Il y a des moments où, comme Marthe, nous sommes débordés par le travail, les occupations,... Nous avons alors du mal à comprendre que les autres ne viennent pas nous aider. On peut râler intérieurement, mais ça peut aussi éclater.
Thérèse d’Avila, qui avait une bonne expérience de ce genre de problèmes dans les communautés, remarque que Marthe aurait pu discrètement confier à sa sœur son embarras, mais c’est à Jésus qu’elle s’adresse : « cela ne te fait rien de ne pas faire attention à ce que je fais, et de donner toute la place à Marie ? »
Il y a des inégalités dans le travail, des travaux matériels sous estimés, de la pénibilité, des travaux dangereux, cela nous le savons bien. Toute l’agitation autour de la loi sur le travail nous en a rappelé récemment l’importance. Mais il s’agit ici de bien autre chose, de la relation à celui qui nous parle, de la réalité d’une rencontre.
Jésus s’est invité chez les deux sœurs, Luc nous présente Marie attentive à sa Parole. Nous ne savons pas ce qu’il dit, mais seulement que Marie est captivée par cette parole. Il en va ainsi de beaucoup d’enseignements de Jésus dont nous ignorons le contenu, alors que le récit nous rapporte l’enthousiasme de ses auditeurs. Dans cette écoute Marie a pris toute la place, alors que Marthe n’en était pas écartée. Impossible, dirons-nous de faire deux choses à la fois. Pas si sûr quand il s’agit d’écouter Dieu. Combien savent l’écouter en faisant des choses toutes simples, en soignant des malades, en faisant la cuisine, etc…
Et justement Marthe a bien agi en faisant ce qu’elle fait. Jésus ne le lui reproche pas, mais de s’inquiéter et d’avoir oublié ce qui était nécessaire. Le nécessaire, c’était le premier article de la Loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même ». Elle aurait dû agir dans l’esprit de Marie. Elle aurait pu aussi prendre la place avec Marie, laisser un peu attendre la préparation du repas. La place de Marie ne lui sera pas enlevée. Donner du temps à Dieu suppose bien des choix, y compris celui d’une forme de vie. Ce serait dommage d’en rester à l’extérieur de cet évangile en déclarant que Jésus parle comme un homme qui n’avait jamais fait la cuisine.
Jésus lui savait ce que voulait dire écouter la voix du Père au milieu même de son travail à Nazareth, ou dans la foule de Capharnaum. Cette relation au Père était au cœur de son identité de Fils. Et surtout il avait le modèle de Marie sa mère. Pour elle aussi la Parole est au cœur de ce qu’elle est.
Apprends-nous Seigneur
à nous asseoir, à écouter vraiment, écouter, comprendre ta Parole.
La cuisine n'en sera que meilleure.
Parle Seigneur, ton serviteur écoute.
17.7.16