Homélie
Prière universelle
 Homélie du P. Paolo

Cette page d’évangile nous interroge sur notre attente de Dieu. En effet, elle se situe dans le contexte eschatologique du chapitre 25 de Matthieu, entre la parabole des dix vierges, qui se termine avec l’invitation à veiller, et la grande scène du jugement finale. Le contexte liturgique aussi, avec saint Paul, nous invite à la vigilance car « le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit ».Donc cette page nous invite à attendre Dieu et à bien nous préparer pour le moment de la rencontre, en mettant à fruit les talents que nous avons reçus.

Mais la parabole nous interroge aussi sur le Dieu que nous attendons.

Personne n’a vu Dieu, donc comment s’imaginer son visage ? Or, dans les paraboles, normalement le maître ou le roi est celui qui représente Dieu. Nous sommes alors d’abord confrontés à l’image du maître que le serviteur s’est fait de son maître/ de Dieu dans sa tête : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain ». C’est l’image d’un maître stricte, difficile à traiter, exigeant. Un maître qu’il faut craindre, et qui ne rentre pas dans nos catégories. En effet, il est difficile de comprendre l’expression « tu moissonnes là où tu n’as pas semé ». Dans le contexte de l’antiquité, on pourrait se demander si ce maître n’est pas un brigand ou chef militaire qui va piller les terres d’autrui. Si telle est la perspective, nous comprenons bien la réaction du serviteur : « J’ai eu peur », et aussi l’action très prudente d’aller cacher l’argent dans la terre.

Jusque-là, les attentes du serviteur. Et maintenant, alors, nos attentes. Parce que sans doute ne sommes-nous pas d’accord avec le serviteur. Dieu n’est pas dur, Dieu n’est pas un patron exigeant ! Nous avons vu sa générosité avec les deux premiers serviteurs, mais nous savons aussi que Dieu est plein de miséricorde même quand les choses se passent mal… il suffit de penser à l’enfant prodigue, qui a tout perdu de son patrimoine. Et on pourrait bien dire que le troisième serviteur a fait mieux que lui – au moins, il n’a rien perdu.

On pourrait alors s’attendre la réponse : « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été prudent pour peu de choses et n’as rien perdu, entre dans la joie de ton seigneur », voire, si l’on songe à la parabole des ouvriers de la dernière heure, « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu n’avais pas les mêmes capacités des autres serviteurs, mais je veux te faire entrer dans ma joie comme les autres ».

Et pourtant, nous attentes sont déçues. Le maître de la parabole en effet semble beaucoup plus proche des attentes du troisième serviteur !

En effet, il reprend même à peu près ses paroles, en disant : « tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu ». Il y a une expression que le maître ne reprend pas, car le serviteur avait dit aussi « Seigneur, je savais que tu es un homme dur ». En fait, on pourrait dire que la réaction du maître est bien dure : « Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents ! ». Le troisième serviteur avait-il donc raison ? Et nos belles attentes du Dieu de miséricorde annoncé par d’autres paraboles comme l’enfant prodigue ou les ouvriers de la dernière heure ?

Cette parabole nous invite alors à réfléchir sur nos attentes et peut-être à garder deux attitudes.

D’abord, il y a le fait que Dieu semble s’adapter, jusqu’à une certaine limite, à nos attentes. Le serviteur s’attendait un maître dur, et il trouve un maître dur : il a eu peur et à la fin il a bien raison d’avoir peur. Mais s’il avait eu un autre regard envers ce maître, s’il n’avait pas eu peur, il aurait pu agir avec plus de confiance, il aurait pu faire comme les autres serviteurs. Et la conclusion de l’histoire aurait été fort différente. En d’autres termes : c’est l’image menaçante du maître que le serviteur avait dans la tête qui a produit le désastre. Dieu réagit conformément à ce que le serviteur prévoyait, et cela à sa ruine ; mais une autre solution aurait été envisageable – il suffit de regarder les autres serviteurs. Avec l’attention de ne pas trop forcer le trait, on pourrait dire : c’est la peur d’un Dieu ennemi, d’un Dieu qui nous menace qui risque d’engendrer, dans nos vies, un Dieu ennemi, un Dieu menaçant. C’est nous qui contribuons à le créer !

La deuxième attitude, plus rapidement, c’est que Dieu va néanmoins au-delà de nos attentes et il ne faut pas le réduire non plus à un Dieu indifférent, pour lequel tout serait égal, qui accepterait tout parce qu’il ne s’intéresse à rien. La parabole nous suggère que cela est faux et que pour Dieu il est très important que nous vivons bien nos vies, que nous développons nos talents : notre joie devient alors sa joie, et finalement cela devient notre participation à la joie éternelle de notre Seigneur.

Prière universelle 

En cette journée du ‘Secours catholique’, dans la confiance,
prions le Seigneur de toute vie,
attentif à toute détresse pour nos frères et sœurs en humanité.

Incendies, inondations, ruines, guerres, violences, assassinats,
ces mots nous les entendons chaque jour :
Supplions Jésus au Cœur transpercé,
de faire aboutir les efforts des responsables politiques qui s’engagent pour la paix.

R/ I 26b : Seigneur, donne-nous ta lumière !

Jeunes sans espoir,
détresses, exclusions, rejets, pour beaucoup la vie n’a pas de sens :
Supplions Jésus Généreux envers tous ceux qui l’invoquent,
de susciter des initiatives qui feront germer la vie et l’espérance.

Solitudes, isolement, errance, perte de repères,
le désert est dans nos villes et nos sociétés :
Supplions Jésus Sauveur et centre de tous les cœurs,
de se révéler présent, bien que silencieux, au plus intime de toute vie.

Chacun de nous a reçu son don particulier, à développer, à mettre en œuvre :
Supplions Jésus Source de vie et de sainteté,
de nous le faire connaître et de le partager pour sa gloire et notre joie.

Jésus, Sagesse éternelle,
Toi qui ne cesses de venir à nous,
Exauce la prière de ton Église,
Toi qui règnes pour les siècles des siècles.
Amen

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre