Homélie
Prière universelle
Homélie du P. Désiré

Frères et sœurs, aujourd’hui nous célébrons le 4ème mystère du Rosaire : l’Assomption, c’est-à-dire la montée au ciel de Marie. Pour nous chrétien, ce mystère par lequel Marie devient la première personne humaine à entrer directement, sans passer par la mort, dans la gloire de Dieu, est une occasion de joie et surtout d’espérance de pouvoir nous unir, nous aussi, un jour aussi au Christ. En ce jour donc, la liturgie nous donne de méditer sur la qualité de notre propre prière en contemplant celle de Maire : le Magnificat.

Après que Marie eut entendu les paroles de l’ange lui annonçant qu’elle enfantera le Fils du Très Haut, Luc nous dit qu’elle « se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée » (Lc 1, 39) pour rendre visite à sa cousine Élisabeth. Marie, portant en elle mystérieusement la présence de Dieu, entra donc dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Grâce à la foi de Marie qui a su dire « fiat », Élisabeth la reçut avec une bénédiction : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Jn 1, 45). En guise de réponse aux paroles de bénédiction de sa cousine, Marie élève une prière, que nous appelons le Magnificat, pour exprimer son émerveillement devant l’action de Dieu pour elle et pour sa cousine, la dénommée « stérile », et présentement face à elle avec une grossesse fort avancée.

Les mots que Marie prononce pour sa prière, ne sont pas une invention propre à elle ; ces mots expriment des idées portées depuis longtemps par ses ancêtres dans la foi et répercutent leur tradition spirituelle. En reprenant l’héritage spirituel des siens, Marie nous laisse entrevoir une double leçon d’humilité et du sens communautaire.

D’abord la première leçon : l’humilité. Mise devant une situation d’exception, Marie aurait pu se laisser envahir par l’orgueil et se flatter de son statut, et montrer combien elle était supérieure à sa cousine, Élisabeth, ou comment elle avait une place de choix comparativement aux autres femmes de son clan. Mais spontanément, Marie n’hésite pas à mettre sa vie en retrait au profit du projet de Dieu dont elle s’est engagée à servir totalement selon que le confirme sa réponse à l’envoyé de Dieu : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Alors qu’elle-même est au début de sa grossesse, un état qui nécessite une attention particulière, Marie se soucie avant tout d’abord de la situation de sa cousine Elisabeth.

Pour arriver dans la maison de Zacharie, Saint Luc apporte un détail précieux : « Marie se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée » (Lc 1, 39). Si la région est montagneuse, c’est que le voyage sera aussi ardu pour arriver jusqu’au sommet. Marie n’a donc pas compté sur les efforts à fournir pour aller soutenir sa parente qui, dans la vieillesse a conçu (cf. Lc 1, 36). Élisabeth portait, dirions-nous aujourd’hui, une grossesse à risque ; et donc, elle mériterait beaucoup d’attention de la part du corps médical mais aussi beaucoup d’affection de sa famille. Ce qui est encore une manière de dire que la cousine de Marie, à cet instant, était une personne nécessiteuse et Marie, alors qu’elle était enceinte elle aussi, a su s’oublier elle-même pour apporter de l’aide à celle qui en avait plus besoin. N’est-ce pas là « l’option préférentielle pour les pauvres », entendu : ceux qui ont plus besoin de nous. Y a-t-il encore de telles âmes si attentionnées et si généreuses dans nos familles, dans notre société ? Y a-t-il encore ces âmes sensibles aux besoins des autres et disposées à leur accorder de leur temps sans se plaindre et sans arrières pensées et attendre un retour d’ascenseur ?

La deuxième leçon que nous inspire Marie à travers son Magnificat. C’est son sens communautaire. Autant admirons-nous la spontanéité de Marie à reprendre l’expression de la prière de son peuple ; de même, observons-nous que des renvois qu’elle fait dans le Magnificat sur la foi de ses ancêtres n’ont aucun caractère individualiste. Ecoutons encore quelques-uns : « le Seigneur s’est penché sur son humble servante » ; « sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». « Il comble de biens les affamés », « renvoie les riches les mains vides ». « Il relève Israël son serviteur », « il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais ». Toutes ces références, concernent le peuple d'Israël tout entier comme pour rappeler l’importance du sens communautaire.

Par cet élan empreint de spontanéité qui s’appuie sur ses traditions spirituelles et donc sur sa communauté, Marie réveille en nos âmes le sens de l’Église en tant que communauté du peuple de Dieu. En effet, par ce va et vient à la tradition, l’on découvre avec qu’elle que nos chemins dans cette Église peuvent être personnels certes ; mais en présence de Dieu, ils peuvent aussi être porteurs de liens intimes qui permettent d’envisager d’un même regard la réalité mystérieuse de notre appartenance à une Église, corps du Christ (cf. Guardini Romano, le sens de l’Eglise). Marie et Élisabeth malgré leur différence d’âge appartenaient à la même communauté. Celle des hommes et des femmes qui cherchent Dieu. En réponse, Dieu leur a donné la grâce de l’enfantement du rédempteur pour l’une et de son précurseur pour l’autre. Finalement, à travers son sens communautaire, Marie nous enseigne aussi comment doit être la prière du croyant. Dans sa prière, le croyant ne devra jamais oublier qu’il fait partie d’un peuple qui a une histoire, une tradition ; et que toute vocation, parce qu’elle vient de Dieu n’est pas du monde, mais elle se vit dans le monde au service du peuple de Dieu.

Qu’en ce jour où nous célébrons le mystère de l’Assomption, le Seigneur nous donne la grâce de soigner la qualité de nos prières afin qu’elles cessent de mettre en avant notre MOI, ou seulement nos nécessités personnelles. Que le Seigneur nous donne la grâce d’apprendre à orienter nos prières vers le bien de tous et surtout vers celui des plus nécessiteux. Que le Seigneur nous accorde la grâce de comprendre que nous sommes tous les membres d’un seul corps, celui du Christ. Et que Marie, sous son « manteau », sous sa protection, nous mène par le chemin de la foi à la promesse d’une vie éternelle. Amen.

Prière universelle 

En ce jour où nous célébrons l'Assomption de Marie,
dans la confiance,
adressons notre prière à Dieu notre Père.

En apprenant de Marie, Mère de l’Église, à chanter le Magnificat,
prions Dieu notre Père pour tous les chrétiens,
afin que tous grandissent dans l'espérance et l’action de grâce.

R/ : Dieu d'amour, écoute-nous ! (I 12)

En suivant Marie allant vers sa cousine Elisabeth,
prions Dieu notre Père,
pour ceux qui ont de lourdes responsabilités
politiques, sociales ou militaires -
afin qu'ils se mettent en route
pour prendre des décisions de paix et de justice pour tous.

En regardant Marie, patronne de la France,
prions Dieu notre Père pour notre pays
afin qu’il soit une terre d’accueil de l’étranger
et de partage des richesses aux plus démunis.

En nous laissant éclairer par Marie, élevée dans la gloire
prions Dieu notre Père les uns pour les autres
et pour tous ceux qui comptent sur notre prière
afin que nous soyons entraînés dans son sillage de lumière, de paix et de joie.

Dieu notre Père,
par l'intercession de Marie, Notre Dame de l’Assomption,
entends nos prières et exauce-les,
par le Christ, notre Seigneur.
Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre