Il semble qu’il n’y ait pas ici matière à discussion, contrairement à une manifestation pour laquelle il y a les chiffres du Ministère de l’Intérieur et les chiffres des organisateurs : on compte et on recompte et les écarts peuvent aller de 1 à 4.
Ici, on est tranquillement assis sur la plage, après avoir remonté le filet : 153 gros poissons, pas un de moins, pas un de plus. Pêche si extraordinaire que l’on a dû prendre le temps de compter et de recompter : un tel nombre ne s’invente pas : certitude de l’événement, précision du chroniqueur, attestation d’un témoin de la scène ? C’est la pêche de l’année : 153 gros poissons.
153, c’est le nombre d’espèces de poissons connues à l’époque de la rédaction de ce récit, c’est comme si l’on disait qu’un poisson de chaque espèce était présent dans le filet. Rappelez-vous le récit du déluge dans lequel il nous est dit qu’un couple de chaque espèce était dans l’arche. 153 gros poissons et le filet ne se déchire pas !
153, c’est aussi la somme des chiffres et nombre de 1 à 17 : 1 + 2 + 3 … +15 + 16 + 17 = 153.
10 comme les dix doigts de nos mains, comme les dix commandements, comme les dix paroles de Dieu qui, lors de la création, dit et cela se fait. 7 c’est le chiffre de la perfection, comme les 7 dons du Saint Esprit et les 7 sacrements, car 7 c’est la somme de 4 : le chiffre de la terre : les 4 points cardinaux, les 4 éléments, et 3 : le chiffre du ciel, comme les 3 personnes de la Trinité. Serait-ce une manière de nous dire que l’activité de l’homme, la pêche, intéresse aussi bien la terre que le ciel. Peut être une manière de nous dire en quoi consiste être pécheurs d’hommes !, et cela concerne l’universel : toutes les espèces de poissons ; et cela concerne toute l’activité de l’homme en vue de l’union parfaite du ciel et de la terre réunis. Le but de l’activité de l’homme c’est de rassembler, et il n’y a rien à craindre puisque le filet ne rompt pas.
— 23 mars 2025 — Homélie du frère Gilles-Hervé Masson o.p. (13:08)
Ex 3, 1-8a.10.13-15 / Ps 102 (103) / 1 Co 10, 1-6.10-12 / La samaritaine — Jean 4, 5-42
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Chers frères et sœurs, chers amis, ce 23 mars 2025, nous atteignons déjà le troisième dimanche de notre Temps de carême, de notre périple vers Jérusalem. Et j’espère que vous serez heureux de me suivre et de me rejoindre dans cette méditation sur la rencontre entre Jésus et la Samaritaine. C’est un évangile particulièrement utilisé lorsque les catéchumènes se préparent au saint baptême dans leur communauté et il se trouve que, cette année, encore nous aurons la joie de baptiser trois jeunes gens et une jeune fille lors de la Vigile pascale. Et donc il m’a semblé que nous pouvions, ensemble, nous arrêter et vivre, une fois encore, la rencontre entre Jésus et la Samaritaine.
Cet entretien avec la Samaritaine, est la première des étapes que vont vivre les catéchumènes, étapes décisives appelées « scrutins » après l’appel décisif. Au tout début du carême ils se sont mis en route, ils ont reçu le Credo, ils ont reçu le Notre Père, et à présent ils vont vivre les scrutins. C'est-à-dire qu’ils vont se laisser regarder par la communauté qui les accueille, ils vont surtout se laisser regarder par le Seigneur, ils vont se laisser envisager par lui, lui « qui ne regarde pas à l’apparence mais au coeur » comme le dit l’Écriture lors de l’élection de David.
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Il y a, parait-il, une chance sur 19 millions d’être l’heureux gagnant du Loto. Il y aurait plus de probabilité d’être frappé par une météorite que d’être l’heureux gagnant de ce jeu de hasard !
Entre le « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » de Joachin du Bellay et le « heureux » de Fernand Raynaud, heureux parce que cantonnier vicinal, loin des soucis de ses cousins qui paient des impôts, de celui qui est directeur d’entreprise, ou de celui qui est député, y a-t-il place pour que nous puissions nous dire que, ou si, nous sommes heureux ? Oui, prendre le temps de nous dire, à partir de ce texte d’évangile selon Saint Luc, et c’est important de préciser que c’est de Luc et non de Matthieu, ce qui nous fait heureux. Heureux ? Oui, je vous le souhaite ? Heureux ? Oui, je l’espère pour vous. Heureux ? Cela semble transparaitre sur nombre de visages d’entre vous.
Heureux ? Pourquoi pas, mais avec ce que Jésus ajoute à ce qui peut contribuer à être heureux, cela devient plus relatif : heureux d’être pauvre ; heureux d’avoir faim ; heureux de pleurer ; heureux malgré le mépris dont je peux être l’objet !
Ces quelques mots, je les ai préparés non pas grâce à celle qui fut très présente au début de la semaine passée : l’intelligence artificielle, mais avec l’évangile de Luc lui-même. Il m’a été demandé d’intervenir, durant le carême à venir, pour présenter un vitrail de la Cathédrale de Bourges illustrant la parabole de Lazare et du riche : elle est uniquement dans l’évangile de Luc. Et là je dois dire que je suis pleinement heureux : il est vrai que j’apprécie particulièrement les vitraux historiés du XIIIème siècle, et de plus cette parabole m’aide à donner sens à ces béatitudes qui pour moi restent toujours un texte difficile à présenter.
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