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Textes à méditer

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Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu; le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu.1er livre des Rois, chap. 19

Tendre l’oreille au plus profond de son cœur… jusqu’à y discerner cette musique de fin silence dans laquelle Dieu se révèle.
C’est là aussi que résonne la Parole de Dieu, non pas celle écrite dans nos Bibles, mais « celle écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs. »
Pour conduire sur le chemin de ce silence du cœur, nous vous proposons quelques textes à méditer. Tirés de la Bible, ou d’auteurs de différentes époques, nous espérons qu’ils vous donneront le goût de faire halte « dans le ciel de votre âme » (Élisabeth de la Trinité

« Je vous donne un commandement nouveau : « aimez vous les uns les autres, comme je vous ai aimé ». Frères et sœurs, chères sœurs, Jésus nous présente cet appel comme un commandement nouveau mais, en soi, est-ce bien vraiment nouveau ?

Nous trouvons dans en effet dans un livre bien ancien de la Bible, le livre du Lévitique (19, 18) :« Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. » En quoi est ce nouveau dans la bouche de Jésus ?

Je crois qu'il faut revenir à l'état d'esprit des apôtres et des disciples. Ils attendaient la révélation du messie et, dans leurs représentations, un messie qui restaurerait l'indépendance d’Israël face aux romains. Ils viennent d'arriver à Jérusalem avec Jésus au moment où celui-ci est censé, à leurs yeux, révéler sa gloire et sa puissance… Et voilà que Jésus leur lance un appel tout autre : « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé ».  Ce n’est pas la violence ou la puissance guerrière qui les sauvera, et qui transformera le monde, mais la puissance de l’amour. Un règne d’amour. Une logique qui n’est pas celle de ce monde.

Ce commandement ancien, qui déjà sortait de la bouche de Dieu, prend désormais, dans la bouche de Jésus, une dimension nouvelle : « comme je vous ai aimé ». Dieu ne s’est pas contenté de nous adresser cet appel depuis les cieux : Il est venu Lui-même l’incarner. En Jésus, Il a pris Lui-même le chemin. Il est venu se frotter à nos dures réalités, il a enduré la contradiction, la violence des hommes, nos imperfections et il nous a aimé « avec tendresse et pitié », lui qui est « lent à la colère et plein d’amour ».  Pour aimer à la manière de Jésus, nous sommes invités à le connaitre et à l’imiter, et à lui demander sa grâce.

Peut être les apôtres ont-ils traversé une désillusion. Jésus leur laisse un appel exigeant : aimez Dieu, pourquoi pas, c’est déjà exigeant ! S’aimez soi-même, on y arrive globalement. Aimez son prochain à la manière de Jésus, c’est compliqué !

Vous connaissez Thérèse de Lisieux ? nous avons célébré le centenaire de sa canonisation vendredi 16 mai.  Voici l’épisode qu’elle raconte dans Histoire d’une âme, à propos d’une sœur qui mettait à l’épreuve sa charité :

« Aussitôt que cette sœur était arrivée, elle se mettait à faire un étrange bruit qui ressemblait à celui que l’on ferait en frottant deux coquillages l’un contre l’autre. Il n'y avait que moi qui m'en apercevais, car j’ai l’oreille extrêmement fine (un peu trop parfois). Vous dire, ma Mère, combien ce petit bruit me fatiguait, c’est chose impossible : j’avais grande envie de tourner la tête et de regarder la coupable qui, bien sûr, ne s’apercevait pas de son tic, c’était l’unique moyen de l’éclairer ; mais au fond du cœur je sentais qu’il valait mieux souffrir cela pour l’amour du bon Dieu et pour ne pas faire de peine à la sœur. »

Pour Thérèse comme pour nous, ce n’est pas toujours facile !

Pour autant, les enjeux sont grands.

D’abord, Jésus vient nous révéler notre vocation fondamentale. Un appel qui attend une réponse de notre part, et un envoi : aimez, à la manière dont Il nous aime. Un chemin exigeant, mais qui conduit à la joie, et qui est synonyme de sainteté, donc qui conduit à la joie, à la joie de la sainteté.

Cette vocation à l’amour s’incarne dans des vocations particulières (mariage, vie religieuse , sacerdoce ou d’autres formes de célibat) mais, quelque soit le chemin, notre réponse doit toujours être un engagement à aimer :

Dans le mariage, c'est l'appel à aimer son époux ou son épouse, les enfants et, en aimant, à devenir reflet de l'amour qui unit le Père au Fils dans l'Esprit Saint.

Dans la vocation à la vie consacrée ou religieuse, comme le dit Lumen Gentium : « en ayant une liberté plus grande à l’égard des biens terrestres – par la profession des Conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d’obéissance » - il s’agit de rendre davantage présent  aux yeux de tous les croyants les biens célestes déjà présents en ce temps ». Parmi ces biens célestes déjà présents, il y a, de manière éminente et première, l’amour !

Cette charité se traduit par la règle de l’hospitalité, de l’accueil, par la sensibilité aux détresses et défis de notre temps, la fondation d’école, d’hôpitaux ; c’est l’amour qui est au fondement de telles œuvres.

Dans le sacerdoce, c'est l'appel à aimer un peuple et à le servir, à le sanctifier et à le conduire à la manière du Christ bon Pasteur vers les rivages célestes.  

Quelque soit le chemin pris, le défi a aussi une dimension missionnaire : «  à ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » En voyant combien les disciples de Jésus cherchent à imprégner d’amour les relations qui les unissent, d’autres sont appelés à Le rencontrer.

Quand Jésus parle à ses apôtres, il leur annonce sa mort imminente. Il annonce aussi son ascension vers le ciel. Mais il leur annonce aussi qu’il reste avec eux ; « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». Lorsque les relations qui nous unissent les uns aux autres-  dans nos communautés, paroisses, monastères, familles -  sont habitées par Son amour,  alors le Christ est avec nous et, déjà, nous goûtons à la joie du Royaume à venir.

Comme le disait notre pape Léon XIV lors de son apparition au balcon de la basilique Saint Pierre, « nous pouvons marcher ensemble vers la patrie céleste, le Ciel ». Déjà, nous pouvons goûter à la joie de la « terre nouvelle et des cieux nouveaux » lorsque nous nous laissons gagner par l’amour ici-bas. Déjà, nous sommes renforcés à chercher le Ciel.

Puissions nous demander aujourd’hui au Seigneur de répondre avec confiance à son appel à aimer, chemin qui conduit à la joie de la sainteté. Amen.   

Abbaye
Notre Dame de
Jouarre