Homélie du P. Jacques Ngimbous, sj.
Il est évident pour nous aujourd’hui que Marie est la Mère de Dieu. Il nous paraît normal et naturel de vénérer la Vierge Marie en sa qualité de mère du Verbe incarné. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Il a fallu au moins trois siècles à l’Église, à ses théologiens les plus réputés et à ses doctes les plus érudits pour le reconnaître et l’intégrer au nombre des articles de la foi. Plus de trois cents ans de luttes violentes, de querelles inutiles, de divisions et de haine gratuite pour parvenir à une conclusion qui relevait pourtant de la plus simple des logiques : si Jésus est Dieu et que Marie est la mère de Jésus, donc Marie est la mère de Dieu. – Cela nous apprend qu’il faut du temps pour faire la lumière sur certaines choses et pour rétablir la vérité. Le mensonge, la manipulation et la violence ne peuvent pas sempiternellement faire de l’ombre à la vérité. La vérité est comme le soleil. Quelles que soient longueur de la nuit et l’épaisseur de ses ténèbres, le soleil finit toujours par se lever. Il est impossible d’empêcher le soleil de briller.
Peut-être qu’en ce moment, il y en a parmi nous qui sont victimes du mensonge des autres et de leurs calomnies. Peut-être que certains parmi nous vivent le martyre au quotidien du fait que la vérité ne soit pas encore totalement faite sur des événements douloureux qu’ils ont vécus par le passé ou sur des pans entiers de l’histoire de leur famille. Certains ont probablement une vie brisée par de fausses accusations. A ceux-là, à celles-là, Marie demande de prendre patience. Marie leur promet que la vérité et la justice auront le dernier mot. Car « aucun mensonge ne peut survivre éternellement ».
Cela Marie l’a compris très tôt. Pour cette raison, tous les événements liés à la conception et à la naissance de son Fils, elle « les retenait » et les « méditait dans son cœur ». C’est cela la force de la Vierge Marie : le silence, la retenue et la prière.
En même temps que les bergers venaient adorer l’Enfant, que les mages lui faisaient des présents, une rumeur folle circulait déjà au sujet de Marie. Les évangiles ne nous le rapportent pas, mais nous savons à travers la littérature extrabiblique que beaucoup ne croyaient pas que Marie avait effectivement conçu de l’Esprit Saint. D’après eux, Marie avait tout simplement trompé Joseph. D’ailleurs, Joseph fuit en Égypte avec sa petite famille parce que le contexte de la naissance de Jésus était devenu invivable pour le jeune couple. Mais face à ses accusateurs et devant ceux qui venaient vénérer l’Enfant-Dieu, Marie fut silencieuse, se retint et demeura en prière : le silence, la retenue et la prière.
Nous savons combien ces trois vertus, ou ces trois dispositions intérieures, sont importantes pour l’équilibre et stabilité d’un couple ou d’une famille. Dans un couple, une famille, où on ne prie plus, où personne ne fait l’effort de se retenir, où les bruits de la vie détruisent l’intériorité, la paix et la confiance mutuelle ne sont pas possibles. Le couple ou la famille deviennent un champ de bataille. – Le silence et la retenue permettent de bien écouter l’autre, d’être sûr qu’on comprend ses arguments, ses motivations et le sens de ses actions. – Le silence et la retenue sont les conditions du présupposé favorable envers l’autre. C’est-à-dire qu’on n’accuse pas sans avoir pris le temps de comprendre, qu’on ne le blâme pas sans s’être donné le temps d’écouter. – Quant à elle, la prière est le lieu du discernement en présence de Dieu. Sans elle, aucune décision totalement sage ne peut être prise.
Le silence, la retenue et la prière ne sont pas des dispositions intérieures qui concernent uniquement les familles et les couples. Nous autres religieux et religieuses, nous savons qu’une communauté ne peut être harmonieuse et féconde, si ces dispositions de l’esprit ne sont cultivées. Autrement, on ne voit plus le bien que font les autres, mais uniquement leurs défauts et leurs faiblesses. De ce fait, la communauté peut aussi devenir un champ de bataille, un lieu miné et fragilisé par la concurrence et des oppositions stériles.
En ce début d’année, demandons à la Vierge Marie de nous obtenir de son Fils
la grâce d’aimer le silence et de ne pas manquer de retenue
quelles que soient les circonstances et les événements.
Surtout, d’avoir du goût pour la prière
et de travailler au développement de notre familiarité avec Dieu.
+ Amen.
Prière universelle
En ce premier jour de l’année,
par l’intercession de la Vierge Marie,
confions au Seigneur la destinée des hommes
et prions-le pour notre monde.
Le Verbe prend visage d’homme :
pour le Pape François ,
pour tout le peuple de Dieu
en marche vers la pleine communion des chrétiens,
avec Marie Mère de l’Église,
prions le Seigneur.
I 58/ Que naisse dans le monde ta douceur et ta paix.
A la crèche, les pauvres sont venus :
pour les responsables politiques
qui tiennent en mains la destinée du monde,
pour tous ceux qui travaillent à l’avènement de la justice sociale,
avec Marie reine de la paix,
prions le Seigneur.
La naissance du Christ est joie pour l’univers :
pour les peuples en guerre,
ceux qui sont inquiets pour la nouvelle année qui commence,
ceux qui sont traumatisés par un pouvoir autoritaire,
pour les malades, les migrants,
avec Marie Mère de toute consolation,
prions le Seigneur.
Jésus est né par amour pour nous:
pour notre assemblée,
pour tous ceux à qui nous offrons des vœux,
avec Marie, Mère de tout commencement,
prions le Seigneur.
Seigneur, écoute notre prière
pleine de confiance et d’espérance que nous t’adressons,
Toi qui nous conduis au chemin de la paix pour les siècles des siècles.
Amen.