Dans l’Écriture toutes nos maladies ou infirmités ont un sens spirituel. La cécité est un aveuglement devant la vérité. La surdité est inaptitude à entendre la Parole, etc… La lèpre occupe une place à part, car elle est contagieuse et elle exige l’isolement. Elle provoque des plaies et elle est vue comme impureté et prend alors une signification religieuse. Elle concerne le prêtre. Celui qui est guéri est dit « purifié ». Elle est symbole de déchéance humaine, de l’homme jeté dehors, nuisible. La première lecture résume tout cela.
Nous en retrouvons bien des éléments dans la pandémie actuelle, à l’exception de sa signification religieuse, bien rarement entrevue. En d’autres temps n’aurions-nous pas organisé des processions et des neuvaines plutôt que des confinements ou des vaccinations ?
Le lépreux représente bien le mal qui affecte l’homme. Comme Adam il doit faire une longue marche pour retrouver la terre qui lui avait été donnée. Déchéance et rédemption, nous y sommes tous soumis. Ce qui concerne l’humanité entière nous concerne, chacun de nous.
Inutile de croire que nous n’avons pas besoin d’être pardonnés, recréés, réintégrés.
Le Christ vient nous libérer de tout ce qui nous détruit et nous exclut.
A nous de le désirer et de l’accueillir.
Voici le lépreux aux genoux de Jésus, un premier manquement à la Loi qui lui interdit de s’approcher des gens en bonne santé. Deuxième manquement : Jésus touche le lépreux. Le voici devenu impur. La « pitié » de Dieu le conduit à venir épouser notre condition, devenir lui-même contagieux. Le texte précise qu’il doit se tenir « loin des lieux habités ». Il sera crucifié hors de la ville « retranché hors de la terre des vivants ». Paul insistera sur cet abaissement du Christ et parlera d’anéantissement. (Ph 2/7)
Nous avons-nous-mêmes à vivre ce double mouvement de déchéance et de rédemption, afin de porter, avec Jésus notre part du péché du monde. Comment ? Par exemple en ne jugeant personne, non pas en passant à côté en fermant les yeux, mais en acceptant que celui dont le comportement me choque tant soit « comme cela ». Et même en allant plus loin, en l’aimant tel qu’il est, en l’accueillant en moi pour me rendre solidaire de son mal. Difficile après la communion des saints d’admettre celle des malsains, quels qu’ils soient, terroristes ou voisins de palier.
Le Christ a-t-il exclu quelqu’un de son amour ?
14.2.21