Vivre de Dieu

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Textes à méditer

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Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu.1er livre des Rois, chap. 19

Tendre l’oreille au plus profond de son cœur… jusqu’à y discerner cette musique de fin silence dans laquelle Dieu se révèle.
C’est là aussi que résonne la Parole de Dieu, non pas celle écrite dans nos Bibles, mais « celle écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs. »
Pour conduire sur le chemin de ce silence du cœur, nous vous proposons quelques textes à méditer. Tirés de la Bible, ou d’auteurs de différentes époques, nous espérons qu’ils vous donneront le goût de faire halte « dans le ciel de votre âme » (Élisabeth de la Trinité

Vous qui êtes dans la nef de cette église : ça va ? Vous voyez bien ? Il est vrai que si vous regardez devant vous, vous ne voyez que des nuques et des dos !

Vous toutes, communauté de Jouarre : ça va ? Vous voyez bien ? Il est vrai que si vous regardez devant vous, vous vous voyez, en vis-à-vis, en face à face !

Vous qui êtes dans la nef, voyez-vous bien ? Il est vrai qu’entre vous et l’abside de cette église, rien ne vient arrêter votre regard. Pas de statue de Saint Benoit : lui ce n’est pas d’abord la vue mais la parole : « Ecoute ô mon fils ». Pas de statue de Saint Henri, patron des oblats bénédictins ! Et parité oblige, pas de statue de sainte Scholastique, sœur de Saint Benoit, considérée comme la première moniale bénédictine ; pas de statue de Sainte Colette, réformatrice de l’ordre des Clarisses, après avoir été quelques temps bénédictine. Rien qui n’arrête le regard dans la nef, si ce n’est la statue de celle que nous nommons par son nom de femme – « Marie » - et que nous désignons sous le titre qui lui a été donné, reconnue sous le nom du rôle qui fut le sien « Mère de Dieu ».

Vous toutes, communauté de Jouarre, voyez-vous bien ? Oui, et vous voyez même au-delà de ce qu’il vous est donné à voir, puisqu’entre vous, lorsque vous vous voyez, vous vous donnez le titre de « sœur ». Et ensemble, souvent en conclusion d’un temps de prière, vous vous tournez vers celle qui a su dire « oui » à la parole de l’ange, alors qu’il n’y avait rien à voir. Seulement entendre l’annonce d’un signe, là bas, chez sa cousine Elisabeth, celle qui saura voir en Marie la mère de son Seigneur.

Vous qui êtes dans la nef, voyez vous bien ? Alors voyez-vous les deux chapiteaux qui sont au sommet des piliers de cette église, à l’entrée de l’abside ? Oui, vous les voyez bien ? Voyez-vous alors ce qu’ils nous donnent à voir ? A votre gauche, un pélican. De cet oiseau, il nous est dit que lorsque les petits commencent à grandir, pour réclamer la béquée, ils frappent de leur bec, leurs parents. Et ceux-ci, courroucés, les frappent à leur tour et les tuent. Ils les pleurent trois jours et au troisième jour la mère se frappe le coté et de celui-ci, s’étant couché sur ses petits, le sang se répand sur sa progéniture et ainsi leur redonne vie. A votre droite une grappe de raisin et une gerbe de blé. Ici l’allusion est facile à voir : par le blé, par la vigne, c’est bien le fruit de la terre et du travail des femmes et des hommes qui nous sont donnés à voir.

Vous toutes, sœurs de la communauté de Jouarre, à chacun de vos temps de prière, vous avez sous les yeux, par ces sculptures, à la fois le rappel du don de votre vie à la suite de Celui qui a versé son sang pour tous : votre consécration religieuse, et le rappel que votre prière vous fait offrir au Seigneur le travail de l’humanité sur sa création, dans l’attente de la venue de son Royaume.

Mais placés là où ils sont placés, ces deux chapiteaux nous invitent à voir au-delà de ce qu’ils nous donnent à voir. A l’entrée de l’abside, ils dominent l’autel de cette église, là même où, chaque jour, est rappelé le don par le Père de son Fils, donné pour la vie du monde. Et cela par le pain et le vin, signes par excellence, dans nos cultures, de ce qui nous permet de vivre.

Voici ces deux chapiteaux à voir comme annonce de l’Eucharistie, le pain et le vin nécessaires à la vie, et le pélican, image du Christ qui de son côté ouvert donne sa vie pour notre vie.

Quelle pédagogie que ces deux chapiteaux placés ici pour nous inviter à nous mettre en route et venir les voir comme révélation du sens même de l’eucharistie, célébrée sur cet autel, sous ces deux chapiteaux. Par le fruit de la terre et du travail de l’humanité, Dieu en Jésus Christ se donne pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance.

Aussi, à vous tous, nous pouvons dire, nous pourrions chanter : « peuple de prêtres, peuple de rois, assemblée des saints, peuple de Dieu ».

Heureux sommes-nous, peuple de prêtres appelés à offrir le pain et le vin afin qu’ils deviennent le corps et le sang du Christ.

Heureux sommes-nous, peuple de rois, consacrés au jour de notre baptême et de notre confirmation, devenus ainsi autre Christ, chrétiens, au nom du Christ, le Oint, le Messie, le Consacré.

Heureux sommes-nous, assemblée des saints, plongés au jour de notre baptême dans l’eau, signe de notre mort et remontés à la rencontre de l’Esprit, souffle de vie, Baptisés, c'est-à-dire disciples de Celui dont l’ange révèle le nom à la suite du « oui » de Marie : « Celui qui va naitre sera saint ».

Heureux sommes-nous, peuple de Dieu, qui au terme de sa traversée en ce monde, paraitra devant Celui que, grâce à son Fils donné et ressuscité, nous appelons déjà « notre Père ».

Heureux sommes-nous d’être les invités au repas des noces de l’Agneau.

Heureux sommes-nous de voir, à chacune de nos eucharisties, que ce pain, c’est le Corps du Christ. – « Amen ».

Heureux sommes-nous, alors que retournant à notre place, nous ne voyons plus des nuques et des dos, mais des visages, dont de chacun, je peux dire à ce moment : « celle-ci c’est ma sœur, celui-ci c’est mon frère » parce qu’avec elle, avec lui, j’ai nommé Dieu pour « notre Père » et ai partagé le même pain.

Heureux sommes-alors de donner ainsi une conclusion à la parabole du père et des deux fils dont l’un est prodigue: le Père est père pour l’un et l’autre, il a deux fils ; le fils cadet, prodigue, retrouve à la table du Père sa place de fils, et voici que l’ainé ne dit plus « ton fils que voilà » mais « mon frère », alors qu’il a accepté d’entrer afin d’être assis, lui aussi, à la table paternelle.

Mais peut être avez-vous remarqué qu’il nous manque un neuvième « heureux », afin qu’il y ait autant de « heureux » dans cette méditation sur notre sainteté que dans ce texte des béatitudes ? Quelle parole entendre, qui serait là pour que nous soyons comblés de joie en ce temps, et dans l’attente de voir Celui dont nous sommes les fils, et par son Fils, nous voir comme des frères et sœurs (parité oblige) ?

Merci à Saint Thomas, lui qui a voulu voir, mais grâce à qui le Seigneur a pu nous dire :

« Heureux ceux qui croient, sans avoir vu » !

« Peuple de prêtres, peuple de rois, assemblée des saints, peuple de Dieu, chante ton Seigneur ».

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre