Jésus ne nous enseigne pas à partir d’idées générales, abstraites, mais à partir de ce qui se voit, de ce qui fait notre vie quotidienne. Aussi la Bible est-elle pleine d’images. Dimanche dernier c’étaient celles du berger et de son troupeau, de la porte, aujourd’hui c’est celle de la vigne.
Pour Jésus il s’agit toujours de nous donner accès à une autre réalité, invisible. Une autre réalité, non pas une simple représentation, une construction idéale, fruit de notre esprit.
La vraie vigne ne nous est accessible que par la foi. Nous en avons sous les yeux une ébauche imparfaite, mais cependant révélatrice. Ainsi Dieu avant de se faire connaître par le Christ qui est l’image du Dieu invisible, le fait par des images, prises dans la création qui, comme le dit saint Paul , « nous manifeste les attributs du Dieu invisible » Rom 1/20 Elle est une sorte de livre qui nous parle de Dieu.
Lorsque nous abordons l’Ecriture, nous pouvons toujours nous poser deux questions : « Que me dit-elle de Dieu ? Que me dit-elle de l’homme ? » Ainsi la vigne que nous connaissons nous dit déjà quelque chose du lien qui existe entre Dieu et nous. Deux mots reviennent sans cesse dans ce que nous venons d’entendre : vous et moi :
Plusieurs images nous viennent celle du berger, mais aussi celle de la porte étroite de Mt 7, celle qui conduit à la vie, passage obligé par les portes de la mort. En bon berger, Jésus a franchi ces portes de l’enclos qui nous retenait pour partager notre vie, nos servitudes, nos joies et nos peines. Puis il est sorti le premier pour nous conduire vers les verts pâturages de la liberté.
Il n’y a pas d’autre porte que celle de Pâques,
de la mort et de la résurrection du Christ.
Ceux qui veulent faire le mur ne sont que des voleurs qui cherchent à prendre notre vie en nous enrôlant vers d’autres enclos.
Une fois sortis, nous sommes invités à ne pas oublier l’enclos et à y revenir, non par peur, mais pour nous y comporter à la façon de Jésus, en travaillant à la libération de nos frères. La libération des captifs nous y pensons souvent à propos des otages, mais il faut aussi y travailler autour de nous en commençant par nous-mêmes.
Je suis la porte des brebis
Jésus se présente comme le berger, mais il se dit aussi la porte, c’est à dire que c’est par lui que nous passons à la vie. L’image corrige celle du berger que le troupeau n’a qu’à suivre, il nous donne la force de passer par des étapes difficiles, d’un monde à l’autre, il va jusqu’à donner sa vie pour nous. Donner sa vie, c’est à dire qu’il nous fait vivre, penser, aimer, vouloir. Nos actions sont bien les nôtres, mais aussi les siennes, puisque comme dit St Pierre, nous devenons participants de la nature divine.
Ils l’ont vu sur la route d’Emmaüs, marché avec lui, partagé le pain, leurs cœurs sont encore tout brûlants de cette rencontre, et ils ont obéi quand il leur a dit : « Allez trouver mes frères… ». Les frères écoutent, mais ils ont du mal à croire, à comprendre, tout comme nous peut-être.
Et voici que Jésus est là, au milieu d’eux avec ses mots à lui, qui disent la proximité, mais auxquels il ajoute la distance. Il doit partir pour rejoindre le Père. Jésus va disparaître à leurs yeux pour leur préparer une place « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous » (Jn 14/20)
Il y a à la fois distance et intériorité réciproques.
Dieu est là, il fait en nous sa demeure, mais nous avons à ratifier sa présence par un accord, un mouvement, par l’engagement de notre liberté. Cet accord dépend de notre foi, d’une relation consciente et vivante avec Dieu.