Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs,
En célébrant la solennité du Christ Roi de l’Univers aujourd’hui, la première lecture nous fait méditer sur le peuple Israël au moment de l’exil à Babylone. Il est gagné par le découragement, c’est alors que survient le prophète Ezéchiel qui prophétise en prononçant ces paroles que nous écoutons à la fin de la lecture : « voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs » (Ez 34, 17). Je vous invite à aller lire la suite de ce chapitre du prophète Ezéchiel au moins jusqu’au verset 22 pour voir en quoi consiste ce jugement et vous verrez aussi qu’il se rapproche de celui de l’évangile.
Ce qui captive notre attention dans cette lecture, c’est le soin affectueux et personnel du Dieu-berger, sur son troupeau égaré, entendu Israël. C’est Lui-même qui va à la recherche de ses brebis, qui les mène au pâturage et se charge de rassembler celles qui « ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées » (Ez 34, 12). Comme quoi, Dieu reste fidèle à son peuple malgré ses infidélités ; il ne l’abandonne jamais. Le psaume est alors la réponse reconnaissante du peuple tout entier qui reconnaît l’amour du berger à son égard, c’est-à-dire Dieu. Aussi peut-il chanter : « Le SEIGNEUR est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles... » (Ps 22/23, 1-2).
Avec l’Évangile, nous nous sentons mal à l’aise du fait de son approche très peu spirituel pour célébrer le Christ Roi. Mais, si nous sommes mal à l’aise c’est parce qu’il parle de choses réelles, même s’il fait allusion au jugement eschatologique. Justement, au cours de ce jugement, le Fils-roi, siégeant en juge, se présente comme celui qui a eu faim et soif, celui qui a été étranger et qui a marché nu, malade et en prison et dont personne n’avait reconnu. Mais, lui il avait bien remarqué les comportements des uns et des autres à son égard. Alors, au moment de la confrontation finale avec les accusés, il se dévoile et les uns les autres sont étonnés, surpris de ce qui est dit des attitudes qu’ils auraient adoptées en pleine possession de leurs moyens, quand ils avaient le pouvoir de décider. Sur la base de l’Amour qu’ils ont manifesté à leur prochain, ceux qui ont bien agi spontanément sont récompensés ; et ceux qui ont été nombrilistes sont envoyés à la géhenne. Alors, on se demande, quel est le rapport entre cet évangile qui fait prévaloir l’amour à l’heure du jugement, et la fête du Christ Roi ?
Pour bien comprendre le message de cet évangile en cette fête du Christ Roi de l’Univers, rappelons-nous d’abord que nous sommes à la fin du Temps Ordinaire qui est comme un pèlerinage liturgique. Au début de chaque année et tout au long de celle-ci, un évangile particulier rythme notre pèlerinage. Et Matthieu, qui nous a accompagné en cette année dite « A » a le souci de montrer quel est le style de vie que doit mener le nouveau peuple du Christ-Jésus.
Dans notre évangile donc d’aujourd’hui, le christ définit à quoi ressemble le Royaume de Dieu et comment on y entre, mieux comment on y devient héritier. En effet, pour entendre le Fils-Juge nous dire « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde » (Mt 25, 34), le face à face décisif ne se déroule pas dans le cadre des gestes héroïques et extraordinaires que nous aurions posés, mais DANS LE QUOTIDIEN DES RENCONTRES HUMAINES. En clair, l’examen auquel nous seront soumis en ce jour du jugement dernier, ne sera pas basé sur le pouvoir que nous aurions eu mais visera l’aide apportée à ceux qui en avaient besoin.
Frères et sœurs en cette fin d’année liturgique, en ce jours où nous célébrons le Christ Roi de l’Univers, réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse. Car, désormais nous avons les critères pour entrer dans le Royaume des Cieux : avoir une attention particulière envers le prochain qui pleure, souffre, a faim, et soif, est en prison, malade ; bref, le nécessiteux. C’est là le seul critère pour tout celui qui veut suivre le Christ.
En ce sens, peut-être, pour nous prendre soin de celui qui a faim signifiera faire attention au gaspillage ou aux dépenses exorbitantes que nous avons programmées cette fin d’année ; peut-être, pour nous, prendre soin de celui qui a soif, ce sera d’apporter la parole de Dieu autour de nous pour étancher la soif de ceux qui sont à la quête du sens de leur vie et qui n’ont jamais rencontré Dieu ou qui s’en sont séparés ; peut-être, accueillir un étranger pour nous, prendra le sens de renouer le contact avec ce membre de famille qui depuis longtemps est sorti de notre cœur ; peut-être habillé un dénudé, pour nous signifiera apprendre à considérer dans sa dignité cette personne proche de nous que nous avons souvent méprisée ; visiter le malade, pour nous consistera, peut-être, à nous guérir nous-mêmes d’abord des maux qui nous éloignent des autres et qui vont que nos rapports avec eux soient toujours tumultueux ; peut-être enfin, voir celui qui est en prison consistera, pour nous, de libérer tous ceux que nous avons enchaînés dans les prisons de nos jalousies, de nos aigreurs, de notre orgueil, de nos haines maladives et dont les pensées nous tourmentent et nous torturent. Comme vous pouvez le voir, de plusieurs manières frères et sœurs, nous pouvons aller à la rencontre de l’humain.
Parce que Jésus s’identifie à chaque homme et chaque femme, soyons donc pour chacun et pour tous, un frère, une sœur, une mère ou un père. Servons le christ en chacun de ses humbles, en chacun de ces visages inconnus qui nous croisent aux détours des rencontres. Ils ne sont pas pour nous l’enfer comme disait Jean Paul Sartre mais le ciel auquel nous aspirons. Amen.
P. Désiré Ayina, sj.
Prière universelle
Unis dans une même prière,
présentons au Christ Roi de l'univers
les besoins et les espoirs de tous les hommes.
Par la Croix le monde a été réconcilié avec Dieu.
Prions pour les pasteurs de l’Église.
Qu'ils apprennent aux croyants à regarder la Croix
et à puiser en elle le pardon,la miséricorde, la réconciliation.
1/46 O Christ ressuscité veille sur ton Église
Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau ?
Prions pour les hommes qui ont reçu mission de conduire leurs pays vers la paix
et qui usent de la violence.
Qu'ils redoutent le Jour du Jugement
et sachent qu'il est temps encore de prendre
des décisions en faveur de la justice.
Venez les bénis de mon Père.
Prions pour les foules innombrables d'hommes et de femmes
qui se mettent au service de leurs frères dans la détresse.
Que la paix remplisse leurs cœurs,
car par eux, silencieusement se construit le Royaume de Dieu.
Nous avons reçu ce matin la Parole et le Pain offerts par notre Roi le Seigneur Jésus.
Que le psaume 22 « Le Seigneur est mon berger »
résonne en nos cœurs toute cette semaine
et nous remplisse de confiance et d'espérance.
O Christ Maître du temps et de l'histoire
daigne exaucer nos prières et donner la paix aux hommes ,
Toi qui règnes aux siècles des siècles.
Amen