Aucun d’eux n’y avait pensé. Ou alors ils se sont dit : c’est à un autre de le faire. C’est bon pour les esclaves.
Voici que Jésus le fait. St Jean décrit la scène avec une grande solennité, quasi liturgique, à l’étonnement des disciples.
Pourquoi Jésus agit-il ainsi ?
Pour leur donner une leçon, leur inculquer l’esprit de service ?
La réponse semble aller de soi, puisque lui-même déclare : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez faire de même car je vous ai donné l’exemple »
Mais cette interprétation est trop moralisante et pédagogique. Jésus n’est pas venu pour cela. Assez de sages l’ont fait, dans l’histoire même du peuple.
Suivre Jésus ne veut pas dire l’imiter dans des actes extérieurs,
mais vivre en lui et par lui, se laisser guider par son esprit.
La liturgie des jours saints nous donne le temps de vivre pas à pas les derniers moments du chemin terrestre de Jésus.
Ce temps particulier permet de vivre plus intensément, plus profondément le compagnonnage avec Jésus,
qui ultimement et chaque jour donne sens à nos vies.
Aujourd’hui, six jours avant la Pâque, nous avons entendu l’annonce de la mort de Jésus. On ne peut ignorer, car elle est comme ce parfum qui se répand dans la pièce (Jn 12, 3), et nous avons également entendu le projet crapuleux de supprimer Lazare. Davantage, à partir de jeudi saint, nous vivrons plus longuement la liturgie, non par goût du théâtre mais pour se laisser imprégner par la grâce que le Seigneur veut nous donner.
Dans ces jours saints, la grâce se déploie, et nous permet de découvrir plus personnellement Jésus, la vérité de nos vies.
Nous avons vécu un certain nombre de Carême et de temps pascal, mais nous arrivons aussi, au seuil de cette semaine sainte, avec une attitude intérieure ou des demandes particulières.
Cette semaine n’est pas celle de l’année dernière ou d’il y a dix ans, c’est celle de cette année.
C’est là que le Seigneur veut nous rejoindre.
Laissons-le agir en le suivant dans sa Passion et acceptons la place qu’il nous donne.
Tout a commencé par un malentendu lors de cette entrée à Jérusalem ; C’est un drôle de roi qui est entré, sur une ânesse, une monture peu glorieuse, même quand il faut accomplir l’Écriture, une monture qui ne lui appartient même pas, avec comme escorte une foule de Galiléens, ces gens mal vus de ceux de Jérusalem. Rien de bien triomphal, tout aussi déconcertant que la crèche de Bethléem.
Mais pour les apôtres c’est enfin l’accomplissement de ce qu’ils espéraient. Jésus prend possession de la ville royale, la cité de David, la ville sainte où il doit inaugurer le Règne de Dieu.
Mais on est en pleine méprise. Il en va souvent de même avec les foules qui poussent en avant un homme fort, un leader politique : combien d’exemples dans l’histoire à la naissance des dictatures ! Les faibles ont plus que d’autres besoin d’un pouvoir fort.
Ici la foule va devoir mettre sa foi en un Christ crucifié.
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