Homélie
Prière universelle
Enfant prodigue
(Luc 15/1-3 11-32)

Si vous soutenez le fils cadet, tapez 1. Si vous soutenez le fils ainé, tapez 2.
Vous avez 7 minutes pour faire connaitre votre choix.
Vous pouvez envoyer SMS, mail, coup de fil au numéro qui ne s’affiche pas. L’appel est gratuit, pas de surtaxe. Vous pouvez même lever la main, si vous soutenez le fils cadet, ou si vous soutenez le fils ainé.
Après tout pourquoi pas ! Il n’y a pas au moins une soirée par semaine où il nous est proposé de voter pour soutenir tel ou tel candidat chanteur, ou danseur, ou cuisinier. Alors pourquoi pas pour l’un ou pour l’autre fils de la parabole.
Et la victoire revient au … au …
Bien sûr il y a l’avis du public, mais il y a aussi l’avis de ceux qui ont voté par correspondance, et il y a l’avis de ceux qui, depuis des siècles, méditent, contemplent, entrent dans le portrait que Jésus dresse de son Père par cette parabole. Aussi la victoire revient au Père. C’est d’ailleurs le titre donné à notre journée de pèlerinage sur les traces des saints de la Brie : « recevoir et vivre la miséricorde – miséricordieux comme le Père ».

D’accord le fils ainé nous plait bien. C’est un modèle ; et il le dit lui-même : « voici tant d’années que je suis à ton service, sans avoir jamais transgressé aucun de tes ordres ». Que voilà un bon fils, mais, si j’ose, sa vie doit être ennuyeuse, rasante, plate : jamais il ne transgresse ! Comment alors pouvoir expérimenter la miséricorde du Père, de ce Père qui sort à sa rencontre pour l’inviter à entrer dans la joie. Pour ma part, je lui reconnais un droit à cet ainé, celui de se mettre en colère. Vu les circonstances, il y a des raisons pour cela ! Mais plus dommageable, il ne sait pas dire « Père ! » Quant au mot frère, n’en parlons pas. Le voici qui, pour éviter ce mot, passe par une parole qui lui permet de mettre en cause son propre Père : « ton fils que voilà ».

A-t-on le droit d’être plus sensible au fils cadet ? Lui, au moins, il vit. Il vit sa vie, mais il la vit, de manière désordonnée. Mais quelle vie ! Une vie qui lui fait la vivre comme une mort résurrection. Il est fils, il hérite, puis il s’enfonce, il descend au plus bas, aucune relation, plus bas que le niveau des cochons, car il ne mange même pas ce que l’on donne à ces animaux impurs ! Puis c’est l’examen de conscience, la rentrée en lui-même, suivie du lever, d’un retour, pour les retrouvailles de sa dignité de fils. Ses raisons ne sont pas très louables, mais quelle drôle d’idée que de venir vers son Père pour lui dire : « tu n’es plus Père puisque je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ». Un père sans fils, cela n’existe pas ! Mais un Père qui sort pour aller témoigner à son fils de sa miséricorde, cela par contre ça existe. La parabole en est la preuve.
Alors peut être fallait-il voter 3. Voter pour le Père. C’est vrai je ne vous l’avais pas proposé. Mais rien ne vous empêchait de transgresser ! Sinon, comment pouvoir faire l’expérience de la miséricorde !

Que dire du Père ? Un autre l’a dit avant moi, alors autant vous dire ce qu’il a dit lui-même : le Pape François, nous présentant les raisons qui furent les siennes et qu’il nous fait partager en nous annonçant cette année de la miséricorde.
« La miséricorde n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Dieu révèle son amour comme celui d’un père ou d’une mère qui se laisse émouvoir au plus profond d’eux-mêmes pour leur fils. Il est juste de parler d’un amour viscéral. Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon » et un peu plus loin, le Pape François ajoute : « dans les paraboles de la miséricorde, la brebis perdue et retrouvée, la monnaie perdue et retrouvée, le fils perdu et retrouvé, Dieu est présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons là le noyau de l’évangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour et qui console en pardonnant ».
J’aurai peut être dit autrement, mais je n’aurai pas dit mieux, alors autant laisser le Pape François nous le dire ! Alors si vous soutenez le Père, tapez 3. Voyons …

Je vous propose donc de soutenir en votant ou 1 ou 2 ou 3.
Mais peut être attendez-vous que je vous dise qui je soutiens ?

Moi, je soutiens le … 4. C’était pas prévu, d’accord, mais si parfois on ne transgresse pas, quel ennui ! Et puis c’est moi qui fixe les règles !
Je vote 4 car je soutiens … le serviteur, celui que vient voir le fils ainé : « qu’est-ce qu’il se passe ? Quel est donc le motif de ce tintamarre ? » Et alors là, arrive cette parole qui dit toute la réalité : « ton frère est arrivé et ton père a tué le veau gras » Extraordinaire ! C’est le seul qui dise, dans cette histoire, ce qui est vraiment : un Père, un frère. Et ce serviteur me plait bien : en effet je l’ai toujours vu comme le portrait même du Christ, serviteur, venu rétablir les hommes dans la relation qui depuis toujours devrait être : être des frères, et redire la relation qui est depuis toujours entre Dieu avec tous les hommes : des fils et par conséquent, entre eux, des frères. Car serviteur, Jésus est venu pour nous dire le nom de Dieu : « Père ». C’est lui qui envoie son fils dans un lieu lointain, ce fils sorti du monde de Dieu, ce fils venu chez les hommes, qu’ils ont mis plus bas que terre, est venu leur dire la passion du Père : « toi, tu es toujours avec moi », et la joie qui est celle du Père qui accueille ses fils, qui bien que perdus, les voici retrouvés, grâce à son Fils Serviteur.
Ce serviteur, pour moi, remplit sa mission en révélant aux hommes, - et que Dieu est Père, - et que les hommes sont frères. Pour ce serviteur cela ira jusqu’à donner sa vie pour qu’éclate cette Bonne Nouvelle et que tous ainsi entrent dans la joie du Père. C’est pour cela que Jésus Serviteur est mort et que le Père l’a relevé et lui a donné de vivre.
Alors nous voici au terme des 7 minutes de réflexion. Que tapez vous ? 1 – 2 – 3 – 4 ?
Pour moi c’est 4.

C’est pour moi la raison d’être de cette parabole :
être serviteur à la suite du Christ,
être au service des relations entre les hommes :
des frères aimés par un Dieu Père.

P. Henri Imbert
Lundi de Pentecôte 16-5-16

Les photos du pèlerinage

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Abbaye
Notre Dame de
Jouarre