difficulté réside à savoir démêler le bon du vrai. Cette difficulté suggère qu’il y a un risque pour le disciple et donc le chrétien, à se considérer gardien du Royaume des cieux avec le double pouvoir d’être juge des situations et des comportements des autres et celui de statuer sur qui est bon et qui est mauvais. Jésus termine son explication en appelant l’attention de ses disciples : « Celui qui a des oreilles qu’il entende » (Mt 13, 43); histoire de leur dire que pour éviter le risque de se considérer de droit citoyen du Royaume des cieux, ce que le disciple est invité à faire dans le champ évangélique, c'est simplement d'être une bonne semence.
Quant à la deuxième parabole, portant sur la graine de moutarde, elle rappelle au disciple que la réalité du Royaume de Dieu n'est pas soumise à ses critères et jugements de valeur personnels. Dans le Royaume de Dieu, chacun a sa place, y compris ceux que nous soupçonnons peut-être le moins ou que nous disqualifions. « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu » dit le Christ (Mt 21, 31) aux grands prêtres et aux anciens du peuple.
Dans la troisième parabole, celle du levain, l'invitation à être une bonne semence de la première parabole est complétée par une nouvelle invitation à savoir que le disciple comme le levain, doit être une force qui transforme l'environnement dans lequel il vit. Ceci se fait plus avec les actions que des paroles.
Frères et sœurs, même si nous avons l’impression, avec des nouvelles alarmantes de la presse d’une absence de Dieu et donc du non accomplissement de son Royaume, indubitablement quelque chose se passe. Certes, dans nos lieux de vie, il y a cohabitation du bien et du mal. L’évangile et le péché se mêlent continuellement : injustice, exploitation, envie, etc. sont mêlés à des actes de générosité, d’amour, de justice, etc. Au milieu de cette réalité ambigüe, le Royaume de Dieu est une force expansive, une vie contagieuse que rien ne pourrait arrêter ; il grandit dans le silence comme la graine qui germe dans le silence et devient un arbre ; il grandit dans le silence tout comme le levain dans le silence lève la pâte. C’est aussi dans le silence de la Croix que le Royaume de Dieu est à l’œuvre pour la résurrection du monde à venir.
Prions donc le Seigneur qu’il nous donne la grâce d’être des hommes et des femmes confiants et travaillons pour la croissance de la bonne semence et du levain. Que l’Esprit guide notre prière pour nous faire entrer dans la volonté de Dieu et vouloir ce que Dieu veut : l’accroissance de son Royaume. Amen.
Prière universelle
« L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse,
car nous ne savons pas prier comme il faut. »
Qu’il inspire notre prière pour ce monde où germe la semence du Royaume.
Pour les évêques, les prêtres et tous les responsables de communautés chrétiennes :
que l’Esprit les soutienne dans leur tâche de faire grandir le Royaume
et qu’ils sachent discerner le bon grain de l’ivraie
puisant la force dans la patience de Dieu.
R / I 20 Dieu d’amour, entends notre prière
Pour ceux qui s’égarent sur le chemin de la vie,
les captifs de la haine et de la violence :
que demeure au fond de leur cœur, comme une toute petite graine,
la certitude de la bonté de Dieu qui les appelle et les attend.
Pour les jeunes qui se préparent aux JMJ de Lisbonne :
qu’à travers ce temps fort de communion,
ils deviennent levains de l’amour de Dieu partout où ils vivent
pour un monde meilleur et plus fraternel.
Pour nous tous ici rassemblés au nom du Christ Ressuscité :
que nous devenions chaque jour cette bonne terre
dans laquelle la Parole pourra germer en abondance
et que nos paroles et nos gestes témoignent
de la présence bien-aimante du Père au cœur de nos vies.
Dieu notre Père, accueille notre prière
et donne-nous la grâce de porter du fruit pour que grandisse le Royaume.
Par Jésus le Christ, notre Seigneur.
Amen